SIGNAC COLLECTIONNEUR

Article publié dans la Lettre n°538 du 5 janvier 2022



 
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SIGNAC COLLECTIONNEUR. Depuis une quinzaine d’années le collectionnisme suscite un regain d’intérêt et nous voyons fleurir de nombreuses expositions sur ce thème. Pour inaugurer son nouvel espace d’expositions temporaires, le musée d’Orsay nous présente 141 pièces de sa collection, soit un petit tiers des plus de 450 que Signac avait acquises au fil du temps, tant par achats que par échanges avec ses confrères amis.
La première partie est une introduction à cette exposition. On y voit sept tableaux de Paul Signac (1863-1935), chef de file du mouvement « néo-impressionniste » après la mort prématurée de Georges Seurat (1859-1891). Autodidacte, c’est après avoir vu une exposition de Claude Monet en 1880 qu’il décide de devenir peintre. Une toile de 1883, Route de Gennevilliers, rappelle sa première période avant sa rencontre cruciale avec Georges Seurat en 1884. Son style change alors radicalement et, à son tour, il adopte cette manière minutieuse de peindre par petites touches de couleurs juxtaposées comme le montre, par exemple, Les Andelys. La Berge (1886).
Le parcours se déroule en quatre autres sections. La première, « Les Maîtres » nous montre des tableaux de peintres qu’il admirait comme Monet, Degas, Caillebotte et Guillaumin. Même s’il était issu d’une famille de commerçants aisés à qui il avait conseillé d’acheter des tableaux impressionnistes, ce n’est qu’en 1932 qu’il peut acquérir Pommiers en fleurs au bord de l'eau (1880), un tableau de Monet qui annonce par bien des aspects l’esthétique néo-impressionniste. Parmi les « Maîtres » on trouve deux tableaux de Cézanne dont La Plaine de Saint-Ouen-l'Aumône vue prise des carrières du Chou (vers 1880), son premier achat, qu’il gardera toute sa vie, alors qu’il lui arrivait de vendre des toiles de sa collection quand il était à court d’argent ! On a aussi cinq œuvres de Degas, trois de Boudin, deux de Jongkind, un peintre sur lequel il publiera une monographie en 1927, six œuvres de Pissarro dont Le troupeau de moutons, Eragny-sur-Epte (1888), peint à la manière néo-impressionniste, une de son ami Guillaumin et quatre gravures japonaises. On remarque aussi des œuvres de Delacroix, Manet et Renoir.
La salle suivante est toute entière consacrée à Georges Seurat avec quarante œuvres, surtout des dessins. Signac possédait quatre-vingts œuvres de son maître dont Le Cirque (1891), un chef-d’œuvre qu’il n’accepta de vendre qu’à la condition que son acquéreur en fasse don au musée du Louvre. Dans cette section, on remarque aussi un magnifique Portrait de Paul Signac (1890) au crayon Conté et de nombreuses esquisses peintes à l’huile pour de grands tableaux comme Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte (1884).
La quatrième section est consacrée aux peintres néo-impressionnistes. C’est tout d’abord, avec quinze tableaux dont le remarquable Baigneuses, dit aussi La Joyeuse Baignade (1899-1902), une véritable petite exposition de Henri-Edmond Cross (1856-1910), un ami en compagnie duquel il s’installe et peint à Saint-Tropez. Même chose avec Maximilien Luce (1858-1941), un autre ami qu’il soutiendra lors de son incarcération en 1894 à la suite du procès des Trente (30 anarchistes). De celui-ci on voit dix tableaux dont L'Homme à sa toilette (1887) et un Portrait de Paul Signac (1889) où ce dernier est représenté, très concentré, en train de peindre. Parmi les autres artistes de cette section, citons Charles Angrand (4 œuvres), Louis Hayet (2 huiles), Matisse (Luxe, calme et volupté, 1904) et Théo van Rysselberghe (1862-1926) dont on admire le grand tableau En mer, portrait de Paul Signac, dit aussi Paul Signac à la barre de son bateau l’Olympia (1896). Mentionnons aussi deux femmes, Juliette Cambier et surtout Lucie Cousturier (1876-1925), élève de Signac, qui écrivit des monographies sur ce dernier et sur Seurat, dont elle possédait La Grande Jatte.
Dans la dernière section « Les surprises d’une collection », nous voyons des œuvres d’artistes contemporains qui n’appartenaient pas à son courant mais dont il aimait le traitement de la couleur. C’est le cas de Van Gogh qui lui offrit Deux Harengs (1889) lors de sa visite à Arles où celui-ci était interné. C’est aussi le cas des fauves tels que Matisse, Camoin, Marquet, Puy, d’Espagnat et Valtat. On y voit aussi des œuvres de Vallotton, Bonnard, Denis, Roussel et surtout deux toiles impressionnantes de Van Dongen, Nu à la jarretière (1907) et Modjesko Soprano Singer (1908). Enfin, lui qui avait raillé les symbolistes, possédait un chef-d’œuvre de Redon, un fusain intitulé Le Centaure tirant à l'arc (non daté).
Une mention toute particulière pour la scénographie due aux deux conceptrices de ce nouveau lieu d’exposition. On apprécie l’enchaînement des sections, la couleur des différents espaces et le rapprochement de certaines toiles comme les trois tableaux de Matisse, Cross et Valtat, trois amis, qui ornaient la salle à manger de Signac et que l’on retrouve là-aussi côte à côte. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 13 février 2022. Lien : www.musee-orsay.fr.


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