Parcours en images et en vidéos de l'exposition

PREHISTOMANIA

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°590 du 27 mars 2024


 



PREHISTOMANIA



Entrée de l'exposition. Agnes Schultz, l'une des peintres de Leo Frobenius.
À la fin du XIXe siècle, scientifiques, artistes et aventuriers, se mettent en quête des origines de l'humanité. Au fil des découvertes et de débats acharnés, la préhistoire s'établit comme une discipline scientifique au tournant des XIXe et XXe siècles. Les peintures et gravures rupestres (sur roche en extérieur) et pariétales (sur les parois des grottes) fascinent le grand public qui les découvre à travers les relevés. Ces reproductions, sur papier ou sur toile, permettent de les étudier en dehors de leur site d'origine et surtout de les diffuser au plus grand nombre, par le biais de publications et d'expositions.
Entre objet d'étude scientifique, archive et œuvre, le relevé occupe une place singulière au sein des collections du Musée de l'Homme et de l'Institut Frobenius, dont les chefs-d’œuvre sont présentés ici. Ils permettent de retracer l'extraordinaire aventure humaine des hommes et des femmes qui ont exploré la préhistoire et n'ont cessé de la faire rayonner.
 
Le parcours s'ouvre sur un panorama mondial de l’art rupestre et pariétal, offrant un impressionnant face-à-face avec des relevés emblématiques d'Afrique australe, de Papouasie occidentale, ou encore de Scandinavie. Puis, il plonge au cœur des expéditions des années 1920 à 1950, menées par Léo Frobenius (1873-1938), Henri Breuil (1877-1961), Henri Lhote (1903-1991) et Gérard Bailloud (1919-2010). Le récit de ces épopées conduit à en découvrir les principaux protagonistes et à comprendre les techniques mises en œuvre sur le terrain. Au retour des missions, les relevés attisent l'intérêt des milieux créatifs, inspirant des artistes en quête d'authenticité et de ruptures esthétiques. Enfin, l'exposition interroge leur place aujourd'hui dans les champs scientifique et artistique, également en tant que témoignages, souvent irremplaçables, d’un patrimoine sensible qu'il est urgent de préserver.
Texte du panneau didactique


1 - ART RUPESTRE : ART MONDIAL



Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.

En 2003, on a recensé 45 millions de peintures et gravures rupestres et pariétales, réparties sur 170 000 sites, dans 160 pays. Plus de 70 % de ces dessins ont été produits par des sociétés de chasseurs-cueilleurs, tandis que moins de 30 % sont l'œuvre de pasteurs et d'agriculteurs. En outre, de nouveaux sites sont découverts chaque année.
Au sein de ce vaste corpus, l’art rupestre désigne les représentations graphiques qui ont comme support des roches à l'air libre, par opposition à l’art pariétal qui désigne

 
conventionnellement l'art des grottes. Dalles, rochers, falaises : l'art rupestre investit des surfaces plus ou moins horizontales et baignées de lumière, également plus vulnérables aux intempéries. À la différence des grottes, les parcours n'y sont pas composés et orientés dans un ordre précis.
L'art rupestre est sans doute la forme d'expression artistique ayant connu la plus grande popularité et longévité à travers le monde. On la retrouve sans interruption depuis plus de 40 000 ans sur l'ensemble du globe, offrant une profusion d'iconographies et de styles. Les préhistoriens et les anthropologues se sont mis au défi d'expliquer et de commenter ces manifestations artistiques. Les premiers à s'être prêtés à l'exercice nous ont légué de vastes collections de relevés, dont nous dressons ici un panorama mondial.
Texte du panneau didactique.


Afrique australe

Scénographie

Le sud de l'Afrique possède l'une des plus riches traditions d'art rupestre au monde. Les peintures et gravures rupestres se trouvent surtout sous des parois rocheuses, en partie surplombantes, et sont datées – en fonction des lieux - de 12 500 av. notre ère pour les plus anciennes à quelques centaines d'années pour les plus récentes. La plupart de ces images sont attribuées à la population autochtone de la région, les San, appelés «Bochiman» par les colons européens, qui ont réalisés des peintures rupestres parfois jusqu'au début de l'ère coloniale, au XIXe siècle.
Ce peuple nomade de chasseurs-cueilleurs a occupé, il y a plus de 4 000 ans, toute l'Afrique australe avant d'être progressivement décimé et repoussé vers les régions désertiques par les arrivées successives des peuples vivant de l'élevage, puis des agriculteurs sédentaires. Outre la présence habituelle de grands animaux, cet art se distingue par la figuration de nombreux humains.

 
Texte du panneau didactique
 
Situation de l'Afrique australe.
Procession. Relevé d’Elisabeth Mannsfeld. Zimbabwe, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Joachim Lutz. Contour d'éléphant, animal rouge imposant, boucs et êtres humains. Mhakwe. Monts Matobo, Zimbabwe, 1929.
Aquarelle sur papier. Plusieurs millénaires.
Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Elisabeth Mannsfeld, Agnes Schulz, Maria Weyersberg. Grands élands et nombreuses figures humaines. Ha Baroana, Lesotho, 1929. Aquarelle sur papier. Jusqu'au premier millénaire. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

Beaucoup de parties de la peinture originale étaient déjà endommagées en 1929 quand le relevé a été copié au Lesotho. Nous retrouvons toujours des éléments centraux du monde des San, comme des élands (antilopes) ayant une signification importante dans leurs croyances. La représentation des humains semble transmettre des valeurs culturelles caractérisées par l'esprit de groupe, l'égalité et le mouvement.
Elisabeth Mannsfeld, Agnes Schulz, Maria Weyersberg. Grands élands et nombreuses figures humaines. Ha Baroana, Lesotho, 1929 (détail).
Elisabeth Mannsfeld, Agnes Schulz, Maria Weyersberg. Grands élands et nombreuses figures humaines. Ha Baroana, Lesotho, 1929 (détail).


Tchad

Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.

La Réserve Naturelle et Culturelle de l'Ennedi, dans l'actuel Tchad, est un ensemble de formations de grès, sculpté par les éléments depuis des millions d'années. Oasis et refuge pour la faune et la flore au cœur du désert du Sahara, elle abrite également une vaste collection d'art rupestre - datée entre 7 000 et 1 000 av. notre ère - qui témoigne de la présence humaine depuis le Néolithique. Sur les parois rougeoyantes, les figurations blanches et ocres ont été relevées et classées par Gérard Bailloud en plusieurs styles, correspondant entre autres à des périodes de domestications successives (bovidés, chevaux, chameaux). Depuis juillet 2016, le massif de l’'Ennedi est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation du Tchad
Scénographie
 
Gérard Bailloud. Sans titre. Baradergolo I, Ennedi, Tchad, années 1956-1957. Gouache sur papier. Années 7000 à 1000 av. notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Bailloud.
 
Gérard Bailloud. Sans titre. Eikeo V, Ennedi, Tchad, années 1956-1957. Gouache sur papier. Années 7000 à 1000 av. notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Bailloud.
 
Gérard Bailloud. Sans titre. Elikeo V, Ennedi, Tchad, années 1956-1957. Gouache sur papier. Années 7000 à 1000 av. notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Bailloud.

Cette scène présente des personnages dans un style que Bailloud nomme «Tamada». Le grand chèche (écharpe) orné d'épingle y est porté indifféremment par les hommes et les femmes. Dans le coin supérieur gauche du relevé, un joueur de tambour semble mener la danse.
 
Gérard Bailloud. Sans titre. Fada 1, Ennedi, Tchad, années 1956-1957. Gouache sur papier. Années 7000 à 1000 av. notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Bailloud.
 
Girafes et autruche. Expédition Lhote, Ouan Abou, Algérie, 1957. © MNHN, J.-C. Domenech.
 
Claude Guichard. Sans titre. Ouan Agouba, Tassili n'Ajjer, Algérie, 1962. Gouache sur papier. 8000 à 1000 avant notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Lhote.


Afrique du Nord

Scénographie

Les relevés d'Henri Lhote, issus de quatre expéditions dans le désert du Sahara, proviennent de la région du Tassili N’Ajjer, immense plateau de 72 000 km2 qui s'étend au Sud-Est de l'Algérie, aux confins du Niger et de la Libye. Ces peintures et gravures racontent l'histoire des peuplements humains dans une région autrefois fertile et florissante, sur plusieurs milliers d'années (entre 8 000 et 1 000 av. notre ère). Illustrant la vie quotidienne dans le «Sahara vert», elles sont notamment célèbres pour leurs personnages à «têtes rondes» et leur iconographie évoquant magie et divinités. Ornant les parois d'abris sous roche et des couloirs sinueux au cœur des montagnes, elles ne sont aujourd'hui accessibles que par l'intermédiaire des populations nomades qui continuent d'habiter la région et d'en faire connaître les trésors cachés.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation de l'Afrique du Nord
Scénographie
 
Claude Guichard. «Déesse cornue à gauche et groupe de danseuses à coiffure égyptienne». Tin Tazarift, Tassili n'Ajjer, Algérie, 1956-1957. Gouache sur papier. 8000 à 1000 avant notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris.
 
Jacques Violet. «Le disque solaire», ou «La clairière initiatique».Tissoukaï, Tassili n'Ajjer, Algérie, 1960. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Lhote.
Femme chevauchant des taureaux. Expédition Lhote, Iheren, Algérie, 1970. © MNHN, J.-C. Domenech.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement



Papouasie occidentale (Indonésie)

Scénographie

L'art rupestre indonésien est l'un des plus anciens au monde. Les représentations figuratives de Sulawesi sont actuellement datées de 44000 ans. Les productions de Papouasie occidentale, que l’on trouve sur des falaises escarpées surplombant la mer, sont plus récentes. Elles sont le fruit des populations qui commencent à migrer dans cette région il y a 4 500 ans environ. Les motifs des gravures rupestres représentent principalement des figures géométriques, des hommes et des bateaux, tandis que les peintures rupestres souvent rouges, montrent des oiseaux, des poissons, des lézards et diverses formes géométriques, Ces motifs produisent des effets de scènes enchevêtrées dont l'interprétation est difficile. Outre les nombreux négatifs réalisés à la main, on voit régulièrement apparaître des créatures composites, mi-humaines mi-animales.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation de la Papouasie Occidentale.
Silhouettes de mains et pieds. Relevé d’Albert Hahn. Papouasie, 1937. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.


Europe paléolithique

Scénographie

Après la découverte en 1879 d'incroyables galeries d'images rupestres dans la grotte d'Altamira, dans le nord de l'Espagne, 20 ans sont nécessaires pour que leur authenticité soit enfin confirmée. La vision évolutionniste selon laquelle les humains de l'âge glaciaire avaient traversé l'Europe sans développer de culture complexe est ébranlée. La découverte des peintures rupestres du Paléolithique Supérieur (entre 40 000 et 9 600 av. notre ère) bouscule également les connaissances sur les origines de l'art. Par la suite, de nombreuses autres peintures rupestres de l'époque glaciaire sont découvertes en France et en Espagne, dont les plus anciennes remontent à 36 000 ans (Chauvet, France) et 40 000 ans (El Castillo, Espagne). L'animal est au centre des représentations tandis que l'humain en est presque absent.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation de l'Europe paléolithique
Scénographie
 
Elisabeth Pauli. Bison femelle debout. Altamira, Espagne, 1934. Aquarelle sur papier. 16 000 à 11 000 av. notre ère. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

Un des plafonds de la grotte d'Altamira représente seize bisons expressifs aux couleurs vives. Leur dessin tire souvent profit des reliefs naturels du site, créant une illusion de volume. Pendant toute l'époque paléolithique supérieure (40 000 à 9 600 av. notre ère), l'animal demeure au centre de l'univers graphique.
 
Bison couché. Relevé de Katharina Marr, Altamira, Espagne, 1936. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Maria Weyersberg. Frise de chevaux. Cap Blanc, France, 1934. Huile sur toile. 16 000 av. notre ère.
Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.


Europe néolithique

Scénographie

Plus de 150 000 gravures rupestres du Val Camonica en Italie du Nord, ainsi que quelques 40 000 gravures de la «Vallée des merveilles», dans les Alpes-Maritimes françaises, ont été réalisées entre le début de l'âge du bronze et l'époque romaine (entre 3 200 av. notre ère à 500). Les plus anciennes auraient environ 8 000 ans. Elles représentent une grande variété de motifs: des êtres humains, des maisons, des animaux et des armes.
Les gravures rupestres scandinaves sont probablement un peu plus récentes. Leurs représentations animales linéaires de grand format sont particulièrement impressionnantes.
Au cours de cinq voyages entre 1934 et 1937, Frobenius a fait reproduire les gravures rupestres de la région des Alpes du Sud et de la Scandinavie.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation de l'Europe néolithique.
 
Agnes Schulz. Renne, cerf ou élan. Askollen, Norvège, 1934. Craie sur toile. Jusqu'à 5500 avant notre ère. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
 
Alf Bayrle. Représentations humaines. Pontevedra, Espagne, 1936. Huiles sur toile. 4 500 à 1 500 avant notre ère. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

Ces figures humaines très stylisées sont représentatives du site de Pontevedra. Elles apparaissent généralement dans des duos constitués par un homme et une femme, parfois représentés avec des coiffes de plumes et de cornes, comme c'est le cas ici. On les retrouve souvent dans des scènes de danse rituelle ou de chasse, accompagnées d'animaux et de motifs végétaux et solaires.


HISTOIRE ARCHÉOLOGIQUE DES RELEVÉS


Scénographie


Le quotidien des équipes qui ont eu pour tâche de reproduire l’art rupestre à travers le monde est bien documenté. Ces expéditions aventureuses, menées dans les régions les plus reculées du globe, ont fait l’objet de récits et de publications ayant connu une grande popularité. Si les premiers relevés sont effectués en Suède au XVII siècle, ce n'est qu’au début du XXe siècle, quand l'authenticité de

 
l'art préhistorique est établie, que la pratique se systématise.
En France, le pionnier en est l'abbé Breuil, qui passe énormément de temps sur les sites ornés préhistoriques d'Europe et d'Afrique du Sud. À partir de 1913, les équipes d'artistes de l’ethnologue allemand Leo Frobenius se rendent aussi dans différentes régions d'Afrique, d'Europe, de Papouasie et d'Australie. À partir des années 1950, une nouvelle génération de scientifiques documente massivement le Sahara dont on découvre le passé fertile et vivant.
Plusieurs procédés ont été successivement expérimentés pour effectuer ces relevés, offrant un rendu très distinct selon les releveurs. Des méthodes de moins en moins invasives s'imposent au fur et à mesure du siècle.
Texte du panneau didactique.
 
Hermann Frobenius. Portrait de son frère Leo Frobenius, 1924. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Portraits des « releveuses » de Frobenius, 1924. Crayon de couleur sur papier. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
 
Elisabeth Pauli. Ain Dua Uweinat, Libye, 1934. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Maria Weyersberg et Elisabeth Mannsfeld. Cinyati, Natal, Afrique du sud, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Elisabeth Pauli. Ain Dua Uweinat, Libye, 1934. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Elisabeth Pauli. Altamira, Espagne, 1936. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Elisabeth Pauli et Katharina Mart. El Ghicha, Algérie, 1935. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Joachim Lutz relevant. Ruchera, Zimbabwe, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Scénographie
 
Elisabeth Pauli. Groupe de bovins. Ain Dua, Uweinat, Libye, 1933. Huile sur toile. Plusieurs millénaires. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
 
Elisabeth Pauli. Croquis du cheval Sauvage. Grotte des Combarelles, France, 1934. Aquarelle sur papier. 15 000 à 13 000 avant notre ère. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
Scénographie


L'abbé Henri Breuil

Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.

Ordonné prêtre en 1900, Henri Breuil (1877-1961) demande à ne pas être rattaché à une paroisse afin de pouvoir se consacrer à la science. Sa carrière est indissociable du développement de l'étude de la préhistoire dont il devient la figure emblématique. Il  participe à l'authentification des peintures d’Altamira ainsi qu’à la découverte et l'étude de sites majeurs comme Font-de-Gaume ou les Combarelles. Accompagné de sa collaboratrice Mary Boyle (1881-1974), il multiplie ses sujets de recherches et ses activités. Il réalise, notamment pour le Musée de l'Homme, des milliers de relevés de gravures et de peintures, en France, en Espagne et en Afrique. De Leo Frobenius à Henri Lhote, rare sont les préhistoriens n'ayant pas croisé la route de l'Abbé Breuil.

 
Texte du panneau didactique.
 
Portrait de l'abbé Henri Breuil.
 


Frobenius et Breuil ont travaillé à plusieurs reprises sur les mêmes sites. Leurs noms sont associés dans la revue les Cahiers d'Art de 1931, Frobenius présenté comme le grand spécialiste de «l'Art africain» et Breuil comme l'expert de «la préhistoire de l'Afrique».
Mais si la priorité de Breuil reste la publication de ses recherches, Frobenius envisage dès le départ l'exposition de ses relevés. Réalisés entièrement sur site, à l'échelle, et en utilisant largement les techniques de peintres, les relevés des missions Frobenius se caractérisent par un rendu précis, abouti et impressionnant.
 
Texte du panneau didactique


Très sollicité, Breuil réalise lui-même une partie des relevés par calque direct, sur site, puis emporte avec lui un certain nombre de notes afin de poursuivre son travail a posteriori. Mû par un souci d'exactitude, il a pour principal objectif la publication scientifique.
 
Texte du panneau didactique
 
Henri Breuil. Ensemble du petit cheval rouge. Grotte du Portel, France. Crayon sur papier, calque, photographie. Environ 16 000 av. notre ère.


Henri Lhote

Scénographie

Henri Lhote (1903-1991) réalise quatre missions en Tassili'n'Ajjer, dans le Sahara, entre 1956 et 1962. Autodidacte, il s'entoure de jeunes dessinateurs, de peintres, et d'un photographe avec qui il parcourt les montagnes désertiques, guidé par Djebrine Machar ag Mohamed. Ces longs séjours vont permettre à l'équipe de rassembler une quantité immense de matériel archéologique et près de 1200 relevés, conservés au Musée de l'Homme. Les procédés de Lhote - calque avec mouillage de la paroi, voire surlignage - ont été critiqués unanimement. Son rôle dans la diffusion de l'art rupestre saharien auprès d'un très large public reste toutefois central. Quatre mois après la première expédition, il dévoile une sélection de ses relevés au Musée des Arts décoratifs de Paris lors d'une exposition qui marquera les esprits.

 
Texte du panneau didactique.
 
Ruth Assisa Cuno. Composition animale. Wadi In-Habeter, Fezzan, Libye, 1932. Crayon sur papier. 8 000 à 5 000 avant notre ère (voir ci-dessous). Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
 
Henri Lhote. Tassili n'Ajjer, Algérie, 1956-1957. Tirage d'exposition. Musée de l'Homme, MNHN. Paris. Collection Lhote.
 
Gravure, groupe de deux girafes et d'un éléphant grandeur nature. Wadi In-Habeter, Fezzan, Libye, 1934. Photographie. 8000 à 5000 avant notre ère. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
Scénographie
 
Malle de Lhote. Années 1950. MNHN, Paris.

Cette malle appartenait à Henri Lhote. Elle l’a accompagné durant ses missions au Tassili. Elle contient tout le nécessaire pour relever: pots de peintures, encres, crayons, stylos, craies et pastels, mais aussi de la colle, des cordelettes ou encore des pansements.
 
Ensemble d'objets provenants de la malle de Lhote. Années 1950. MNHN, Paris.
Scénographie
 
Henri Lhote relevant. Expédition Lhote. Tassili n’Ajjer, 1956-1957. © MNHN, Laboratoire de préhistoire.
 
Mise en peinture. Expédition Lhote. Tassili n’Ajjer, 1956-1957. © MNHN, Laboratoire de préhistoire.
 
Expédition Lhote, Tassili n’Ajjer, 1956-1957. © MNHN, Laboratoire de préhistoire.
 
Travail sur un relevé. Expédition Lhote. Tassili n’Ajjer, 1956-1957. © MNHN, Laboratoire de préhistoire.
Dès les débuts du XXe siècle, Breuil, Frobenius, Lhote, Bailloud et les équipes qui les ont accompagnés ont exploré grottes et abris sous roche à travers le monde, relevant les peintures et gravures rupestres et pariétales qui ornent leurs parois. Sur cette carte sont représentés les nombreux sites dont les relevés figurent dans l'exposition, mettant en avant les missions menées dans les différents centres de production de cet art et le contexte géographique et topographique de ces sites.
 


Gérard Bailloud

Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.

Gérard Bailloud (1919-2010) est un préhistorien spécialiste du Néolithique. Travaillant au Musée de l'Homme depuis 1942, il participe à la Mission des Confins du Tchad en 1956. Il part ainsi durant douze mois en Ennedi pour relever les peintures rupestres, établir des cartes et fouiller les sites néolithiques. Il rapporte un catalogue impressionnant de données: 500 sites repérés, 200 relevés, des centaines de photographies, du matériel archéologique et des quantités de notes sur les populations locales, leurs organisations, leurs cultures. Il publie en 1997 son rapport, Art rupestre en Ennedi, dans lequel il développe une chronologie et une typologie des styles qu'il a rencontrés, en relation avec l'analyse des céramiques trouvées sur les sites.

 
Texte du panneau didactique.
 
Village. Expédition Bailloud, Enedi, Tchad, 1956. © MNHN.
Sans titre. Tassili n'Ajjer, Algérie, années 1950-1960. Gouache sur papier. 8 000 à 1 000 avant notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Lhote.

Sur les rives de l’Oued Djerat, des gravures représentant rhinocéros, éléphants et autres animaux ornent les murs. Le travail de relevé, rendu complexe par les conditions environnementales et l'inaccessibilité des gravures, a obligé Lhote à employer une méthode originale, alliant photographie et moulage au latex. Les relevés finaux ont ensuite été produits en laboratoire à partir de contre-moulages en plâtre.
Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.
 
Pierre Colombel. « Les bœufs à points ». In-Itinen, Tassili n'Ajjer, Algérie, 1962. Gouache sur papier. 8 000 à 1 000 avant notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Lhote.
 
Gérard Bailloud. Sans titre. Gaté, Ennedi, Tchad, 1956-1957. Gouache sur papier. 7 000 avant notre ère à 1 000 de notre ère. Musée de l'Homme, MNHN, Paris. Collection Bailloud.

Cette peinture est représentative du style Bovidien final. On peut y voir une femme et une vache mais surtout la représentation d'une petite case à grenier avec deux personnages. L'intérieur est visible, où l'on identifie des réserves de provisions et des pots faisant écho au matériel archéologique collecté sur site par Bailloud.
Le Grand Dieu aux Orantes. Expédition Lhote, Tassili n’Ajjer, 1957. © MNHN, J.-C. Domenech.

Le Grand dieu aux Orantes est le plus célèbre des relevés de Lhote. Il provient du site de Séfar, au Tassili n'Ajjer, exploré par l'équipe en 1957. La scène est caractéristique du style des «Têtes Rondes», le plus ancien de Tassili, daté de 8 000 à 6 000 avant notre ère. Au centre, un personnage mythique de 3m de haut domine la scène.


Citations...

Scénographie avec une citation de Jean Clottes.
 
Citation de l'abbé Henri Breuil, prêtre catholique et préhistorien.
 
Citation de Leo Frobenius, ethnologue et archéologue.


LES EXPOSITIONS HISTORIQUES ET MODERNES


Scénographie

Au retour de l'expédition de Frobenius en 1930 en Afrique du Sud, une sélection de relevés est présentée dans des expositions publiques à Paris (1930 et 1933), Amsterdam, Bâle et Zurich (1931), Rome (1933), Vienne (1934), Berlin (1935), Oslo et Bruxelles (1936). Le point d'orgue est l'exposition de 1937 au Museum of Modern Art (MoMA) à New York, organisée sous l'impulsion de son directeur Alfred Barr (1902-1981), fasciné par ces images venues de temps immémoriaux.
Ces reproductions, d’un art par nature immobile et largement inconnu, ainsi exposées sur les murs des musées, transforment la perception de la préhistoire qui connaît alors une réelle vogue.  Considérées comme les témoignages d'une pulsion créatrice universelle et intemporelle chez l'humain, les peintures bouleversent l'histoire de l’art traditionnelle. Parmi les artistes qui ont révolutionné la peinture moderne dans la première moitié du XXe siècle, beaucoup ont vu ces expositions, possédé des publications de Frobenius ou Breuil dans leur bibliothèque, et évoquent, plus ou moins directement, les styles et figures de la peinture rupestre

 
Texte du panneau didactique
 
Main avec trois personnages. Relevé d’Elisabeth Pauli, Égypte, 1933. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 

Après leur rencontre à Johannesburg en 1929, l'abbé Breuil ouvre les portes des cercles scientifiques et artistiques parisiens à Frobenius. Au cours des années 1930, ce dernier organise ainsi deux expositions à Paris: la première à la salle Pleyel en 1930 et la seconde en 1933 au musée d'Ethnographie du Trocadéro. Maria Weyersberg, l'une des releveuses des missions, en assure le commissariat. Ces expositions sont l'occasion de tisser des coopérations entre le musée d'Ethnographie du Trocadéro, qui deviendra le Musée de l'Homme, et l'Institut de Francfort. Elles sont considérées d'un «modernisme étourdissant» par les critiques qui soulignent immédiatement les parentés entre cet art préhistorique et l'art moderne.

Léo Frobenius (1873-1938), ethnologue allemand, devant une des peintures rupestres sud-africaines dont il avait organisé une exposition à Paris, salle Pleyel. Paris, 1930. Tirage d'exposition. © Roger-Viollet.
 
Texte du panneau didactique
 
Georges Henri Rivière devant un relevé de la collection Leo Frobenius lors de l'exposition «Art préhistorique d'Afrique du Nord» au Musée Ethnographique du Trocadéro. Paris, 1933. Tirage d'exposition. Roger Viollet / Albert Hartingue.
 
Visite de l'exposition «Peinture rupestre d'Afrique du Sud» à la salle Pleyel 1930: le ministre de l'Éducation nationale Pierre Marraud, l'ambassadeur allemand Baron de Hoesch et Leo Frobenius. Paris, 1930. Tirage d'exposition. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
Scénographie

En 1937, Leo Frobenius expose 150 relevés d'œuvres rupestres d'Afrique et d'Europe au Museum of Modern Art (MoMA) à New York. Pour la première fois, ces copies sont présentées comme des œuvres d'art, accompagnées d'œuvres modernes, dans un accrochage ne donnant quasiment aucune information contextuelle. Ce parti pris d'Alfred Barr, le directeur du MoMA, marque un tournant dans l’histoire de ces relevés.
L'exposition qui voyage ensuite à travers 36 villes américaines rencontre un immense succès auprès des critiques et des artistes. Les peintres préhistoriques sont décrits comme les premiers surréalistes. De nombreux artistes, comme Jackson Pollock (1912-1956), alors à New York, ont pu s'en inspirer.

 
Texte du panneau didactique
 
Douglas Fox / Leo Frobenius. Catalogue de l'exposition “Prehistoric Rock Pictures in Europe and Africa” au Museum of Modern Art (MoMA), New York. New York, États-Unis, 1937. Impression sur papier. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.
 
Homme allongé et deux femmes. Gutu district, Zimbabwe, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Gisant avec masque à cornes. Relevé d’Agnès Schulz, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Jackson Pollock (1912-1956). Peinture (Argent sur noir, blanc, jaune et rouge), 1948. Peinture sur papier marouflé sur toile. Achat, 1972. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle.

Cette toile est représentative du courant de l'«action painting» et plus spécifiquement de la technique de Pollock dite «dripping»: l'artiste verse de la peinture dans un mouvement dynamique, en se positionnant au-dessus de la toile posée au sol. L'enchevêtrement abstrait des formes et la conception quasi rituelle du geste artistique témoignent des recherches de renouveau esthétique et conceptuel de l'artiste. Nourri de préhistoire, il a pu trouver dans la peinture rupestre et son symbolisme abstrait une source d'inspiration.
 
Leo Frobenius. Publication de Leo Frobenius. Das Urbild, Cicerone zur vorgeschichtlichen Reichsbildgalerie (Image originelle, cicérone de la galerie impériale d'images préhistoriques). Francfort-sur-le-Main, Allemagne, 1936. Impression sur papier. Bibliothèque du musée de l'Homme, MNHN, Paris.
Scénographie
 
Paul Klee (1879-1940). Dame aus Lab, 1938. Peinture à la colle papier journal collé sur carton. Dation en 1992. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle.

La bibliothèque de Klee contient un certain nombre d'ouvrages sur les arts de la préhistoire et notamment de Frobenius. En 1928, l'artiste visite le Musée et les sites préhistoriques de Carnac.
Les motifs et les couleurs de l’art rupestre retiennent particulièrement son attention. Cette peinture fait écho au geste des releveurs, dans les contours du dessin ou encore dans la juxtaposition de différents niveaux et profils sur la surface du carton.
 
Paul Klee (1879-1940). Bedrohliche Zeichen, 1938. Peinture à la colle et mine graphite sur papier d'emballage collé sur carton. Dation en 1992. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle.
Scénographie. Au mur: Joachim Lutz. Frise de formes moulées allongées. Grotte de Makumbe, Chinhamora, Zimbabwe, 1929.
Aquarelle sur papier. Plusieurs millénaires.
Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne
 
Exposition “Prehistoric Rock Pictures in Europe and Africa, Museum of Modern Art”, New York. New York, États-Unis, 1937. Tirage d'exposition. Digital image, The Museum of Modern Art (MoMA), New-York. Photo Scala, Florence.
 
Exposition “Prehistoric Rock Pictures in Europe and Africa, Museum of Modern Art”, New York. New York, États-Unis, 1937. Tirage d'exposition. Digital image, The Museum of Modern Art (MoMA), New-York. Photo Scala, Florence.
Grands éléphants, animaux et hommes peints. Relevé de J. Lutz, Zimbabwe, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
 
Jean Arp (ARP Hans, dit) (1886-1966). L'Égyptienne, 1938. Plâtre. Saisie de l'Administration des Douanes en 1996. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle.

Les œuvres d'Arp sont présentées, avec les relevés, lors de l'exposition du MoMA de 1937. Jean Arp s'inspire des idées de l'art préhistorique pour explorer des formes et des structures abstraites, souvent en utilisant des matériaux naturels tels que le bois et la pierre. L'Égyptienne représente une figure féminine stylisée avec des lignes fluides, les formes étant réduites à leur essence la plus simple. Elle rappelle les figures linéaires expressives des peintures du Zimbabwe.
 
J.A. Mauduit. 40 000 ans d'art moderne. Paris, 1er janvier 1954. Impression sur papier. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

Dans les années d’après-guerre, on peut encore voir des expositions comme «40 000 ans d'art moderne» à Paris ou “40,000 years of Modern Art" à Londres. Après cette période, l'idée que l'art moderne doit beaucoup à l’art rupestre tombe peu à peu dans l'oubli. Elle est de retour en 2019, à l'occasion de l'exposition «Préhistoire, une énigme moderne» au Centre Pompidou (Lettre 484).
 
Wifredo Lam (1902-1982). Ñañigo (Composition), 1947. Huile sur papier marouflé. Collection privée, Paris.

La richesse de l'œuvre Ñañigo réside dans un langage plastique original et composite, provenant de diverses sources. La préhistoire est l'une d'elles pour Lam qui a pu s'inspirer de certains motifs de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'artiste étant fasciné par les mythologies aux sens complexes, l'œuvre évoque également le culte secret cubain ñañigo.
 
Henri Breuil, Leo Frobenius. Article « L'Afrique ». Dans Cahiers d'art. Paris, 1931. Impression sur papier. Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

Le marchand d'art et critique Christian Zervos (1889-1970) était le rédacteur en chef de la revue parisienne Cahiers d'art. En 1930, il fixe l'objectif d'y retracer «l'existence cosmique et biologique de l'humanité depuis les temps les plus reculés» afin de parvenir aux «origines de l'art». C'est lui qui propose la première exposition de Frobenius à Paris en 1930.


UN PATRIMOINE D'AUJOURD'HUI


Scénographie. Photo © MNHN, Vincent Ducard.

L'art rupestre et pariétal est un art fragile, dont le préhistorien doit assurer la meilleure conservation possible. Aujourd'hui, un éventail de techniques et de savoirs permet d'en poursuivre l'étude et le relevé dans des conditions meilleures qu'autrefois.
Après la découverte et l'ouverture de sites au public, nombre d’entre eux ont été vandalisés ou détruits par le

 
tourisme de masse, le creusement de carrières ou de barrages. Une grande partie est désormais classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Certaines des plus célèbres grottes d'Europe comme Altamira, Lascaux ou Chauvet ne sont plus visibles que par des répliques, copies en taille réelle, destinées à la médiation vers le grand public. Partout, les peintures rupestres représentent une ressource culturelle non renouvelable et en danger. Elles posent la question du poids culturel de ce patrimoine, qui ne cesse d'attirer et d’inspirer. Dans cette histoire, le relevé est parfois le dernier témoin de sites endommagés, voire disparus.
Un objet hybride entre l'œuvre, l'archive et le document scientifique, dont l’héritage demeure palpable dans le champ artistique contemporain.
Texte du panneau didactique.
Scénographie

Les nouvelles technologies appliquées à l'étude de la préhistoire ont complétement ouvert le champ des possibles en matière de conservation. En combinant la photogrammétrie avec les techniques d'ingénierie 3D, on peut désormais reconstituer en trois dimensions des sites simplement documentés par des photographies en deux dimensions. Le développement de ces techniques est à l'origine d'une grande campagne de reconstitution 3D des abris préhistoriques ornés du Sahara oriental. Ces sites, aujourd'hui inaccessibles et sans doute pour plusieurs décennies, sont principalement documentés par des photographies.

 
Texte du panneau didactique.
 
Matériel utilisé pour le relevé.
Ensemble de matériel utilisé pour le relevé. Stylo, lampe led et batterie, flashs, petits panneaux led, torche Elinchrom, diffuseurs type parapluie. Art graphique & patrimoine, Saint-Denis, collection des chercheurs. Musée de l'Homme, MNHN, Paris
 
Tachéomètre (matériel de relevé). Art Graphique & Patrimoine, Saint-Denis.

Le tachéomètre, ou station totale, est un instrument topographique communément utilisé en Archéologie. Positionné sur un trépied, il a pour fonction de calculer les coordonnées en trois dimensions (x, y et z) des reliefs d'une cavité, afin d'en dresser un plan numérique. L'image topographique ainsi produite permet de situer et contextualiser les peintures et gravures.
 
Matériel utilisé pour le relevé: petits panneaux led, torche Elinchrom, diffuseurs type parapluie.
 
Renforcement numérique du contraste des couleurs des peintures par le logiciel DStretch®. Photos et traitement numérique par Peter Breunig. © Peter Breunig.
 
Redessin numérique des images rendues visibles par DStretch®. Photos de base et traiement numérique par Pete Breunig. © Peter Breunig.

Les peintures rupestres préhistoriques sont souvent à peine reconnaissables. Cet exemple de la Namibie montre comment les méthodes numériques peuvent améliorer la visibilité et la qualité de la reproduction. Les exemples proviennent de recherches menées en 2022 par l'équipe de l'archéologue Peter Breunig de l'Université Goethe de Francfort-sur-le-Main.
Scénographie avec vue sur la section précédente.
Scénographie

Depuis 120 ans, les grottes ornées sont au cœur de la recherche en préhistoire. Mais leur étude a beaucoup évolué. Longtemps confiée à quelques préhistoriens dont le travail solitaire a parfois souffert d'une certaine subjectivité, elle se caractérise désormais par une approche collective et pluridisciplinaire. Tous les éléments relatifs au contexte des œuvres sont enregistrés, nécessitant de faire appel à des connaissances très variées: géologie, géomorphologie, biologie, éthologie, analyse des styles, analyse physico-chimique des pigments ou encore étude du geste en mouvement. Grâce à cette complémentarité, les relevés contemporains proposent une analyse globale de la paroi, tout en priorisant sa préservation.

 
Texte du panneau didactique.
 
Relevé photogrammétrique de l'abri Cap Blanc (2012). Tirage d'exposition. Personnel AGP sur la photo. © Art Graphique & Patrimoine.
Scénographie (voir ci-dessous)
 
Stéphane Petrognani, Éric Robert. Croquis de lecture. Grotte du Mammouth, Dordogne, 2015. Crayon sur papier, 22 000 à 15 000 av. notre ère. Document d'étude, collection des chercheurs.

Le croquis de lecture constitue la première étape de travail devant la paroi. Il s'accompagne de descriptions sur des fiches de terrain rendant compte de l'analyse du support, d'une lecture et d'une mesure des tracés et d'une identification des figures. C'est un premier état des lieux de l'image étudiée et de son contexte.
 
Émilie Lesvignes. Photographie haute résolution. Grotte du Mammouth, Dordogne, 2015. Tirage d'exposition. 22 000 à 15 000 avant notre ère. © Emilie Lesvignes.

Dans un deuxième temps, le panneau est photographié en haute résolution. On cherche alors à en améliorer la lisibilité et les contrastes. Plutôt que de prendre une seule photo, on varie les jeux de lumière et angles de vue afin de produire une mosaïque d'images. On sélectionne puis on imprime celles qui serviront de support pour le relevé.
 
Virginie Le Fillâtre, Émilie Lesvignes, Stéphane Petrognani, Éric Robert. Document final: Tracé des calques superposés (Lecture géomorphologique et graphique). Grotte du Mammouth, Dordogne, 2015. Tirage d'exposition. 22 000 à 15 000 avant notre ère. Document d'étude, collection des chercheurs.

La dernière étape est la mise au propre des différents relevés numérisés. Tous les calques sont numérisés et traités par ordinateur. Ici, ils sont réunis en un seul document permettant une lecture à la fois géomorphologique et graphique. On définit également une charte graphique pour préciser les reliefs, les gravures, les éléments contemporains... Enfin une infographie complète la restitution.
 
Émilie Lesvignes, Stéphane Petrognani, Éric Robert. Restitution infographique finale. Grotte du Mammouth, Dordogne, 2015. Tirage d'exposition. 22 000 à 15 000 avant notre ère. Document d'étude, collection des chercheurs.
 

 

Reconstitution 3 D d’un abri orné du Sahara égyptien


Cliquer ici ou sur l'image pour voir la vidéo

Vidéo
 
Scénographie


UN PATRIMOINE SENSIBLE


Scénographie

La question de l'appartenance de cet art ancestral fait l'objet de négociations constantes entre les acteurs publics et privés. Eu égard à sa fragilité, beaucoup de pays et sociétés s'engagent pour le préserver physiquement ou numériquement. On le copie, on l'archive, on le scanne pour sensibiliser le public. Au cours des dernières décennies, le cadre de gestion du patrimoine a évolué. Auparavant centré sur la protection et la conservation des sites et des monuments, il prend désormais plus en compte les acteurs locaux et les significations d'un site. De fait, la notion d'héritage culturel est essentielle pour sensibiliser le public à la valeur patrimoniale de l'art rupestre. D'autant plus que ce patrimoine est devenu l'un des moteurs du développement social et économique sur différents continents.

 
Texte du panneau didactique.
 
Abdoulaye Diallo, Lebergerdelîledengor, 1952, Dakar (Sénégal). Hommage à Leo Il, 2017. Mixte (huile, acrylique, café et encre). Collection de l'artiste.

Né en 1952, Abdoulaye Diallo est un peintre sénégalais à l'œuvre riche et inspirée. Il présente son travail à l'occasion de l'exposition de la collection Frobenius à Dakar en 2017. Comme l'ethnologue, il est un passeur de la culture visuelle et un médiateur des savoirs de l'Afrique. Il invoque l'art le plus ancien de l'humanité pour, en retour, s'approprier et valoriser un patrimoine devenu inaliénable. Son œuvre s'inscrit dans l'idée de «Civilisation de l'Universel» développée par Léopold Sédar Senghor (1906-2001).
 
Le Grand dieu aux Orantes. Séfar, Tassili n'Ajjer, Algérie, 1990. Tirage d'exposition. 8 000 à 6000 av. notre ère. © David Coulson / Robert Estall photo agency / Alamy Banque d'Images.
 
Graça Morais (née en 1948). Maria, 1982. Fusain et huile sur toile. Collection de l'artiste.

Depuis son enfance, l'artiste portugaise a pour horizon les peintures rupestres du site de Foz Côa. Ces traits sur les parois ont marqué toute son œuvre. Dans Maria, non seulement elle s’approprie les couleurs et les textures, mais elle transfigure, avec une grande simplification du tracé, les animaux qui émergent de parois des célèbres grottes comme Altamira. Les représentations féminines insolites, mi-humaines, mi-animales, peuplent son univers, invoquant avec mystère, subtilité et harmonie l'art du paléolithique.
Carte des sites d'art rupestre et pariétal classés « patrimoine mondial » par l'UNESCO


Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement