Parcours en images de l'exposition

LE TRÉSOR DE NOTRE-DAME DE PARIS
Des origines à Viollet-le-Duc

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°585 du 10 janvier 2024



Titre de l'exposition

Dans quelques mois s’achèveront les travaux de restauration de Notre-Dame de Paris suite à l’incendie survenu en 2019. Mis à l’abri au musée du Louvre après l’incendie, le trésor de la cathédrale regagnera alors le bâtiment historique du XIXe siècle qui lui est consacré.
Entièrement reconstitué après la Révolution, le trésor de Notre-Dame est célèbre pour les reliques insignes qu’il abrite, en particulier la Couronne d’épines du Christ.
Sa renommée est aussi liée aux chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie française qui y ont été rassemblés au XIXe siècle, destinés à la liturgie, témoins exceptionnels de l’histoire de Notre-Dame et de l’histoire de France.
S’inscrivant dans une longue tradition, les objets les plus spectaculaires sont ceux conçus par le génie d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) en harmonie avec l’édifice médiéval créé à l’occasion du grand chantier de restauration de la cathédrale et de sa sacristie de 1843 à 1864.
Pour la première fois, cette exposition propose de remonter le temps jusqu’aux origines du trésor et de replacer l’œuvre de Viollet-le-Duc dans le contexte d’une histoire millénaire.

 
Texte du panneau didactique.
 
Livre des serments des évêques et chanoines de Notre-Dame de Paris. Recueil du début du 16e siècle de documents (vers 1200 - vers 1500). Manuscrit, encre sur papier et parchemin. Paris, Archives nationales.

Ce livre a été constitué après 1500 à partir d'archives antérieures du chapitre de Notre-Dame. Il servait à la prestation de serment des chanoines et des évêques de Paris.


1 - LE TRÉSOR MÉDIÉVAL
ORIGINE ET CONSTITUTION

Scénographie

La tradition attribue à saint Denis au IIIe siècle la fondation d’un évêché à Paris. L’histoire des bâtiments antérieurs à la cathédrale actuelle, entreprise peu après 1160, demeure incertaine mais la dédicace à la Vierge («Notre-Dame») s’impose au IXe siècle.
Les premiers témoignages d’un trésor remontent au VIe siècle. Au IXe siècle, la translation des reliques de saint Marcel, l’un des premiers évêques de Paris, et l’institution d’un chapitre de chanoines responsables du trésor marquent une étape décisive dans son histoire. Peu après 1100, un fragment de la Vraie Croix, relique de la Passion du Christ, est envoyé de Jérusalem par le chanoine Anseau.
Au XIIIe siècle, le trésor est doté d’un nouveau bâtiment qui communique directement avec le chœur de la cathédrale et le palais de l’évêque. Le trésor médiéval a aujourd’hui presque entièrement disparu, mais les trois premiers inventaires conservés de 1343, 1416 et 1438 permettent d’en imaginer les richesses.


 
Texte du panneau didactique.
 
Bréviaire de Châteauroux à l’usage de Paris de Louis de Guyenne. Bibliothèque municipale de Châteauroux. © Médiathèque Équinoxe, Ville de Châteauroux, CNRS – IRHT.
LES LIVRES DU TRÉSOR MÉDIÉVAL

Les inventaires du trésor citent des manuscrits qui ne sont pas toujours faciles à identifier. Avant tout destinés à la célébration des offices dans le chœur et les chapelles, ils pouvaient facilement entrer au trésor ou en sortir ponctuellement ou de façon plus pérenne. Plusieurs manuscrits ont ainsi transité par la bibliothèque du chapitre des chanoines ou y ont abouti. D’autres ont pu être déposés au trésor dans un second temps pour leur caractère précieux ou prestigieux. Les plus beaux étaient revêtus de couvertures d’orfèvrerie, aujourd’hui toutes disparues.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bréviaire à l'usage de l'Église de Paris. Exécuté pour Gérard de Montaigu, évêque de Paris (1409-1420). Paris, 1417. Manuscrit sur parchemin. Bibliothèque nationale de France, Arsenal.
 
Maître du Rational des divins offices de Charles V. Missel à l'usage de l'Église de Paris offert par l'évêque Pierre d'Orgemont. Enregistré dans l'inventaire du trésor en 1416. Paris, vers 1390. Manuscrit sur parchemin. Bibliothèque Mazarine.
 
Missel à l'usage de l'Église de Paris. Offert en 1426 par un chapelain de Notre-Dame et un libraire, ajouté à cette date à l'inventaire du trésor. Paris, vers 1404-1406. Manuscrit sur parchemin. Bibliothèque nationale de France.
Scénographie
AUX ORIGINES DE LA CATHÉDRALE
ET DU TRÉSOR


La cathédrale de Paris est mentionnée dès le IVe siècle.
En 775, un acte de Charlemagne précise qu’elle est dédiée à la Vierge Marie, à saint Étienne et à saint Germain. Les reliques de saint Marcel, évêque de Paris mort en 435, rapatriées d’un faubourg avant 886 pour échapper aux invasions normandes, permettent à la cathédrale de rivaliser avec les prestigieuses abbayes de Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés et Sainte-Geneviève. Au XIIIe siècle, elles sont exaltées dans une grande châsse reliquaire monumentale d’or et d’argent, placée en hauteur au-dessus du maître-autel.
 
Texte du panneau didactique.
 
Vincent Antier ou Hantier  (1645-1725). Façade occidentale de la cathédrale Notre-Dame de Paris et son parvis en 1699. Plume et encre sur papier. Signé et daté. Bibliothèque nationale de France. Département des estampes et de la photographie.

Le trésor et le palais de l'évêque se trouvaient dans le passage à droite de la façade, tandis que le quartier où habitaient les chanoines, responsables du trésor, se trouvait à gauche, près de l'église Saint-Jean-le-Rond détruite en 1748.
- Paul Brunet (actif 1871-1913) d'après Jules Astruc (1862-1955). Croix du reliquaire de la Vraie Croix de Saint-Claude avec fragments de la croix d'Anseau. Paris, 1900. Trésor de Notre-Dame de Paris.
- François Isaac Bertrand, dit Bertrand-Paraud (1774-1832). Croix reliquaire avec parcelles du bois de la Croix et de la Couronne d'épines. Paris, vers 1820 et entre 1843 et 1869 (pied). Argent doré.
Trésor de Notre-Dame de Paris.
- Maurice Poussielgue-Rusand (1861-1933). Monstrance avec portion de la croix d'Anseau. Paris, 1901 (?). Argent doré, bois, verre, émaux.
Conservation des œuvres d'art religieuses et civiles de la Ville de Paris, église Saint-Ferdinand-des-Ternes.

* Une monstrance rend visible une relique.
LE PREMIER TRÉSOR

Le testament de la noble Ermentrude au VIe siècle contient la plus ancienne mention d’un objet précieux offert à la cathédrale : un grand plat en argent. Un manuscrit du Xe siècle énumère le contenu d’une «châsse de la Vierge» et donne une liste de reliques de l’évêque saint Germain déposées à la cathédrale en 625-626. Au début du XIIe siècle, Anseau, chanoine du Saint-Sépulcre, envoie de Jérusalem un fragment de la Vraie Croix dont le Bréviaire de Châteauroux représente rétrospectivement vers 1400 l’arrivée solennelle à Notre-Dame. De ce premier trésor ne subsistent plus aujourd’hui que quelques fragments de la relique d’Anseau.
 
Texte du panneau didactique
 
Crosse dite de Notre-Dame. Limoges, vers 1200. Cuivre émaillé et doré. Département des Monnaies, médailles et antiques. Bibliothèque nationale de France. © Bibliothèque nationale de France.

Entrée à une date inconnue à la Bibliothèque nationale de France, la crosse est considérée sans preuve comme l'une de celles trouvées en 1699 dans les tombes d'évêques à Notre-Dame.
 
Bague dite de Maurice de Sully. Département des Objets d’art. Musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre), Stéphane Maréchalle.
 
Cartel destiné au jeune public.
Scénographie
LE GRAND TRÉSOR GOTHIQUE

Le trésor des XIVe et XVe siècles, dont les inventaires donnent le détail, est abrité dans les armoires et les coffres d’un bâtiment dédié. Il a entièrement disparu, à l’exception de quelques livres enluminés et d’un vase antique en agate sculpté offert par la reine Isabeau de Bavière (vers 1371-1435) en 1425 et acquis plus tard par le peintre Pierre Paul Rubens (1557-1640). Le trésor gothique peut aussi être évoqué par quelques objets supposés trouvés lors de fouilles à Notre-Dame dans les tombes des évêques vers 1700 et au XIXe siècle.
 
Texte du panneau didactique
 
Attribué au graveur Nicolas Cochin (1610-1686). Procession de châsses de saint Marcel et sainte Geneviève le 11 juin 1652. Paris, vers 1652. Eau-forte. Paris, Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, collection jacques Doucet.

* Une châsse est un coffre renfermant les reliques d'un saint.


2 - LE TRÉSOR SOUS L’ANCIEN RÉGIME :
D’ACCROISSEMENTS EN DESTRUCTIONS

Scénographie

Du XVIe siècle à la Révolution, le trésor prend part aux grandes manifestations de la ferveur populaire, dans les rues de Paris pendant les processions et au sein de la cathédrale lors des grandes cérémonies qui rythment l’année liturgique. Chaque jour, le chœur de la cathédrale et ses chapelles s’emplissent des couleurs des ornements, du scintillement de l’orfèvrerie et des chants de la maîtrise : le trésor est au cœur de cette liturgie d’autrefois.
Son développement doit moins aux souverains, ordonnateurs de fontes fréquentes, qu’à l’intervention des chanoines, comme le peintre Rosso, concepteur du nouveau bâton cantoral en 1538, ou encore le chantre Michel Le Masle, donateur des nouvelles tapisseries du chœur entreprises à partir de 1638. Ainsi se renouvelle cet ensemble encore médiéval mais considérablement amoindri dans la seconde moitié du XVIe siècle avec les guerres de Religion. Le réaménagement du chœur de la cathédrale au début du XVIIIe siècle donne au trésor une ampleur inédite, mais difficilement mesurable aujourd’hui du fait de sa destruction, pendant la Révolution, à l’automne 1792.

 
Texte du panneau didactique
 
Giovanni Battista di Jacopo di Guasparre, dit Rosso Fiorentino (Florence, 1494 - Paris, 1540). Projet du bâton cantoral de Notre-Dame, 1538. Dessin à la plume et encre brune, lavis brun et jaune; inscription paraphée par deux notaires. Collection particulière. © Musée du Louvre.

Raphaël Chipault. Appelé par le roi François Ier (1515-1547) sur le chantier du château de Fontainebleau, l'artiste italien Rosso Fiorentino, surnommé «Maître Roux», a laissé peu de dessins liés aux arts décoratifs, d'où le grand intérêt de ce projet pour le nouvel insigne de dignité du chantre de la cathédrale. Le style de l'objet illustre le renouvellement du trésor à la Renaissance et démontre l'intérêt du chapitre pour les innovations artistiques.
 
Atelier de Simon Vouet (Paris, 1590 - 1649). Portrait du chanoine Michel Le Masle (1587-1662), grand chantre de Notre-Dame. Vers 1646. Huile sur toile. Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Grand chantre de Notre-Dame, chanoine chargé de la musique et des enfants de chœur, et ancien secrétaire du cardinal de Richelieu (1585-1642), Michel Le Masle fit don de ses livres à l'université de la Sorbonne en 1646. Ce portrait, copie du tableau exécuté à cette occasion pour la bibliothèque du collège, le présente au-devant du bâton cantoral, dessiné par l'artiste italien Rosso Fiorentino (1494-1540), qui fut utilisé jusqu'en 1792.
 
D'après Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802). Portrait du Chanoine Guillot de Montjoye (vers 1721-1783). Copie des années 1830. Huile sur toile. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Le chanoine François Guillot de Montjoye, du fait de sa charge d'intendant de la fabrique de Notre-Dame, suit le chantier de la reconstruction de la sacristie et du trésor. Il est représenté ici tenant entre ses mains le plan donné par l'architecte Jacques Germain Soufflot pour la sacristie.
Scénographie
L’IMPULSION ROYALE

Avec le règne de Louis XIII s’ouvre, au XVIIe siècle, une nouvelle période pour le trésor. Le couple royal, Louis XIII et Anne d’Autriche, d’une incontestable piété, offre des pièces d’orfèvrerie majeures à la cathédrale. Le roi déclare en 1638 «la bienheureuse Vierge Marie pour protectrice de ses États» et annonce la reconstruction du maître-autel.
Ce vœu royal n’est cependant concrétisé qu’à partir de 1699. Dans l’intervalle, le chœur de la cathédrale abrite à la fois la grande châsse médiévale d’or et d’argent de saint Marcel et une orfèvrerie baroque de dimensions impressionnantes. La suite des tapisseries de la tenture de La Vie de la Vierge en constitue l’écrin.
 
Texte du panneau didactique
 
Bernard Picart (Paris, 1673 - Amsterdam, 1733). Messe solennelle du cardinal de Noailles à Notre-Dame, 1725. Gravure à l'eau-forte.  Musées Carnavalet - Histoire de Paris.

Bernard Picart est un artiste protestant réfugié à Amsterdam. Son image montre l'archevêque Louis-Antoine de Noailles officiant sous le regard des effigies de marbre des rois de France Louis XIII (1610-1643) et Louis XIV (1643-1715) et met l'accent sur l'importance numérique du clergé et la somptuosité de la cérémonie.
Scénographie
UNE SPECTACULAIRE ORFÈVRERIE BAROQUE

Le trésor contribue à la transformation du maître-autel par des pièces d’orfèvrerie spectaculaires, comme la chapelle du cardinal Radziejowski, aujourd’hui à Gniezno en Pologne, ou le Grand Soleil, œuvre de l’orfèvre Claude Ballin offerte par le chanoine Delaporte en 1708. Mais cet ostensoir d’argent doré, voué à l’adoration de l’hostie consacrée par les fidèles, est si lourd (50 kg) qu’il est impossible de le sortir en procession.
Une version réduite (le Petit Soleil) est donc commandée à l’orfèvre Thomas Germain dix ans plus tard. Le trésor jette ainsi ses derniers feux avant les fontes de la guerre de Sept Ans (1756-1763), puis de la Révolution en 1792.
 
Texte du panneau didactique
 
Claude II Ballin, d’après des dessins de Robert de Cotte. Le grand soleil de Notre-Dame, illustration du Liber evangeliorum ad usum Ecclesiae metropolitanae Parisiensis, 1753. Peinture sur parchemin. Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits.
 
Claude II Ballin, d’après des dessins de Robert de Cotte. Le grand soleil de Notre-Dame, illustration du Liber evangeliorum ad usum Ecclesiae metropolitanae Parisiensis, 1753. Peinture sur parchemin. Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. © Bibliothèque nationale de France.

L'ostensoir, pièce d'orfèvrerie destinée à exposer l'hostie, est offert en 1708 par le chanoine de La Porte pour le maître-autel alors en cours de reconstruction. C'est à l'orfèvre parisien Claude II Balin (1661-1754) que revient la conception de cette spectaculaire composition inspirée de l'Apocalypse, haute de 1,62 m et pesant 50 kg d'argent massif.

* L'évangéliaire recueille les évangiles lus pendant la messe.
 
Jean Jouvenet (Rouen, 1644 - Paris, 1717). La messe du chanoine de La Porte, vers 1710. Huile sur toile (transposition en 1939). Musée du Louvre, département des Peintures. © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre), Michel Urtado.

Le généreux chanoine est représenté officiant devant le «grand soleil» dont il a financé l'acquisition. Les très hauts flambeaux de l'autel (1,12 m) sont ceux d'une riche chapelle commandée à l'orfèvre Guillaume Jacob par Augustyn Michal Stefan Radziejowski (1645-1705), cardinal, archevêque de Gniezno et primat (premier archevêque) de Pologne. Restée à Notre-Dame jusqu'en 1721, la chapelle, presque intacte, est aujourd'hui à Gniezno (Pologne).

* Une chapelle est un ensemble des objets de culte utilisés pendant la messe.

 
Thomas Germain (Paris, 1673 - Paris, 1748). Projet pour l'ostensoir de Notre-Dame, dit le «petit soleil», 1716. Plume et encre noire, lavis gris, sur papier plié et contrecollé. Beaux-Arts de Paris.

Le «petit soleil» est commandé à l'orfèvre Thomas Germain en 1716 pour les processions, car le «grand soleil» de Claude Ballin est si  lourd que personne ne peut le porter. Faute d'argent, les chanoines doivent modifier ce projet. Une image de l'ostensoir finalement réalisé figure en illustration de l'évangéliaire de 1753.

* Un ostensoir est une pièce d'orfèvrerie destinée à exposer l'hostie.
 
Etienne Compardel. Page de titre du volume 3/2 du Graduel de l’Église de Paris, 1669. Parchemin. Bibliothèque nationale de France, département de la musique. © Bibliothèque nationale de France.

Cet imposant graduel n'est qu'une partie du graduel manuscrit en sept volumes, richement illustré, qui fut commandé par le chapitre en 1668. Il était présenté dans le chœur sur un lutrin de bronze tout spécialement exécuté par l'orfèvre Jean-Claude Chambellan Duplessis (Turin, 1699 - Paris, 1774).

* Un graduel est un livre qui compile les chants entonnés pendant la messe.
Scénographie
L’INTERVENTION DE SOUFFLOT

En 1756, l’architecte du roi Jacques Germain Soufflot (1713-1780) est chargé de reconstruire le bâtiment abritant la sacristie et le trésor de Notre-Dame. Situé entre le flanc sud de la cathédrale et le palais épiscopal, l’ancien bâtiment gothique tombe en ruine et inquiète les autorités. Le nouvel édifice construit par Soufflot est traité dans le goût néo-classique sévère qu’il affectionne. Il comporte quatre niveaux où se déploient une sacristie et une salle dotée de huit armoires remplies d’objets que des guides imprimés décrivent en détail.
 
Texte du panneau didactique
 
Anonyme. Vue de la sacristie depuis la seconde cour de l’archevêché, 1771. Huile sur bois. Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Ce petit tableau pittoresque, animé de personnages, montre la façade est de la nouvelle sacristie, de trois travées verticales dont deux sont en léger avant-corps. Le palais épiscopal, l'abside de la chapelle et la tour de la prison médiévale sont visibles à gauche et le transept sud de la cathédrale à droite.
 
Philippe de Champaigne. Modelli de la tenture de la Vie de la Vierge. La Présentation de la Vierge au Temple. Département des Arts graphiques. Musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre), Michèle Bellot.
 
Charles Poërson (Vic-sur-Seille, vers 1609 - Paris, 1667). Esquisse pour le carton d'une pièce de la tenture de la Vie de la Vierge. Le repos pendant la fuite en Égypte, vers 1652. Huile sur toile. Musée Carnavalet - Histoire de Paris.© CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Les dix dernières pièces de la tenture ont été tissées d'après les cartons de Charles Poërson au cours des années 1650 et jusque vers 1660. La Vie de la Vierge décore le chœur aux jours de fête jusqu'à ce que les transformations architecturales entreprises par Robert de Cotte (1656-1735), effectives en 1708, rendent son usage obsolète. Elle est cédée en 1739 au chapitre de Strasbourg.


3 - DE LA RÉVOLUTION AU SACRE DE NAPOLÉON Ier :
DISPARITION ET RECONSTITUTION DU TRÉSOR

Scénographie

Le trésor est anéanti durant la Révolution.
Le 2 novembre 1789 est décrétée la nationalisation des biens du clergé. Le 3 mars 1791, les objets «inutiles au culte» sont confisqués et fondus. Les objets subsistants sont à leur tour transportés par charrette à l’Hôtel de Ville en août 1792, avant d’être fondus en octobre à l’hôtel de la Monnaie.
Le Concordat, accord signé le 15 juillet 1801 entre la France et la papauté, et la loi du 8 avril 1802 relative à l’organisation des cultes permettent le rétablissement du culte et rendent nécessaire la reconstitution d’un trésor. La célébration à Notre-Dame de la loi du 8 avril et surtout le choix de la «basilique métropolitaine» de Paris pour le sacre de l’empereur Napoléon Ier  du 2 décembre 1804, et non celle de Reims comme sous l’Ancien Régime, donnent à la cathédrale une prééminence nouvelle.
L’empereur veille à enrichir le trésor, par des dons ou par l’affectation de saisies de guerre.
L’archevêque Jean-Baptiste de Belloy obtient en 1804 l’insigne relique de la Couronne d’épines provenant du trésor de la Sainte-Chapelle, pour laquelle est commandé un imposant reliquaire en 1806.


 
Texte du panneau didactique
 
Attribué à Andrés de Villaroel (actif 1628-1645/1640). Calice. Madrid (Espagne), vers 1625-1635. Argent doré, or émaillé, émeraudes, topazes. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Ce calice a probablement été pris comme butin de guerre par les Français lors de l'occupation de la Vieille Castille en 1808, avant d'être offert au trésor de Notre-Darne sur ordre de Napoléon Ier en décembre 1809.
 
Jacques-Louis David (Paris, 1748 - Bruxelles, 1825). Dessin préparatoire pour Le Sacre ou Le Couronnement. Paris, 1805. Plume, encre noire, lavis gris. Fondation Napoléon, Paris.

Ce dessin montre encore le geste de l'empereur Napoléon s'auto-couronnant auquel David renonce finalement. Sur le maître-autel figure la garniture achetée en 1802, et, portées par des ecclésiastiques, la croix processionnelle et l'aiguière des offrandes, et par les maréchaux, les honneurs de Charlemagne (couronne, sceptre et épée).
 
Norbert Louis Legay (Mons, 1765 - Paris, 1842) d'après François Debret (1777-1850). Custode. Paris, 1814. Argent doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.

La custode en forme de châsse ou de coffret est offerte par le cardinal Maury, archevêque de Paris, pour servir aux cérémonies du Jeudi et du Vendredi saint.

* Une custode est un coffret à reliques dans lequel sont conservés des reliques ou des hosties.
 
Martin Guillaume Biennais (La Cochère, 1764 - Paris, 1843). Main de Justice du sacre de Napoléon Ier (à gauche), Paris, 1804. Ivoire, argent doré, or, pierres précieuses, perles. Musée du Louvre, département des Objets d'art.
 
Martin Guillaume Biennais (La Cochère, 1764 - Paris, 1843). Couronne aux camées, dite couronne de Charlemagne. Paris, 1804. Laiton doré, camées. Musée du Louvre. Département des Objets d’art. © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre), Jean-Gilles Berizzi.

Les «honneurs de Charlemagne» réunissent des insignes royaux anciens tels le sceptre rescapé de la Révolution, et d'autres créés pour le sacre de Napoléon Ier par l'orfèvre Biennais d'après des gravures figurant les insignes détruits, comme la main de justice et la couronne. Ils sont déposés au trésor de Notre-Dame après la cérémonie, de même que les honneurs impériaux, détruits sous la Restauration, lors du retour au pouvoir de la dynastie des Bourbons.
Scénographie
LES ENRICHISSEMENTS LIÉS AU SACRE
DE NAPOLÉON Ier

La préparation du sacre en 1804 suscite des achats pour le trésor, comme la croix et les chandeliers d’une garniture d’autel datant des années 1710-1720, ainsi que des commandes de paramentique (chapes, chasubles, tuniques…) et d’orfèvrerie liturgique dont subsistent encore quelques exemples.
Après la cérémonie, la cathédrale obtient la garde des manteaux impériaux, de la couronne de Joséphine (première épouse de Napoléon Ier), des insignes impériaux et des insignes, dits de Charlemagne, qui étaient avant la Révolution déposés à la basilique de Saint-Denis, ainsi supplantée par Notre-Dame comme lieu symbolique du pouvoir.
 
Texte du panneau didactique
 
Jean-Charles Cahier (Soissons, 1772 - Marseille, 1857). Anneau reliquaire de la sainte Couronne d’épines, 1806. Argent doré, cristal. Trésor de Notre-Dame de Paris.

En 1804, l'archevêque de Paris, Mgr de Belloy, obtient que soit transférée à Notre-Dame l’insigne relique de la Couronne d’épines provenant de la Sainte-Chapelle, alors déposée au Cabinet des médailles. L'anneau reliquaire était abrité dans le globe de la grande châsse de Cahier présenté à proximité.
 
Garniture d’autel dite du sacre de Napoléon Ier. Paris (?), vers 1710-1720. Bronze doré. Trésor de Notre Dame de Paris.

La croix et les six chandeliers, réputés provenir de la cathédrale d'Arras, sont acquis par le chapitre à la fin de l’année 1802, et placés sur le nouveau maître-autel achevé pour la fête de la Pentecôte 1803. Pour le sacre de Napoléon Ier, l'ensemble, initialement argenté, est doré.
 
Jean-Louis Périgne-Desmarais, dit Desmarais (Issoudun, 1781 - Paris, 1817). Chape de l’ornement du sacre de Napoléon Ier. Lyon, début 19e siècle (tissage), Paris, 1804. Drap façonné à fond d'or broché, soie polychrome, cannetille, satinette. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Le chasublier-brodeur Desmarais, fournisseur privilégié du chapitre et de l'archevêque, confectionne un ornement pour le sacre. On reconnaît sur le tableau de David la chape portée par un ecclésiastique italien. Endommagé lors du sac de 1830, l'ornement est restauré dans les années suivantes.
 
Jean-Charles Cahier (Soissons, 1772 - Marseille, 1857). Châsse reliquaire de la sainte Couronne d’Épines, 1806. Laiton dorée, tôle peinte. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

Sur un socle triangulaire, trois anges portent le globe surmonté d’une statue de la Foi et d’un lion. La châsse, dans le goût néoclassique inspiré de l'Antiquité, est commandée en 1806 à l'orfèvre Cahier pour abriter la relique de la Couronne d'épines. Démodée sous le Second Empire (1852-1870), elle sera remplacée par un nouveau reliquaire néogothique conçu par Eugène Viollet-le-Duc.
 
Raimund Laminit (actif de 1568 à 1600).  Paire de vases d'autel. Augsbourg (Allemagne), 1599-1600. Argent doré sous résille d'argent.  Trésor de Notre-Dame de Paris.

Ces vases font certainement partie du butin de guerre pris par les troupes françaises dans le sud de l'Allemagne pendant la guerre de la Cinquième Coalition (avril-octobre 1809). Ils sont offerts à Notre-Dame par Napoléon Ier avec d’autres pièces d'orfèvrerie, en décembre 1809.
 
Martin Guillaume Biennais (La Cochère, 1764 - Paris, 1843). Aiguière et bassin, Paris, vers 1804. Argent doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.
 
Orfèvre français anonyme. Aiguière et bassin, dits du cardinal de Belloy, vers 1640-1650. Argent. Trésor de Notre-Dame de Paris.


4 - LE TRÉSOR AU XIXe SIÈCLE :
DU PILLAGE AU RENOUVEAU

Scénographie

Patiemment reconstitué depuis 1802, le trésor profite, sous la Restauration (1814-1830), de l’étroite union entre le pouvoir royal et l’Église catholique. Il subit à nouveau d’importantes destructions lors de la révolution de Juillet 1830, avec le double pillage de l’archevêché et du trésor, puis lors de l’insurrection de février 1831.
Un concours pour la restauration de la cathédrale est organisé en 1843 et remporté par Jean-Baptiste Lassus (1807-1857) et Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879). Le projet inclut la reconstruction de la sacristie. Le bâtiment de style néo-classique de Jacques-Germain Soufflot avait été endommagé pendant les émeutes et ne donnait plus satisfaction au chapitre. La construction et l’aménagement intérieur ne sont achevés qu’en 1854 et le trésor prend place dans le nouveau bâtiment de style néo-gothique.
À partir de 1855, et surtout entre 1866 et 1869, Viollet-le-Duc est chargé de dessiner un mobilier liturgique et des reliquaires en harmonie avec le style de ce nouvel écrin.

 
Texte du panneau didactique
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Ostensoir-exposition, 1868. Bronze doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Le chanoine Deplace offre un «grand ostensoir d'exposition» pour le maître-autel. La monumentalité de cet ostensoir compense l'absence d’une véritable exposition. Il s’agit probablement d'éviter d'occulter la vue de l’abside. Sur des murailles crénelées symbolisant la Jérusalem céleste se dressent des anges soldats (huit à l'origine).
Scénographie
LA RESTAURATION :
UNE FOI PLUS OSTENTATOIRE


L’archevêque, Monseigneur de Quelen (1778-1839), multiplie cérémonies et processions à l’occasion du jubilé, année sainte décrétée par le pape pour 1826. Les reliques, notamment des saints apôtres ou de la Passion, sont solennellement mises en scène. Pour la clôture, le 15 août, la nouvelle statue de la Vierge en argent offerte par le roi Charles X (1824-1830) est portée par quatre valets de pied du roi, pour la procession traditionnelle du vœu du roi Louis XIII de 1638, rétablie par Louis XVIII (1814/1815-1824) dès 1814. En 1827 le trésor s’enrichit de la Vraie Croix et du saint Clou, provenant de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés à laquelle ils avaient été légués en 1683 par Anne de Gonzague de Clèves (1616-1684), princesse Palatine.
 
Texte du panneau didactique
 
Buste reliquaire de saint Pierre. Rome (Italie), avant 1825. Bronze doré, socle en marbre vert de mer. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Les deux bustes reliquaires (saint Pierre et saint Paul) sont offerts par le pape Léon XII (1823-1829) à l'archevêque de Paris, Hyacinthe Louis de Quelen (1778-1839) en 1825. Ils sont inspirés des bustes reliquaires exécutés par l'orfèvre romain Giuseppe Valadier (1762- 1839) pour l'église Saint-Jean de Latran à Rome. La translation des reliques à Notre-Dame a lieu le 15 février 1826 pour la messe d'ouverture du jubilé de 1826.
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après le Père Arthur Martin (Auray, 1807 - Paris, 1856). Chapelle du chanoine Deplace: calice et sa patène, ciboire, bassin et burettes. Avant 1865. Argent doré, micro-mosaïques, émail. Trésor de Notre-Dame de Paris.

En avril 1867, le chanoine Charles Deplace donne au trésor un calice et des burettes qui lui avaient été offerts en 1865 par l'empereur Napoléon III (1852-1870) ainsi qu'un ciboire. Cet ensemble dérive de la chapelle dessinée en 1850 par Arthur Martin, pionnier du style néo-gothique, pour l'évêque légitimiste de Moulins, Mgr de Dreux-Brézé.
 
Jean-Pierre Famechon (Paris, 1787 - Paris, 1856) d'après Adrien Louis Lusson (La Flèche, 1784 - Rome, 1864). Croix dite de la princesse Palatine. Paris, 1827-1828. Argent doré, or, cristal. Trésor de Notre-Dame de Paris.

La relique de la croix d'origine byzantine provenant de l'empereur Manuel Comnène, est léguée en 1684 à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés par Anne de Gonzague de Clèves (1616-1684), princesse Palatine, qui la tient de son beau-frère Jean Casimir, roi de Pologne (1648-1668). Cachée sous la Révolution, la relique est remise en 1827 à Mgr de Quelen qui commande un reliquaire offert au chapitre.
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Grande croix de procession. Bronze doré et émaillé. Trésor de Notre-Dame de Paris.
Scénographie
LES SOURCES D’ENRICHISSEMENTS
DU TRÉSOR AU XIXe
SIÈCLE

Charles X (1824-1830), bien qu’il soit sacré à Reims, octroie en 1825 une somme destinée à confectionner un important ornement liturgique (chapes, dalmatiques, chasubles…) pour Notre-Dame. Louis-Philippe (1830-1848) offre un ensemble de vêtements liturgiques à l’occasion de la naissance du comte de Paris en 1838 et Napoléon III (1852-1870) pour le baptême du prince impérial en 1856.
Les archevêques et les chanoines sont à l’origine de nombreux dons, comme en témoignent les ensembles d’objets des chapelles de messe du cardinal Morlot et du chanoine Deplace, ou la mitre de Mgr Sibour. Des particuliers peuvent également se montrer généreux, comme la mystérieuse marquise de Neuchèze qui lègue en 1864 quatorze reliquaires à la cathédrale.
 
Texte du panneau didactique
 
Reliquaire légué par la marquise de Neuchèze, vers 1850. Bronze doré, agate, cornaline, verre. Trésor de Notre-Dame de Paris.

En 1864, la marquise de Neuchèze (1804-1864) lègue quatorze reliquaires, dont ce reliquaire monstrance, créé dans le style gothique par un faussaire de Metz. Le modèle trompe l'architecte Viollet-le-Duc et l'érudit Adolphe Didron (1806-1867), qui le publient dans leurs écrits comme médiéval.
Jean-Charles Cahier (Soissons, 1772 - Marseille, 1857). Chapelle du cardinal Mormot: aiguière et son bassin, burettes et leur plateau, chrémier, son plateau, bougeoir, clochette. Paris, avant 1830. Argent doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.

François Nicolas Madeleine Morlot, cardinal depuis 1853, grand aumônier de l'empereur Napoléon III (1852-1870), archevêque de Paris à partir de 1857, lègue à la fabrique de Notre-Dame une grande chapelle qui porte ses armes.

* Une chapelle est un ensemble des objets de culte utilisés pendant la messe.
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Grand Ostensoir et son thabor, 1867. Argent doré, pierres précieuses; bronze doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Viollet-le-Duc s'inspire de précédents médiévaux pour dessiner ce grand ostensoir avec ces anges balançant des encensoirs. Les rayons naissent d'un quadrilobe orné des symboles des quatre évangélistes. L'ostensoir est présenté par l'orfèvre Poussielgue-Rusand à l'Exposition universelle de 1867.

* Un thabor est un présentoir.
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Grand Ostensoir, 1867 (détail, voir l'ensemble ci-contre). Argent doré, pierres précieuses; bronze doré. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.
Scénographie
EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC ET LE TRÉSOR

«Dans son zèle à restaurer la vieille cathédrale, le vaillant architecte ne pouvait oublier qu’à une église du XIIIe siècle il faut un mobilier du même âge ou du moins du même style», écrit l’historien de l’art Paul Mantz dans un article sur le trésor en 1868. Le trésor de Notre-Dame réunit en conséquence un ensemble exceptionnel d’œuvres exécutées par les orfèvres Jean-Alexandre Chertier ou Placide Poussielgue-Rusand d’après des dessins de Viollet-le-Duc. Ceux-ci témoignent de l’extraordinaire inventivité de l’architecte alliée à une subtile connaissance des œuvres gothiques.
 
Texte du panneau didactique
 
Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Projet de colombe pour contenir les Saintes Huiles, mars 1866. Plume et aquarelle. Société des Amis de Notre-Dame de Paris.
 
Jean-Alexandre Chertier (Paris, 1825 - Paris, 1890) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Chrémier en forme de colombe pour les Saintes-Huiles, 1866. Argent doré, émail champlevé. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

Pour le vase aux saintes huiles, Viollet-le-Duc s'inspire de l'aigle créé à l'instigation de l'abbé Suger pour la basilique de Saint-Denis, aujourd'hui au Louvre. L'oiseau se dresse de même dans une position très verticale, avec les ailes le long du corps, découvrant le ventre, orné d'une croix décorée de fleurons et de rinceaux, émaillés à la façon de Limoges.

* Un chrémier est un vase contenant les huiles sacrées utilisées lors des rituels.
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines, 1862. Argent doré, cristal, pierres précieuses et semi-précieuses. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

Si la partie supérieure du reliquaire adopte la forme d'une couronne fleurdelisée comme le reliquaire qui abritait au 13e siècle la couronne d'épines à la Sainte-Chapelle, à la partie inférieure trônent les personnalités liées à l'histoire de la relique: sainte Hélène, mère de l'empereur chrétien byzantin Constantin (310-337), qui avait «inventé», c'est-à-dire découvert la croix à Jérusalem, le roi Baudoin II (1228-1261), empereur latin de Constantinople (Istanbul, Turquie actuelle) qui cède à saint Louis (1226-1270) les saintes reliques, lequel les rapporte à Paris en 1239.
 
Jean-Alexandre Chertier (Paris, 1825 - Paris, 1890) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Buste reliquaire de saint Louis, entre 1867 et 1869. Argent, âme de bois, émail, cabochons de verre. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

Pour le modèle, Viollet-le-Duc se réfère avec fidélité au chef-reliquaire de saint Louis de la Sainte-Chapelle. L'orfèvre Chertier applique une technique qu'il préconisait pour les œuvres d'inspiration médiévale: une feuille d'argent travaillée au repoussé est appliquée sur une âme en bois et fixée par des petits clous.
 
Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc, Dessin du Reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines. Musée d'Orsay. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay). Hervé Lewandowski.
 
Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Projet pour le reliquaire de la Vraie Croix et du Saint Clou, 1862. Aquarelle, rehauts de gouache sur papier contrecollé sur carton. Médiathèque du Patrimoine et de la photographie.
 
Placide Poussielgue-Rusand (Paris, 1824 - Paris, 1889) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Reliquaire du clou et du bois de la Croix, 1862. Argent doré, cristal, perles, diamants et pierres semi-précieuses. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

Alors qu'il était initialement prévu de réunir en un seul reliquaire les reliques de la Couronne d'épines, du Clou et de la Croix, un reliquaire distinct est finalement commandé en février 1862 pour le Clou et la Croix. Les anges qui portent la croix sont modelés par le sculpteur Geoffroy-Dechaume dans le style du 13e siècle.
Scénographie
 
Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Projet pour deux baisers de paix pour l'autel majeur, 2 avril 1867. Plume et aquarelle sur papier. Société des Amis de Notre-Dame de Paris.
 
Jean-Alexandre Chertier (Paris, 1825 - Paris, 1890) d'après Eugène Viollet-le-Duc (Paris, 1814 - Lausanne, 1879). Trois canons d’autel, 1867. Argent doré. Trésor de Notre-Dame de Paris.
Scénographie
 
Charles Nicolas Odiot (Paris, 1789 - Paris, 1868). Vierge à l’enfant dite de Charles X, Paris, 1826. Argent repoussé. Trésor de Notre-Dame de Paris. © Musée du Louvre, Guillaume Benoit.

En 1821, un premier projet de don par le roi Louis XVIII (1814/1815 - 1824) d'une statue de Vierge à l'Enfant était resté sans suite. À l'instigation de l'archevêque, le roi Charles X (1824-1830) accepte d'en financer l'exécution en 1826. Le choix de l'argent repoussé est motivé par la nécessité de légèreté pour une statue portée en procession. La statue, jetée par la fenêtre par les émeutiers en 1831, est restaurée en 1856.
 
D'après les dessins de Jean-Baptiste Lassus (Paris, 1807 - Vichy, 1857). Mitre (et son porte-mitre) et étole de Monseigneur Sibour. Paris, 1850. Drap de soie brodé, soie, fils d'argent, perles, pierreries. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Marie Dominique Auguste Sibour, archevêque de Paris, est assassiné dans l'église Saint-Étienne-du-Mont en 1857. Il lègue sa mitre et son étole, dessinées par l'architecte Lassus dans le style gothique du 13e siècle.
 
Grand Frères (soierie). Chape.  Lyon, 1837-1838. Soierie façonnée à fond de satin blanc broché soie polychrome et or, cannetille. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Ce vêtement liturgique est offert par l'empereur Napoléon III (1852-1870) à Notre-Dame à l'occasion du baptême de son fils, le prince impérial. Le brocart or sur fond de satin blanc à décor de fleurs de grenade avait été commandé à la demande de la reine Marie-Amélie, épouse du roi Louis-Philippe (1830-1848), presque vingt ans plus tôt, en 1837 au fabricant lyonnais Grand Frères.
 
Mathevon Jacques et Bouvard Frères, Petit Didier (soierie). Chape de l’ornement offert par Charles X. Lyon et paris, 1825. Drap d'or. Trésor de Notre-Dame de Paris.

Après son sacre à Reims en 1825, Charles X accorde à la cathédrale parisienne une somme de 25 000 francs, employée à la commande d'un ornement (chapes, chasubles, dalmatiques, étoles, manipules ...). La confection est confiée aux soyeux lyonnais qui ont fourni les étoffes du sacre pour le drap d’or à décor de lys, pivoines et branches de chêne. L'ensemble, endommagé lors des sacs de 1830 et 1831, est remodelé pour le baptême du prince impérial en 1856.