Parcours en images de l'exposition

JEAN-JACQUES LEQUEU
Bâtisseur de fantasmes

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°473 du 20 février 2019


 

Entrée de l'exposition

 

 

1 - Le désir d'être reconnu

Scénographie
Le désir d’être reconnu

À la fin du XVIIIe siècle, la mode est au portrait. Le genre reflète bien le narcissisme et les ambitions des élites. À partir de la Révolution, on s’applique aussi à trouver les moyens d’identifier les individus suspects, à décoder chaque visage. Les études sur la physionomie abondent.
Lequeu n’échappe pas à son temps ni à son statut. Il a soif de reconnaissance. Nombreux sont les indices laissés par le dessinateur-architecte : autobiographies, articles de journaux rédigés par lui, travaux pratiques et théoriques, profils en silhouette et autoportraits. Il se met en scène afin de donner une image favorable de lui-même : un esprit pétri de références littéraires, artistiques et scientifiques. Parallèlement, sa série de grimaces témoigne de sa recherche sur le tempérament et les émotions des individus.
Le caractère paradoxal de Lequeu a fait l’objet d’interprétations physionomiques et d’analyses psychanalytiques. Les historiens voient en lui un esprit extravagant, curieux de tout. Son imagination a paru féconde ou maladive. Il est qualifié tour à tour de maniaque, névropathe, pervers ou encore de petit employé de bureau. Même si peu d’architectes ont laissé autant d’autoportraits, Lequeu garde sa part d’ombre.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Autoportrait. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Le grand bailleur. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Jeune homme faisant la moue. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Le Borgne grimacier. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Autoportrait, 1793. BnF, département des Estampes et de la photographie.
2 - Un architecte de papier
Scénographie
Un architecte de papier

Destiné aux métiers du bâtiment par un entourage familial de menuisiers et de charpentiers, Lequeu reçoit une solide formation de dessinateur technique au sein de l’école gratuite de dessin de Rouen.
Il est doué et, recommandé par ses professeurs, il trouve d’abord à se placer auprès d’architectes. Le grand Soufflot, alors occupé par le chantier de l’église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon), accepte de l’employer en 1779 dans ses bureaux parisiens.
La mort, en 1780, de ce premier protecteur fait s’évanouir les ambitions du jeune homme. Lequeu, dans les années qui précèdent la Révolution, peine à obtenir des engagements. Il tente, à la même époque, de répondre, pour son propre compte, à des commandes. Ses projets d’églises, hôtels particuliers ou maisons de plaisance n’aboutissent pas ou, signe des temps troublés qui s’annoncent, sont interrompus. Pourtant, il ne renonce jamais à sa vocation d’architecte et jusque dans ses dernières années, il continue de proposer aux autorités des idées de monuments, toutes refusées. C’est grâce à sa science de dessinateur qu’il assure sa subsistance, dans les bureaux du Cadastre et à l’École polytechnique, nouvellement créés par la Révolution. Sa connaissance méticuleuse des techniques de la géométrie, de la perspective et du lavis y fait merveille pour l’établissement de cartes ou la représentation de mécanismes. Crayons, plumes et pinceaux deviennent alors les uniques outils d’un architecte sans chantiers.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Hôtel de Montholon, projet de poêle pour l’escalier d’honneur, 1785. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Cercle répétiteur de Borda, vers 1795. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Hôtel Montholon. Projet de salon. BnF, département des Estampes et de la photographie. Credit : BnF.
Scénographie
 
Temple de la terre de Jean-Jacques Lequeu. Maquette-coupe en frittage de poudre. Maquettiste : Guillaume Coupez. Fabrication Erpro & Sprint. Échelle 1/100. Diam. 14 cm.
 
Claude-Nicolas Ledoux. Œil reflétant l’intérieur du théâtre de Besançon, 1804. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Façade de la pompe à feu et intérieur de la laiterie.
BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
Scénographie avec citation de Jean-Jacques Lequeu.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Frontispice de la Nouvelle méthode appliquée aux principes élémentaires du dessin. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Machine à tirer de l’eau du fossé pour être conduite à tous les étages du château. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Projet de théâtre royal, 1814. Architecture civile, pl. 45. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Détail de l’intérieur d’une salle de théâtre. Architecture civile, pl. 49. BnF, département des Estampes et de la photographie.
3 - Jardin secret
Scénographie
Jardin secret

Les dessins réunis par Lequeu sous le titre Architecture Civile peuvent se lire comme un journal intime.
À l’origine, l’artiste imagine créer un manuel d’étude et de pratique du dessin d’architecture. Rapidement, il le transforme en un jardin idéal peuplé de souvenirs et de récits écrits.
Ce territoire d’imagination, intimiste, est une curieuse cuisine. La manifestation d’un esprit rare plus ou moins tourmenté. D’un dessin à l’autre, les édifices sont reliés ou non aux suivants. L’oeil pénètre dans des grottes, des souterrains où l’eau, le feu et l’air offrent un parcours de sensations étonnantes. Le végétal y rencontre le règne animal et le monde minéral.
Au gré de ses lectures, Lequeu forme un réservoir de lieux. Le spectateur plonge ainsi dans l’univers effrayant des rituels d’initiation maçonniques ou des cérémonials grecs et égyptiens. Il suit les aventures du héros du Songe de Poliphile pour être ensuite précipité dans les récits des Métamorphoses d’Ovide.
Il quitte alors les fables des Anciens pour pénétrer dans la littérature contemporaine du poète Dorat ou du naturaliste Buffon. Son Histoire naturelle en 36 volumes, somme de tout le savoir sur les sciences naturelles, est précieuse pour écrire les longues énumérations que Lequeu retranscrit dans les marges de ses dessins.
L’architecte-dessinateur aime à manipuler le sens de l’image pour créer sa propre fiction. Avec ironie, il n’hésite pas à mêler mythologie et récits bibliques. Dans son univers cosmopolite, le paysage, son jardin secret, joue le premier rôle.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Arcades de boutique, fontaine et pont, 1785. Architecture civile, pl. 23. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). L’Île d’amour et repos de pêche.
BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
Scénographie
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Temple de la Devination, qui forme le fond septentrional de l’Elisée. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Bosquet de l’Aurore. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
4 - Le parc aux chimères
Scénographie
Le parc aux chimères

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’aristocratie européenne se détourne des jardins à la française, qui emprisonnent la nature dans des parterres de broderie et de strictes perspectives. Elle leur préfère désormais l’irrégularité des jardins à l’anglaise, qui s’inspirent de la campagne, voire de paysages plus sauvages. Conçus comme une succession de tableaux, qu’on pourrait croire créés par le pinceau du peintre, ils s’enrichissent de «fabriques», fausses ruines et édifices imités de l’Antiquité ou des contrées lointaines, en particulier de la Chine. Le jardin devient ainsi une sorte de cabinet de curiosité en plein air, où, selon l’abbé Delille (1782), l’on « enferme […] les quatre parts du monde». Il doit aussi être un miroir de l’âme humaine et, dans les bosquets ornés d’autels ou de temples, on rend un culte à l’Amitié, à l’Amour ou à la Sagesse. Ailleurs, un kiosque invite au plaisir, un tombeau incite à la méditation.
Certes, pour dessiner ses fabriques, Lequeu s’inspire de modèles existants, qu’il a glanés dans les livres d’architecture ou les recueils de gravures. Mais, libéré de la contrainte de devoir réellement bâtir ses singuliers édifices, il en fait des objets de pure imagination, qui mêlent, non sans humour parfois, souvenirs et fantasmes.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Le Vieux Château et la pompe à vent. Architecture civile, pl. 47. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie avec citation de Jean-Jacques Lequeu.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). « Le rendez-vous de Bellevue », Porte de l’hermitage, vide-bouteille du désert et rendez-vous de Bellevue. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Le Bain froid des Naïades et navire pour les fêtes de Neptune, 1796-1797. Architecture civile, pl. 42. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826).
« La porte de sortie du Parc des plaisirs, de la chasse et du prince » et « L’étable vache tournée au midi sur la fraîche prairie ».
L’Étable et la porte du parc des plaisirs de la chasse.
BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
5 - Lumières et ombres de l'histoire
Scénographie
Lumières et ombres de l’histoire

La vie de Lequeu s’inscrit dans un temps politique. Ses projets de temples, d’arcs de triomphe, de colonnes ou de monuments commémoratifs témoignent de la versatilité de ses opinions politiques, reflet des gouvernements successifs de cette époque troublée. Ce rapport au pouvoir est typique de son époque.
Si sous l’Ancien Régime, Lequeu travaille pour une clientèle aristocratique, il adhère aux nouveaux idéaux de la Révolution de 1789. En tant que dessinateur-architecte, il est chargé de l’aménagement de certaines fêtes révolutionnaires. Garde national, Lequeu sera également membre de la Société populaire et républicaine des arts, assemblée patriote qui épouse l’idéologie violente de la Terreur. Aux concours d’architecture de l’an II, il expose à plusieurs reprises dans la salle de la Liberté.
Pour élaborer ses projets, le dessinateur s’égare dans les ouvrages des auteurs de l’Antiquité tels que Plutarque, ou dans ceux de ses contemporains, auteurs de l’Encyclopédie, de dictionnaires, d’un ouvrage sur la Bastille…Il s’applique à rendre les moindres petits ornements, inscriptions, motifs, attributs et symboles de la République. Son souci de précision et de perfection tourne à l’obsession. Il aime le complexe, l’anecdotique, la fantaisie et refuse de se plier aux codes académiques. L’homme ne renonce jamais à ses ambitions. Sous l’Empire, il espère toujours décrocher une commande publique – le futur Palais impérial ou l’église de la Madeleine. Il propose aussi de compléter des édifices préexistants comme l’Arc de triomphe de l’Étoile. Mais ses contemporains restent indifférents. Lequeu demeure toujours dans l’ombre.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Le Despote, vers 1790. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie

 

Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Porte du Parisis, 1794. Architecture civile, pl. 74. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Brutus assassin en fils de César. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
Scénographie
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Chat de la liberté, vers 1804. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Élévation d’un temple à l’Égalité, pour le jardin du philosophe. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BNF.
6 - Rêveries d'un architecte solitaire
Scénographie
Rêveries d’un architecte solitaire

Il y a chez Lequeu une obsession érotique, que l’on devine issue d’une frustration. Elle s’exprime frontalement dans un ensemble de dessins que la Bibliothèque royale a rapidement séparés du reste du fonds et enfermés dans son « Enfer » à l’accès restreint, sous le titre de «Figures lascives». Elle est également présente, de manière plus ou moins lisible, dans les dessins d’architecture. Architecture et sexualité semblent d’ailleurs indissociables chez cet artiste qui donne à certains murs la douceur crémeuse d’une peau et aux corps une fixité de marbre. En imaginant le parc de son Architecture civile, il se ménage un lieu où il peut exprimer, sous la forme de petites scènes érotiques, tous ses désirs et tous ses fantasmes.
L’époque et la société où vit Lequeu sont dominées par la puissance masculine. Sans surprise, le thème du phallus est donc omniprésent dans son oeuvre, souvent lié à la figure de Priape, le dieu antique de la fertilité. Au XVIIIe siècle, des fouilles archéologiques en Italie du Sud ont mis au jour des objets destinés au culte de ce dieu, connus des amateurs grâce des publications abondamment illustrées, que l’artiste a manifestement consultées.
Ses représentations de corps féminins oscillent entre l’idéalisation de la statuaire grecque et un naturalisme anatomique parfois direct. Pense-t-il, en surprenant les femmes dans leur intimité, en représentant des organes sexuels en gros plan, qu’il parviendra à percer le mystère de l’origine de son monde ?
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). La Bacchante. BnF, département des Estampes et de la photographie. Credit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). La Guinguette et le hamac d’amour (ensemble et détail). Architecture civile, pl. 72.
BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Ce qu’elle voit en songe (ensemble et détail).
BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
Scénographie
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Et nous aussi nous serons mères ; car… BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit : BnF.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Je promets, 1797-1798. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). La Baigneuse. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). L’œil de bœuf de l’alcôve, 1797-1798. BnF, département des Estampes et de la photographie.
Scénographie avec citation de Jean-Jacques Lequeu.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Étude de nu féminin de trois quarts. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Agdestis, fils de Jupiter. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Étude de nu féminin dans un lit, 1793-1794. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Étude d’une fille, 1793-1794. BnF, département des Estampes et de la photographie.
 
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826). Il est libre, détail. BnF, département des Estampes et de la photographie. Crédit BnF.
 
Panneau à l'entrée de l'espace consacré aux dessins à caractère sexuel.

Biographie de Jean-Jacques Lequeu