GALLEN-KALLELA
Mythes et nature

Article publié dans la Lettre n°547 du 11 mai 2022



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

GALLEN-KALLELA. Mythes et nature. Après la somptueuse rétrospective que le musée d’Orsay avait consacré à Akseli Gallen-Kallela (1865-1931) en 2012 (Lettre n°337), le musée Jacquemart-André nous permet d’approfondir deux des thèmes majeurs de cet artiste, sa relation toute particulière à la nature et son intérêt pour la mythologie scandinave. Près de soixante-dix œuvres issues de collections publiques et privées, dont celle du musée Gallen-Kallela d’Espoo, nous éclairent sur ce sujet. Bien sûr, c’est aussi avec plaisir que nous revoyons ces grands chefs-d’œuvre de Gallen-Kallela que sont La Légende d'Aïno (1888-1889), peinte en vue de l’Exposition universelle de 1889, et Ad Astra (1907).
Axel Gallén, né à Pori, ville du Sud-Ouest de la Finlande, rattachée jusqu’en 1917 à l’Empire russe, prit le nom à la consonance finnoise d’Akseli Gallen-Kallela en 1907. Comme son aîné Albert Edelfelt, qui l’aide lors de ses séjours à Paris, il milite pour l’indépendance de son pays. Comme on le voit tout au long du parcours, Gallen-Kallela est un artiste qui utilise toutes sortes de techniques et de supports allant jusqu’à la réalisation de meubles et de tapis.
La première salle, « Les débuts naturalistes », nous présente le grand triptyque, La Légende d'Aïno et d’autres tableaux marqués par un style naturaliste, comme ceux de Jules Bastien-Lepage (Lettre n°269) qu’il admire. Citons son Autoportrait au chevalet (1885), la Femme qui cuit du poisson (1886), l’émouvant Souffrance muette (1889) et cette scène amusante montrant un jeune garçon observant sans être vu des jeunes filles en train de se baigner (Le Faune, 1904).
La deuxième section « Kalela, la maison-atelier » évoque cette demeure qu’il fit construire en 1894 à 200 km d’Helsinki, dans une région peu peuplée, concevant l’architecture et la décoration, comme le montre ce tapis dessiné en 1902. Des vues de la maison, en hiver, au printemps, en automne, ou encore au clair de lune, nous montrent l’attachement qu’il avait pour cette demeure où il mit en œuvre de nouvelles techniques artistiques comme la gravure ou le vitrail. On le voit encore plus précisément dans la salle suivante « Botanique nordique » avec ces quatre gravures sur bois, La Mort et la fleur (1896), obtenues avec les cinq mêmes plaques mais en variant les couleurs. Dans cette salle on découvre de nombreuses gouaches et aquarelles représentant des branches d’arbres, comme les pins ou les saules, qu’il utilisa pour décorer, à la fresque, de 1901 à 1903, le mausolée de la jeune Sigrid Jusélius. Ce mausolée ayant été ravagé par un incendie, seules subsistent les études préparatoires.
Dans les années 1890, Gallen-Kallela se passionne pour les légendes ancestrales du Kalevala. Il remplace ses modèles paysans par des figures mythiques comme La Défense du Sampo (1895), La Vengeance de Kullervo (1896) ou  la Mère de Lemminkäinen (1905). Sa Rivière des morts (1893) s’inspire, quant à elle, de la célèbre Île des morts d’Arnold Böcklin.
Avec « Cosmos » nous arrivons, à mi-parcours, dans une salle baignée par le symbolisme cosmique puisé dans les œuvres de Pythagore et de Flammarion, dont les ouvrages conjuguent astronomie et pensée spirituelle. Cosmos (1902) fait partie du projet pour le mausolée de Sigrid Juselius tandis qu’Ad Astra (1907), représentant une jeune fille portant les stigmates du Christ, fait la fusion entre éléments chrétiens et concepts théosophiques.
Les dernières salles sont consacrées aux paysages. Dans la sixième et la septième, « Paysages de silence », ce ne sont que des paysages d’hiver, des forêts sous la neige, des lacs gelés ou encore les traces d’un lynx dans la neige (La Tanière du lynx, 1906). Ces sujets étonnèrent beaucoup les artistes finlandais vivant à Paris, encore fidèles au symbolisme. Une toile détonne au milieu de celles-ci. En effet, Les Skieurs, Akseli et Jorma Gallen-Kallela (1909) est la réponse de Gallen-Kallela au fauvisme et à Gauguin, le maître de la couleur.
Le parcours se termine avec « La nature en majesté » où l’on voit d’une autre façon l’intérêt que porte Gallen-Kallela à la nature encore préservée des ravages de l’industrie du bois et du papier au début du XXe siècle. Cette fois, ce sont les saisons intermédiaires qu’il privilégie peignant des lacs de toute beauté, Paysage sauvage de lac (1892),  Lac Keitele (1905), Nuit de printemps (1914), même si parfois des nuages d’orage menacent à l’horizon. Une exposition splendide qui nous invite au voyage. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 25 juillet 2022. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection