AKSELI GALLEN-KALLELA (1865-1931)
Une passion finlandaise

Article publié dans la Lettre n° 337
du 27 février 2012


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AKSELI GALLEN-KALLELA (1865-1931). Une passion finlandaise. Le Musée d’Orsay inaugure ses nouvelles salles d’exposition temporaires en rendant hommage à l’artiste considéré comme l’un des plus emblématiques du génie finlandais au tournant des XIXe et XXe siècle. C’est la première exposition monographique consacrée, en France, à cet artiste qui fit son apprentissage à Paris, à l’Académie Julian et à l’atelier de Fernand Cormon, participant à plusieurs Salons de la société des artistes français de 1886 à 1889.
Le parcours de Gallén fait de lui un artiste polymorphe, explorateur de nombreuses techniques, la peinture mais aussi le dessin, la gravure, la fresque, l’illustration et les arts décoratifs. Son style évolue à diverses reprises. Il est tout d’abord relié au naturalisme français (Fernand Cormon, Jules Bastien-Lepage, …). Une crise morale l’incite ensuite à se renouveler, à simplifier son langage et à y introduire une composante décorative, en grande partie inspirée par l’art populaire finlandais. Les courants symbolistes et synthétiques qui animent l’avant-garde française et allemande et un voyage qu’il fait en Italie en 1898, au cours duquel il découvre les fresques du Trecento, lui permettent d’approfondir un style qui triomphe dans les grandes compositions kalevaléennes du tournant du siècle.
Le parcours de l’exposition, découpée en neuf parties bien distinctes, rend compte de la diversité, de l’évolution et du foisonnement artistique de cet artiste. On commence par Paris où il fit trois séjours de 1884 à 1889, souffrant du mal du pays malgré la présence d’un cercle d’amis étendu. Il peint des nus, la spécialité de l’Académie Julian, dont le célèbre Démasquée (1888), des scènes de rue (Boulevard parisien, 1885), des portraits et même son autoportrait (Autoportrait au chevalet, 1885). La section suivante est consacrée aux portraits de personnages de la grande bourgeoisie finlandaise comme Portrait de Gustav Adolf Serlachius, industriel, 1887, Portrait de famille du mathématicien E.R. Neovius, 1886, celui-ci représenté dans la pénombre tandis que sa fille est inondée de lumière et qu’un portrait de sa femme est accroché au mur derrière cette dernière, ou encore le portrait de sa jeune épouse (Mary Gallén dans un paysage rocheux, 1893). Vient ensuite une section consacrée aux paysans et à la vie rurale, dans un style très naturaliste, où il peint aussi des clair-obscur évoquant Rembrandt et des scènes typiquement finlandaises (sauna, réunion de famille, etc.). Dans la quatrième section nous voyons des paysages finlandais dont un, les Rapides à Mäntykoski, 1892-1894, associe au moyen de cinq cordes d’or partageant le tableau, la musique et la chute d’eau. Dès 1902, sous l’influence des mouvements allemands Phalanx, puis Die Brücke, les paysages de Gallén acquièrent des couleurs scintillantes et deviennent très stylisés (Roses blanches, 1906).
Après une section consacrée au symbolisme où l’on remarque tout particulièrement Ad Astra, 1894, interprétation personnelle de la résurrection biblique, et Symposium, 1894 qui symbolise le mystère de l’art, vient une section consacrée à l’illustration que Gallén donne de cette célèbre épopée finlandaise, le Kalevala, publiée en 1835 par Elias Lönnrot à partir d’anciens poèmes finnois. Le style de Gallén évolue du naturalisme (La Légende d’Aino, 1891) à une représentation où dominent l’exagération des couleurs et les décors stylisés (Le Rapt du Sampo, 1905). La salle suivante évoque Le Mausolée Juselius, construit en mémoire de la fille unique de celui-ci, morte à l’âge de 11 ans, décoré à la fresque par Gallén. On y voit six études pour ces fresques détruites par un incendie et restituées en 1930 par Jorma Gallen-Kallela.
La huitième section met à l’honneur les arts décoratifs qui intéressèrent particulièrement Gallén lorsqu’il se fit construire sa maison-atelier Kalela, en dessinant lui-même les aménagements et en construisant les meubles, dans le courant de L’Art total. Il conçoit la Chambre Iris, présentée au sein du pavillon finlandais à l’Exposition universelle de Paris en 1900, pavillon qu’il décore de grandes fresques très remarquées. Cette chambre Iris comme le motif ryijy Flamme, qu’il crée également, marquent l’acte de naissance de l’art finlandais pour le public international.
En 1907 le Parlement finlandais est élu pour la première fois au suffrage universel. Gallén prend le nom finnois de Gallen-Kallela. L’année suivante, les autorités russes dissolvent le Parlement. Souffrant de cette situation, il s’en va. Après un séjour à Paris, l’artiste part avec sa famille dans l’actuel Kenya. Il en ramène une œuvre expressionniste considérable (Deux guerriers Masaï, 1909 ; Rhinocéros et euphorbes, 1910). Une formidable exposition à ne pas manquer. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 6 mai 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.


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