Parcours en images de l'exposition

DEGAS A L'OPÉRA

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°488 du 16 octobre 2019




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Entrée de l'exposition
Scénographie

Degas à l'opéra

Dès les années 1860, et jusqu’à ses oeuvres ultimes, après 1900, Degas fait de l'Opéra le point central de ses travaux. Il en explore les divers espaces et s'attache à ceux qui les peuplent, danseuses, chanteurs, musiciens, spectateurs, abonnés hantant les coulisses. S’il traite parfois d’autres sujets, l’Opéra est continûment présent. Cet univers clos, qui n’offre à travers les fenêtres voilées ou aveuglantes des salles de danse que de rares échappées vers l'extérieur, est un microcosme aux infinies possibilités. Il permet toutes les expérimentations et irradie vers l'ensemble de son oeuvre : multiplicité des points de vue suscitant des cadrages inusités, diversité des éclairages, opposition entre la fosse obscure et le théâtre illuminé, étude du mouvement et de la vérité du geste, rapprochement aberrant des corps en « belles grappes », que Degas apprécie tant. L'Opéra devient un laboratoire où la diversité des sujets entraîne la recherche du médium le plus approprié à les traduire, peinture, pastel, dessin, sculpture, gravure, monotype...
L'Opéra est pour l’artiste une source inépuisable de motifs constamment disponibles. Mais ce temple du factice et de l'illusion est aussi un exact équivalent de son art comme le rapporte Paul Valéry : « Il disait toujours que l'art est une convention, que le mot Art implique la notion d'artifice » ; et Degas, plus abrupt : « On voit comme on veut voir ; c'est faux ; cette fausseté constitue l'art. » Degas récuse le « sur le vif », et c’est à l'atelier, filtrée par le souvenir, enrichie par l'imagination, que s'opère cette transmutation. Aussi son Opéra, sous l'apparence du réel, n'est-il jamais exact : ses orchestres, ses vues de la salle, de la scène, des coulisses, ses classes et examens de danse sont des fantasmagories. À l'atelier Degas fait son Opéra. Là s'élabore cet oeuvre ouvert que, toujours insatisfait, il abandonne, revoit, reprend, « hanté par la haute idée non pas de ce que l'on fait mais de ce que l'on pourra faire un jour ».

 


Edgar Degas (1834-1917). Petites filles spartiates provoquant des garçons, 1860. Huile sur toile, 109.5 x 155 cm. Londres, The National Gallery. © The National Gallery, London. Bought, Courtauld Fund, 1924.

Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Jeune fille spartiate. Etude pour "Petites filles spartiates provoquant des garçons". Paris, musée d'Orsay, conservé au musée du Louvre. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Gérard Blot.
1 - Génétique des mouvements
Scénographie

Génétique des mouvements

« Ah! Giotto! Laisse-moi voir Paris, et toi, Paris, laisse-moi voir Giotto! » s’exclame Degas dans un carnet qu’il tient entre 1867 et 1874, signifiant son ambition de devenir le classique de la modernité. Ses copies d’après les maîtres préparent son travail sur l’Opéra, sa connaissance des classiques imprègne sa vision du monde moderne. Il constitue dès sa jeunesse une immense documentation graphique dans laquelle il puisera toute sa vie. Son oeuvre se caractérise par la continuité de la ligne mélodique : les figures étudiées chez les anciens et les danseuses partagent les mêmes gestes dynamiques et enchaînements rythmiques. Sous leur apparence de spontanéité, les danseuses au travail et au repos, bâillant, se massant la cheville, rajustant leur chausson ou leur épaulette, retrouvent les poses dynamiques des modèles de sculptures antiques et de maîtres anciens. Gestes de souffrance expressive et mouvements chorégraphiques des peintures d’histoire et bas-reliefs sont transformés en attitudes prosaïques, qui donnent vie aux danseuses et deviennent parfois des motifs plastiques répétés sous divers angles. Degas réactualise des éléments scéniques étudiés chez les classiques (surgissement des figures coupées au premier plan, lignes architecturales au service de la dynamique de l’ensemble...) dans une réalité contemporaine. L’artiste disait : « Le secret, c’est de suivre les avis que les maîtres nous donnent par leurs oeuvres en faisant autre chose que ce qu’ils ont fait. »

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse, à mi-corps, les bras croisés derrière la tête, vers 1890. Fusain sur papier 36,1 × 24 cm. Cachet de la vente b.g. Copenhague, Statens Museum for Kunst, KKS8523.
 
Edgar Degas (1834-1917). Étude de danseuse, 1874, (étude préparatoire à Répétition de ballet sur la scène). Crayon sur papier bleu pâle, 33 × 20,5 cm. Cachet de la vente b.g. Collection particulière, courtesy Ambroise Duchemin.
 
Edgar Degas (1834-1917). Le Calvaire (copie d’après Mantegna), 1861. Huile sur toile, 69 × 92,5 cm. Cachet b.d. : Degas. Tours, musée des Beaux-Arts, don de la Compagnie générale du gaz pour la France en 1934.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Homme debout, vers 1856-1858. Graphite sur papier. Collection particulière.
 
Edgar Degas (1834-1917). Étude de femme, 1878. Fusain, 30 × 22 cm. Cachet de la vente b.g. Collection particulière.


2 - Le cercle musical



Scénographie

Le cercle musical

Degas est élevé dans un milieu où la musique occupe une place importante. Son père, héritier de la banque familiale, tient dans les années 1860 un salon propageant le goût nouveau pour la musique ancienne, Bach, Rameau, et Gluck, la grande passion du peintre. Degas fixe le souvenir de ces « lundis » dans l'unique portrait de son père, en auditeur attentif du ténor espagnol Lorenzo Pagans.
À la fin des années 1860, Degas consacre une magnifique suite de portraits aux habitués de ces soirées qui réunissent des musiciens amateurs (sa soeur Marguerite, excellente chanteuse ; la pianiste Blanche Camus) et professionnels (les instrumentistes de l'orchestre de l'Opéra). Il déploie tout un instrumentarium : guitare, piano droit, piano à queue, violon, violoncelle, basson, contrebasse, flûte, harpe ; saisit divers moments : répétition, pause, concert intime ou public ; fait entendre tous types de musiques : chanson populaire, morceau au piano seul, duo d'opéra, musique symphonique de ballet.

Le portrait commandé en 1870 par Désiré Dihau, bassoniste à l'Opéra, est une oeuvre clé parce qu’elle procure au peintre son premier succès mais surtout parce que la composition de cette toile préfigure de nombreuses scènes à venir. Deux ans après avoir peint la célèbre danseuse Eugénie Fiocre dans le ballet La Source, Degas s'établit définitivement à l'Opéra. Après la guerre de 1870 et la Commune, il réalise deux versions de Robert le Diable qui reprennent cette formule à succès. Mais, cas unique dans son oeuvre, le spectacle, un opéra de Meyerbeer, est parfaitement identifié.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Lorenzo Pagans et Auguste de Gas. Lorenzo Pagans (1838-1883), ténor espagnol et Auguste De Gas (1807-1874), père de l'artiste, 1871-1872. Paris, musée d'Orsay. Photo © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Edgar Degas (1834-1917). Musiciens à l’orchestre, 1872-76. Huile sur toile, 69 x 49 cm. Frankfurt am Main, Städel Museum. © Photo: Städel Museum – ARTOTHEK.
 
Edgar Degas (1834-1917). L’Orchestre de l’Opéra, vers 1870. Huile sur toile, 56,5 × 45 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 2417. Photo © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). La répétition de chant, 1872-1873. Huile sur toile, 80,9 x 64,9 cm. Washington, DC, Dumbarton Oaks. © Dumbarton Oaks, House Collection, Washington, DC.08.
 

Edgar Degas (1834-1917). Le Violoncelliste Louis-Marie Pilet, vers 1868-1869. Huile sur toile, 50,5 × 61,5 cm. Paris, musée d’Orsay, don de Charles Comiot par l’intermédiaire de la Société des Amis du Louvre en 1926, RF 2582.

 
Edgar Degas (1834-1917). Ballet de Robert le Diable, 1876. Huile sur toile, 76,6 × 81,3 cm, S. b.g. : Degas. Londres, The Victoria & Albert Museum, legs Constantine Alexander Ionides en 1900.
 
Edgar Degas (1834-1917). Portrait de Mlle...E[ugénie] F[iocre]: à propos du ballet "La Source", vers 1867-1868. Huile sur toile, 130.8 x 145.1 cm. Brooklyn Museum, Don de James H. Post, A. Augustus Healy et John T. Underwood, 21.111. © Photo Brooklyn Museum.


3 - L'Opéra, de la salle Le Peletier au Palais Garnier



Scénographie

L'Opéra, de la salle Le Peletier au Palais Garnier

Degas connaîtra deux Opéras à Paris ; celui de la rue Le Peletier, détruit par le feu en 1873, puis le Palais Garnier à partir de 1875. Mais s'il est un habitué de ce nouveau théâtre, son oeuvre ne quittera jamais celui des origines et le hantera longtemps. L’Opéra Le Peletier, construit en 1820-1821, remplaçait provisoirement la salle de la rue de Richelieu, démolie en raison de l’assassinat du duc de Berry, en 1820, au sortir d’une représentation. La salle Le Peletier, adossée à l’hôtel de Choiseul (1716) servant aux coulisses et à l’administration, reprenait les caractéristiques de l’ancienne salle détruite dont elle réemployait de nombreux éléments de décor. Si la façade de cet ensemble composite fut toujours jugée disgracieuse et les dégagements insuffisants, la salle et la scène séduisirent le public pour son acoustique et l'émergence, à la fin des années 1820, d'un répertoire nouveau, celui du Grand opéra français.
Lorsque Degas commence à y travailler, le théâtre est voué à disparaître. Au moment même où il entreprend le portrait d'Eugénie Fiocre, la façade du nouvel Opéra de Charles Garnier, inachevé, est dévoilée pour l'Exposition universelle de 1867. Quand la salle Le Peletier brûle en 1873, l’artiste voit son motif anéanti alors qu’il entreprend ses premières « scènes de ballet » et « classes de danse ». Il n’adaptera pas ses travaux en cours à l'architecture du Palais Garnier ; peut-être par nostalgie, pour le théâtre de ses débuts et son charme suranné. Ce nouvel Opéra avec la profusion de son décor, le luxe de ses foyers et la praticité de ses coulisses déplaisait à Degas. Le Palais Garnier avait aussi contre lui d’être le monument phare du Second Empire, un régime qu’il détestait, exhibant les commandes passées aux artistes qu’il combattait ou méprisait. Si l’abonné Degas le fréquente régulièrement, l’artiste le rejette.

 
Texte du panneau didactique.
 
Henri-Alfred Darjou (1832-1874). Ballet « La Source », affiche, 1866. Lithographie, 60 × 46 cm. Paris, BnF, département de la Musique. Bibliothèque-musée de l’Opéra.
Atelier romain Gianese (Giovanii Gianese, Amedeo Brogli, Ercole Borsani), sous la direction artistique de Richard Peduzzi. D’après le dessin de Charles Garnier pour son ouvrage Le Nouvel Opéra de Paris, 1880. Maquette de la coupe longitudinale de l’Opéra Garnier, 1985. Bois, plâtre, plastique, aquarelle, 240 × 578 × 110 cm. Paris, musée d’Orsay, don de l’EPMO, 1989.
 
Maquette de la coupe longitudinale de l’Opéra Garnier, 1985. Détail.
 
Maquette de la coupe longitudinale de l’Opéra Garnier, 1985. Détail.
 
Maquette de la coupe longitudinale de l’Opéra Garnier, 1985. Détail.
 
Maquette de la coupe longitudinale de l’Opéra Garnier, 1985. Détail.
Scénographie
 
Ludovic Lepic (1839-1889). « Les Jumeaux de Bergame », ballet-arlequinade de Théodore de Lajarte, maquette de costume. La bouquetière, [Coraline] Mlle Subra, 1886. Crayon et aquarelle sur papier, 38,5 × 26,3 cm. S.D. b.d. : Cte Lepic 1886. Paris, BnF, département de la Musique. Bibliothèque-musée de l’Opéra.
 
Ludovic Lepic (1839-1889). « Les Jumeaux de Bergame », ballet-arlequinade de Théodore de Lajarte, maquette de costume. Arlequin, 1886. Crayon et aquarelle sur papier, 39,8 × 27,8 cm. S.D. b.d. : Cte Lepic 1886. Paris, BnF, département de la Musique. Bibliothèque-musée de l’Opéra.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Arlequin, vers 1884. Pastel sur papier, 18 x 38 cm. Toulouse, Fondation Bemberg. ©RMN-Grand Palais / Fondation Bemberg / Mathieu Rabeau.
 
Pierre-Eugène Lacoste (1818-1907). « La Korrigane », ballet de Charles-Marie Widor, maquette de costume. Melle Mauri [Yvonnette], 1880. Plume, aquarelle et gouache sur papier, 27,5 × 16,5 cm. S.D. b.g. : Eugène Lacoste août 1880. Paris, BnF, département de la Musique. Bibliothèque-musée de l’Opéra.


4 - Salle, scène, coulisses



Scénographie

Salle, scène, coulisses

Après le succès de ses premières scènes d'Opéra, au début des années 1870, Degas investit le théâtre et, passant de la salle dans les coulisses, peint ses premières classes de danse. Des «exercices de précision» – dira-t-il plus tard quand ses yeux ne lui permettront plus une telle acuité –, peints dans une matière lisse, égale, grasse sans être épaisse, à la manière hollandaise. Après s'être cassées à la barre, les danseuses, sous l'autorité des maîtres de ballet Jules Perrot ou Louis Mérante, entament l'une après l'autre les exercices du milieu, « les jetés, les balancés, les pirouettes, les gargouillades, les entrechats, les fouettés, les ronds de jambe, les assemblés, les pointes, les parcours, les petits temps, etc. ».
Degas ne représente jamais un lieu précis. La salle Le Peletier n’est suggérée que par des détails : grandes fenêtres cintrées de l'ancien hôtel de Choiseul et pilastres de marbre simulant un décor XVIIIe siècle. Avec l’aisance d'un machiniste d'Opéra, il modifie les configurations, ouvre une trappe, ajoute un escalier, crée des recoins...
L'improbable du décor égale l'improbable de la scène et ses « examens de danse » ne correspondent en rien à la réalité comme il l’avouera à Albert Hecht, un habitué : « Avez-vous le pouvoir de me faire donner par l'Opéra une entrée pour le jour de l'examen de danse ? J'en ai tant fait de ces examens de danse sans les avoir vus, que j'en suis un peu honteux. »
Le succès immédiat de ces oeuvres assure à Degas une clientèle – le baryton Jean-Baptiste Faure en premier lieu – et lui permet aussi d’assurer sa subsistance en déclinant ces « produits » ou « articles » qui feront de lui, à son corps défendant, le « peintre des danseuses ».

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Coulisses, 1874-1876, (dit aussi Danseuses jaunes). Huile sur toile, 73,5 × 59,5 cm. S. b.d. : Degas. Chicago, The Art Institute of Chicago.
 
Edgar Degas (1834-1917). La Classe de danse, 1873. Huile sur toile, 85,5 x 75 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses.
 
Edgar Degas (1834-1917). La répétition au foyer de la danse, vers 1870 – 72. Huile sur toile, 40,64 x 54, 61 cm. Washington DC, The Phillips Collection. © The Phillips Collection.
 
Edgar Degas (1834-1917). La Classe de danse, 1873-76. Huile sur toile. Washington, DC, The National Gallery of Art. Photo © Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES.


5 - « Sérieux dans un endroit frivole », les abonnés



Scénographie

« Sérieux dans un endroit frivole », les abonnés

Ludovic Halévy, dramaturge, romancier et librettiste avec Henri Meilhac d'Offenbach et de son cousin Bizet, introduit Degas à l'Opéra au début des années 1870. En retour, il le représentera « sur la scène », dans un pastel montré à la quatrième exposition impressionniste (1879). Face à Albert Boulanger-Cavé, longtemps censeur des spectacles publics, Halévy figure dans son milieu naturel, compact et sombre sur un fond clair, « sérieux dans un endroit frivole ».
Habitué type de l'Opéra, Halévy y puise une série de nouvelles à succès contant les aventures galantes de deux petits « rats », Pauline et Virginie Cardinal. Degas en apprécie le ton très parisien, la crudité et le mordant et, en 1876, après avoir exécuté son premier monotype en collaboration avec Ludovic Lepic, autre habitué de l'Opéra, il en illustre quelques épisodes. Il choisit un nombre limité de motifs se prêtant à cette technique et oppose le noir pour l'abonné-chasseur au blanc de la jeune proie consentante.
Mais l'Opéra jouxte le bordel. Les « monotypes Cardinal » trouvent ainsi leur prolongement en noir et blanc dans des scènes de maisons closes : danseuses et prostituées, mères et maquerelles, abonnés et clients, attente et lassitude, conversation frivole, séduction pressante, sofas, fauteuils et banquettes...
D'abord limités aux « monotypes Cardinal », les abonnés et mères de danseuses, après 1876, hantent les couloirs et se dissimulent derrière les décors. Les mères des danseuses, sagement assises sur les gradins collent désormais à leur progéniture formant des groupes monstrueux ; les abonnés s’extraient des coulisses où ils étaient cantonnés, comme dans L'Étoile, où l'homme dissimulé derrière un portant, suit le solo de sa protégée. Plus tard, il sera sur scène dominant un spectacle où les danseuses, tronquées, sont réduites aux seconds rôles.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Ludovic Halevy et Albert Boulanger-Cavé dans les coulisses de l'Opéra en 1879. Détrempe et pastel sur papier, H. 79,0 ; L. 55,0 cm. Musée d'Orsay, Paris, France. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Herve Lewandowski.
 
Edgar Degas (1834-1917). Virginie se faisant admirer devant le marquis Cavalcanti, vers 1876-1877. Pastel sur monotype à l’encre noire sur papier vélin blanc, rehauts de pastel, 20,5 × 14,9 cm. S. b.d. sur le support cachet de la signature. Washington, National Gallery of Art, collection Mr. & Mrs. Paul Mellon, don en 1995.
 
Edgar Degas (1834-1917). Les petites Cardinal parlant à leurs admirateurs, vers 1876/1877. Illustration à rapprocher de "La famille Cardinal", recueil de nouvelles de Ludovic Halévy publié en 1883. Les nouvelles ont paru séparément dès 1870. "Les petites Cardinal" furent publiées en décembre 1875 dans "La vie parisienne". Le projet ne fut pas réalisé, Halévy rejetant les illustrations de Degas. Paris, musée d'Orsay, conservé au musée du Louvre. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Adrien Didierjean.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Dance Examination (Examen de Danse), 1880. Pastel sur papier, 62,2 x 46,5. Denver, Denver Art Museum: Don anonyme, 1941.6. Photo courtesy Denver Art Museum.
 
Edgar Degas (1834-1917). Le Rideau, vers 1881. Pastel. Washington, DC, The National Gallery of Art. Photo © Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES.


6 - L'Opéra, laboratoire technique



Scénographie

L'Opéra, laboratoire technique

L’Opéra est un véritable catalyseur et laboratoire de l’art de Degas qui renouvelle son approche des médiums, des formats (éventails, tableaux en long), des points de vue (en plongée, contre-plongée ou sotto in sù, décentrés, désaxés), et des éclairages. C’est le seul univers exploré avec toutes les techniques pratiquées au cours de sa vie : l’estampe (gravure et lithographie), la photographie, le pastel, la peinture, sur papier ou sur toile, la sculpture, les éventails. C’est avec l’Opéra qu’il commence à travailler le monotype, aux contrastes de noir et de blanc propres à exprimer la violence de la lumière électrique, et qu’il réalise la seule sculpture exposée de son vivant, en cire et matériaux composites. Ses éventails transforment un accessoire de mode visible dans les loges en un type de tableau qui emprunte sa forme à la scène. Ses pastels sont souvent associés à cet univers d’une beauté éphémère faite de « distance et de fard ». Ses peintures, à l’essence, métallique et à la détrempe, rappellent les procédés des décorateurs de théâtre. Degas prépare ses tableaux liés à l’Opéra par de nombreux dessins, des petits croquis des carnets aux grands dessins sur calque inlassablement retravaillés, en passant par des mises au carreau annotées du nom et de l’adresse du modèle. Les dessins ne sont pas toujours utilisés pour un tableau précis mais constituent un large réservoir formel et expérimental où puiser. Certains réalisés au pinceau, à l’huile diluée dans l’essence sur des papiers colorés, seront exposés et publiés du vivant de l’artiste qui les considérait comme des oeuvres en soi. Avec l’Opéra, Degas ne cesse d’expérimenter, de décloisonner et de renouveler les techniques de création plastique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Petite danseuse de 14 ans entre 1921 et 1931, modèle entre 1865 et 1881. Statue en bronze avec patine aux diverses colorations, tutu en tulle, ruban de satin rose dans les cheveux, socle en bois, H. 98 ; L. 35,2 ; P. 24,5 cm. Paris, musée d'Orsay.
 
Edgar Degas (1834-1917). Etude de danseuse le bras tendu, 1895-96. Négatif sur verre en couleurs, 49,5 x 40,5 cm. Bibliothèque nationale de France, Paris. © Photo Bnf.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse. Bronze.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Répétition d'un ballet sur la scène, 1874. Huile sur toile H. 65 ; L. 81 cm. © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
 
Edgar Degas (1834-1917). Scène de ballet, vers 1890. Huile sur papier (sur monotype ?) contrecollé sur panneau, 50 × 56 cm. Cachet de l’atelier b.g. : Degas. Memphis, Collection Dixon Gallery and Gardens, don de Sara Lee Corporation en 1991, 1991.3.
 
Edgar Degas (1834-1917). Le ballet, vers 1880. Gouache sur soie, éventail, 60 cm x 19 cm. Paris, musée d'Orsay, conservé au musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Gérard Blot.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseurs et musiciens espagnols, vers 1869. Aquarelle et encre noire sur papier vélin, 26 × 51,4 cm. Washington, National Gallery of Art, collection Woodner, don de la famille Woodner.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses dans les coulisses, 1879 – 1880. Eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier vélin, 19,9 x 10,3 cm. Washington, National Gallery of Art. © Image Courtesy National Gallery of Art, Washington DC.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse à l’éventail, vers 1879.Pastel sur papier, 50,8 × 34,9 cm. S. h.g. : Degas. Dallas, Dallas Museum of Art, The Eugene and Margaret Mc Dermoot Art Fund, Inc.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse s’étirant, vers 1882-1885. Pastel sur papier bleu-gris pâle, 46,7 × 29,7 cm. Cachet de la vente en b.g. Fort Worth (Texas), Kimbell Art Museum, acquis par la Kimbell Art Foundation, Fort Worth, 1968.
 
Edgar Degas (1834-1917). Au théâtre, vers 1878, Monotype à l’encre noire sur papier de Chine, 30,7 × 27,3 cm. S. b.g. au crayon sur la marge. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collection Jacques Doucet.


7 - « Tableaux en long »



Scénographie

« Tableaux en long »

À partir de 1879, Degas explore un format singulier, celui du double carré, dans des oeuvres qu’il nomme « tableaux en long ». Le premier, La Leçon de danse (Washington, National Gallery of Art), est présenté à l’exposition impressionniste de 1880. Bien d’autres suivront, jusqu’au début du XXe siècle, que l’artiste construit toujours le long d’un fort axe diagonal, d’un angle inférieur à un angle supérieur opposé, et dont les sujets sont invariablement des danseuses dans une salle de répétition ou des jockeys sur un champ de courses. Reprenant le principe de la frise qu’il a étudié, jeune homme, à travers les grands modèles – frises des Panathénées du Parthénon et processions des peintures du Quattrocento italien –, Degas impose à ce modèle séculaire un fort désaxement. L’élan diagonal qu’il donne à ses compositions dynamise le principe de la frise, et suggère à l’oeil du spectateur que la course des ballerines et des pur-sang se poursuit au-delà du cadre de la toile. Degas joue avec les notions de temps (comme s’il montrait une seule ballerine à divers moments d’une séance de travail) et d’espace (en installant ces temps successifs à travers la salle de répétition). Il s’intéresse au déroulé du mouvement d’une manière qui évoque la chronophotographie inventée et popularisée par Eadweard Muybridge et Étienne-Jules Marey. Laboratoires formels d’un travail sur le mouvement et la grâce, les « tableaux en long » sont de modernes frises où l’analyse du geste et de l’élan renvoie tant à la science de voir qu’à l’art de décomposer et de représenter.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse assise se massant le pied, 1881-1883. Pastel sur papier brun contrecollé sur carton, 62 × 49 cm. S. h.d. : Degas. Paris, musée d’Orsay, legs Gustave Caillebotte en 1894, RF 22712.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses, 1879. Fusain et pastel sur papier, 47 x 61.9 cm. Washington, National Gallery of Art. © Image Courtesy National Gallery of Art, Washington DC.
 
Edgar Degas (1834-1917) Danseuse ajustant son chausson, 1885. Pastel sur papier, 47,6 × 59,7 cm. Memphis, Dixon Gallery and Gardens, legs Mr. & Mrs Hugo N. Dixon en 1975.
Edgar Degas (1834-1917). Le foyer de la danse, 1890 -1892. Huile sur toile, 40 x 88.9 cm.
Washington, National Gallery of Art. © Image Courtesy National Gallery of Art, Washington DC.
 
Edgar Degas (1834-1917). La Leçon de danse, vers 1880. Huile sur toile, 39,4 × 88,4 cm. S. h.d. : Degas. Williamstown (Mass.), The Sterling and Francine Clark Art Institute.
 
Edgar Degas (1834-1917). La Leçon de danse (Salle de répétition), vers 1879. Huile sur toile. Washington, National Gallery of Art. Collection de M. et Mrs Paul Mellon.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses montant un escalier, 1877. Huile sur toile, 39 x 89,5 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 1979. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses au foyer, vers 1900-1905. Huile sur toile, 41 × 88 cm. Cachet de l’atelier b.g. : Degas. Collection particulière.


8 - Éclairages et points de vue



Scénographie

Éclairages et points de vue

Degas n’a de cesse de s’intéresser à la question de l’éclairage dans les salles de spectacles, sur les scènes et sur les figures qu’il représente. Fin observateur, il lui arrive de croquer tel lustre ou tel bec de gaz dans un carnet. Mais c’est, surtout, à l’incidence de la lumière sur les corps, et à sa place dans l’économie formelle de l’espace clos – et noir – de l’opéra qu’il s’intéresse. Visages déformés par les faisceaux venus du sol, accentuant les traits et donnant presque un masque aux chanteurs ou aux danseuses ; rôle de la rampe dans la distinction entre l’espace de la scène et celui du public, que des abonnés transgressent pour aller rejoindre leurs protégées ; puissance visuelle des contrastes d’ombre et de clarté parmi les portants des décors : la lumière, que l’artiste module à sa guise, sculpte le réel et bouscule les termes de la représentation. Les points de vue audacieux qu’adopte Degas renforcent la théâtralité de telles visions: vues de biais, du dessous, du dessus, loges, scènes, balcons, mais aussi spectateurs et acteurs se révèlent sous un jour particulier, et révèlent les jeux de regards dont le public de l’opéra est friand autant que coutumier.
Cependant, quoique les méthodes d’éclairage des salles de spectacle n’aient cessé d’être perfectionnées au XIXe siècle, puisque le gaz y remplace la bougie dans les années 1820, puis que l’arc électrique y est introduit au mitan du siècle, Degas ne cherche guère à intégrer une description explicite de ces progrès techniques dans ses oeuvres. Tout au contraire, qu’il représente la scène, observe la coulisse ou décrive l’agitation des salles de répétition, son oeil est aux contrastes violents, aux contre-jours aveuglants et aux fenêtres dans l’encadrement desquelles se dessinent les silhouettes de danseuses. La lumière sculpte le réel, dans des compositions complexes où les jeux de regards insistent sur la puissance de la perception dans les représentations que l’on s’en fait.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Ballet, dit aussi L’Etoile, 1876. Pastel sur monotype, 58,4 x 42 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 12258. Photo © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse au bouquet, 1878. Pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 4039. Photo © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses sur la scène, vers 1889-1894. Huile sur toile, 75,6 × 81,9 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts, legs Jacqueline Delubac en 1997, 1997-29.
 

Edgar Degas (1834-1917). La Loge, 1880. Pastel et huile sur carton marouflé sur toile, 66 x 53 cm. Houston, The Museum of Fine Arts. Photo ©The Museum of Fine Arts, Houston; Albert Sanchez, photographer.

 
Edgar Degas (1834-1917). La Loge, 1885. Pastel sur papier, 59.5 x 44.1 cm. The Armand Hammer Collection, Don de The Armand Hammer Foundation. Hammer Museum, Los Angeles. © Hammer Museum, Los Angeles.
 
Edgar Degas (1834-1917). Les Choristes, 1877. Pastel sur monotype, 27 x 32 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 12259. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Edgar Degas (1834-1917). Femmes dans une loge, 1885-1890. Pastel sur papier, 56 × 81 cm. Glasgow, Glasgow Life (Glasgow Museums) au nom du Glasgow City Council, provenant de la Burrell Collection, avec l’approbation des Burrell Trustees, don de Sir William et Lady Burrell à la ville de Glasgow en 1944.


9 - Grands dessins synthétiques



Scénographie

Grands dessins synthétiques

Après la dernière exposition des impressionnistes, en 1886, Degas se concentre sur un nombre limité de motifs et de compositions, qu’il dessine au fusain sur des grands formats. Avec le papier-calque, il peut retravailler indéfiniment la même forme selon différentes variations. Dans ces grands dessins, il réalise une synthèse du corps féminin : loin de la vision analytique qui s’attache aux détails, il cherche à exprimer le mouvement et le rythme des corps dansant au moyen de « lignes prodigieuses d’équilibre » (Gauguin). Ces dessins ont toujours dérangé la critique, depuis leur révélation au public en 1918 lors des ventes d’atelier jusqu’à aujourd’hui, en raison de leur âpreté voire de leur rudesse. Ils ont été vus comme allant à l’encontre du Degas « ingresque » des débuts et comme le violent témoignage de la lutte de l’artiste contre la perte progressive de sa vue, tandis que notre regard du XXIe siècle y voit plutôt des oeuvres d’une grande hardiesse, totalement libérées des conventions et d’une extraordinaire modernité. C’est toujours le même souci de perfection qui guide l’artiste : à l’instar du peintre Frenhofer mis en scène par Balzac dans Le Chef-d’oeuvre inconnu, il parvient à exprimer la vie des formes, le « vif de la ligne », au prix du sacrifice de l’oeuvre achevée, préférant multiplier les dessins comme une grande oeuvre ouverte – ou les séquences d’un film au ralenti – que figer son travail en une succession de chefs-d’oeuvre. Alors que le symbolisme devient la nouvelle avant-garde et remet à l’honneur Pierre Puvis de Chavannes et Gustave Moreau, Degas dessine de plus en plus de mémoire, laissant libre cours à ses souvenirs et à sa fantaisie « libérés de la tyrannie qu’exerce la nature » selon ses propres dires.

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses nues, vers 1903. Fusain sur papier calque, 78,1 × 64,9 cm. Little Rock, collection de l’Arkansas Arts Center Foundation, achat, Fred W. Allsopp Memorial.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses nues en arabesque, vers 1892-1895. Fusain sur papier contrecollé sur carton, 54 × 81 cm. Cachet de la vente. Paris, collection de Bueil & Ract-Madoux, DBRM-192.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses, 1895-1900. Fusain et pastel sur papier calque, 54 × 76,5 cm. Collection particulière, courtesy Halcyon Gallery, Londres.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses s’exerçant au foyer de l’Opéra, vers 1890. Pastel et fusain, 68,5 × 59 cm. Paris, BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra. © Photo BnF.
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuses s’exerçant au foyer de l’Opéra, vers 1890. Pastel et fusain, 68,5 × 59 cm. Paris, BnF, département de la Musique. Bibliothèque-musée de l’Opéra, BMO (Mus 1751).


10 - « Orgies de couleurs »



Scénographie

« Orgies de couleurs »

En 1899, Degas invite Julie Manet à voir dans son atelier « des orgies de couleurs qu’[il] fai[t] en ce moment », ce qui touche d’autant plus la fille de Berthe Morisot qu’« il ne montre jamais ce qu’il fait », raconte-t-elle dans son Journal. Au tournant du siècle, Degas se concentre sur le fusain et le pastel, ses deux techniques de prédilection. Avec le pastel, il peut dessiner directement avec la couleur et manier la matière sensuelle sans l’intermédiaire d’un outil. S’il dessine au pastel des modistes, des jockeys, des paysages, des nus, son sujet de prédilection reste les danseuses. Il les dessine dans les coulisses, répétant inlassablement les mêmes gestes, figures qui semblent se démultiplier comme les facettes d’une même femme vue sous divers angles, empruntant ses points de vue à l’art de la sculpture et de la chronophotographie. Il les dessine aussi sur scène, dansant dans des paysages imaginaires qui rejoignent les paysages réels, ces « états d’yeux » qui sont parmi les seules oeuvres que l’artiste montre à cette époque au public. Degas reprend les mêmes compositions dans des couleurs différentes, totalement irréelles, où seule comptent la vivacité, l’harmonie ou la stridence visuelles. Délaissant les convenances, il laisse jouer les accords les plus insolites et audacieux. Toujours avide d’expérimentation, il renouvelle l’art du pastel en travaillant par strates. Il utilise le fixatif qui sert à stabiliser chaque couche comme un médium à part entière, et joue sur les effets de matité et de brillance. Degas trouve avec le pastel,
« pollen de couleurs » (Lucie Cousturier), le matériau et la technique parfaite pour exprimer l’aspect merveilleux du ballet, « cet art où le corps humain devient l’instrument d’une fête magique ».

 
Texte du panneau didactique.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses en jupes saumon, 1904, 1906. Pastel sur papier maroufle sur carton, 89.5 x 61.5 cm. Musée des beaux-arts de Lyon, Lyon.
 

Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses (Jupes bleues, corsages rouges), vers 1903. Pastel sur papier collé sur carton, 94 x 81 cm. Bâle, Fondation Beyeler, Suisse. Photo © Robert Bayer.

 
Edgar Degas (1834-1917). Deux danseuses, vers 1905. Pastel sur carton, 56 × 48 cm. Vienne, The Albertina Museum, collection Batliner, legs en 2005, DL300.
Scénographie
 
Edgar Degas (1834-1917). Danseuse au bouquet saluant, vers 1895-1900. Huile sur toile, 180.3 x 152.4 cm. Chrysler Museum of Art, Norfolk, VA.Don de Walter P. Chrysler, Jr., à la mémoire de Della Viola Forker Chrysler. Photo © Ed Pollard, Chrysler Museum of Art.
 
Edgar Degas (1834-1917). Trois danseuses, vers 1895. Pastel sur papier, 50,8 × 47 cm. Glasgow, Glasgow Life (Glasgow Museums) au nom du Glasgow City Council, provenant de la Burrell Collection, avec l’approbation des Burrell Trustees, don sir William et Lady Burrell à la ville de Glasgow en 1944, 35.249.
 
Edgar Degas (1834-1917). Deux danseuses au repos (dit aussi danseuses en bleu), vers 1898. Pastel sur papier vélin fin. Paris, musée d’Orsay.
 
Edgar Degas (1834-1917). Deux danseuses, vers 1900. Pastel sur papier sur carton, 83 × 107 cm. Collection particulière, L 1256.

CHRONOLOGIE

1834
Naissance d’Hilaire-Germain-Edgar De Gas le 19 juillet à Paris.
Sa famille paternelle est établie à Naples depuis deux générations ; sa famille maternelle est originaire de La Nouvelle-Orléans.
1853
Il obtient l’autorisation de copier au Louvre et au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale.
1855
Degas découvre la tragédienne italienne Adélaïde Ristori, qui débute à Paris dans Médée d’Ernest Legouvé et Marie Stuart de Schiller, et en fait plusieurs croquis. C’est pour lui une première expérience de la scène.
1856-1859
Il séjourne pendant trois ans à Naples, Rome (où il se lie d’amitié avec Gustave Moreau) et Florence.
Début des
années 1860
De retour à Paris, Degas s’installe dans le IXe arrondissement, où il habitera sa vie durant, et s’essaie à la peinture d’histoire. Vers 1860, il entreprend Petites filles spartiates provoquant des garçons, tableau qu’il terminera vingt ans plus tard.
Il expose pour la première fois au Salon en 1865 avec Scène de guerre au Moyen-Âge (Musée d’Orsay).
1867
Degas entreprend le portrait de la danseuse Eugénie Fiocre, dans le ballet La Source (joué entre novembre 1866 et février 1868), sa première scène d’opéra. Le Portrait de Mlle E[ugénie] F[iocre]… ; à propos du ballet de « la Source » est exposé au Salon en 1868.
1868
Degas fréquente à partir du printemps le Café Guerbois aux côtés de Manet, Monet, Pissarro, Bazille, Fantin-Latour et Zola.
1870
Premier succès de Degas avec le tableau L’Orchestre de l’Opéra, portrait du bassoniste Désiré Dihau. Cette toile est le prototype de nombreuses compositions à venir. Il réalise au même moment de nombreux portraits de musiciens rencontrés dans le salon musical que tient son père, Lorenzo Pagans et Auguste de Gas.
Au début des années 1870, Degas peint ses premières classes de danse, inspirées de l’Opéra de la rue Le Peletier, et fait poser des danseuses dans son atelier.
1871-1872
Degas peint le Ballet de Robert le Diable, tiré de l’opéra à succès de Meyerbeer, créé en 1831, et qui est joué plusieurs dizaines de fois rue Le Peletier entre 1870 et 1871. Cette oeuvre est la première achetée par le marchand Paul Durand-Ruel au peintre, en 1872.
D’Octobre 1872 à mars 1873
Degas séjourne auprès de sa famille maternelle à La Nouvelle-Orléans
1873
Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873, l’Opéra de la rue Le Peletier est ravagé par un incendie. Il est remplacé temporairement par la salle Ventadour en attendant l’inauguration, le 5 janvier 1875, du Nouvel Opéra construit par l’architecte Charles Garnier. Jusqu’à la fin des années 1870 cependant, Degas continue à évoquer dans ses oeuvres les espaces de l’ancien Opéra.
Le 27 décembre, il fonde avec Monet, Pissarro, Sisley, Morisot, Cézanne et d’autres artistes la Société anonyme Coopérative à capital variable des artistes peintres, graveurs, sculpteurs, etc. Cette société a pour but de présenter des expositions-ventes indépendantes, sans jury ni récompense, et d’éditer un journal artistique.
Le chanteur d’opéra et collectionneur Jean-Baptiste Faure commande une toile à Degas sur le thème de l’examen de danse à l’Opéra. De cette commande naissent deux toiles, La Classe de danse du Musée d’Orsay et L’Examen de danse du Metropolitan Museum of Art. Cette dernière est finalement livrée à Faure tandis que Degas conserve la première et continue à la retravailler jusqu’en 1876.
1874
Le 15 avril s’ouvre la Première Exposition de la « Société anonyme des artistes », au catalogue de laquelle figurent dix oeuvres de Degas.
Il participe par la suite à presque toutes les autres expositions impressionnistes (en 1876, 1877, 1879, 1880, 1881 et 1886) et y expose avec régularité une forte proportion de sujets tirés de l’Opéra.
1876
Degas entreprend son premier monotype, Le Maître de ballet, en collaboration avec le peintre et graveur Ludovic Lepic. A partir de 1876 et jusque dans les années 1880, Degas réalise une série de près de quatre-vingt monotypes inspirée de l’histoire de Madame et Monsieur Cardinal, oeuvre satirique du romancier, dramaturge et librettiste Ludovic Halévy (publiée entre 1870 et 1872). Au même moment, il exécute plusieurs monotypes de maison close.
1878
La danseuse Marie van Goethem pose pour la sculpture de Degas Petite danseuse de quatorze ans.
1879
Lors de la quatrième exposition impressionniste, Degas présente vingt-trois tableaux et pastels ainsi que cinq éventails.
1880
La sculpture en cire Petite danseuse de quatorze ans ainsi que Petites filles spartiates provoquant des garçons figurent au catalogue de la cinquième exposition impressionniste, mais n’y sont finalement pas présentés.
1885
Degas devient enfin « abonné des trois jours » à l’Opéra, ce qui lui permet d’avoir accès à la scène et au foyer de la danse situé derrière celle-ci. Entre le 21 février 1885 et le 19 septembre 1892, il se rend cent soixante-dix-sept fois à l’Opéra. Il voit notamment, au cours de cette période, trente-sept fois Sigurd de Reyer, quinze fois Rigoletto de Verdi, treize fois Coppélia de Delibes, douze fois Guillaume Tell de Rossini et La Favorite de Donizetti, mais également La Juive de Fromental Halévy, Roméo et Juliette de Gounod, Le Cid de Massenet...
Années 1890
Soucieux de l'avenir de son oeuvre, dont l'essentiel reste dans son atelier, Degas envisage de créer un musée. À cette fin, il réunit une importante collection qui lui permettrait d'être entouré des artistes qu'il aime : ses maîtres, Ingres et Delacroix ; ses contemporains, Manet, Morisot, Pissarro, Cézanne ; mais aussi la jeune génération, Gauguin, Van Gogh... Au tournant du siècle, il renoncera à cette idée.
L’artiste vit de plus en plus reclus dans son atelier. Sa vue baisse avec l’âge et il se consacre essentiellement au dessin au pastel et au fusain, médiums qui lui permettent de travailler vite et d’effectuer plus aisément des corrections, ainsi qu’à la sculpture, même s’il n’abandonne pas complètement la peinture à l’huile.
1892
Degas montre discrètement chez Durand-Ruel des paysages récents sur monotype. C'est la première des deux expositions personnelles qu'il eut de son vivant.
1895
Degas devient photographe et réalise des portraits de son entourage. La photographie est l’aboutissement de toutes ses recherches sur le noir et blanc.
1897
Degas, violemment antidreyfusard, se brouille en décembre avec la famille Halévy.
1899
Le 1er juillet, Degas reçoit dans son atelier Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet. Il lui montre plusieurs pastels ayant pour sujet des danseuses russes qu’il qualifie d’«orgies de couleurs ».
1912
Forcé de quitter son appartement de la rue Victor-Massé en passe d’être démoli, Degas s’installe boulevard de Clichy. Déstabilisé par ce changement et par la perte d’espace qui l’accompagne, il renonce à créer. De plus en plus affaibli physiquement, il perd progressivement la vue ainsi que l’ouïe.
A la vente de la collection d'Henri Rouart le 10 décembre, Danseuses à la barre (New York, Metropolitan Museum of Art) atteint le prix record de 478 000 francs.
1917
Edgar Degas meurt le 27 septembre, à Paris, des suites d’une congestion cérébrale, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Il est inhumé au cimetière de Montmartre deux jours plus tard, lors d’une cérémonie intime. Parmi ses dernières volontés, Degas avait déclaré : « Je ne veux pas de discours. Si ! Forain vous en ferez un : il aimait le dessin. »
1918-1919
Les ventes après décès du fonds d’atelier de l’artiste permettent la découverte de pans inconnus de son travail, notamment les oeuvres de jeunesse et celles des dernières années. Degas était resté, ainsi qu’il le voulait « à la fois illustre et inconnu.»

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