Parcours en images et en vidéos de l'exposition

BOILLY
Chroniques parisiennes

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°545 du 13 avril 2022



 


Salle 1 - Boilly en scène (1)

Scénographie
Pictogramme signalant les panneaux destinés au jeune public.

Boilly en scène

L’exposition rend hommage à un amoureux de Paris. Originaire du nord de la France, Louis-Léopold Boilly part à la conquête de la capitale à la veille de la Révolution française, en 1785, pour ne plus jamais la quitter. Il a alors 24 ans. Autodidacte virtuose, artiste prolifique et inclassable, il se fait le chroniqueur enthousiaste de Paris pendant près de soixante ans, d’une révolution (1789) à l’aube d’une autre (1848). Il est à la fois le peintre de la vie quotidienne, le chantre d’un Paris moderne, le portraitiste de tous les Parisiens, mais encore l’auteur de caricatures piquantes et l’inventeur de trompe-l’oeil saisissants.
 
L’exposition propose d’explorer son œuvre foisonnant au gré de ses chroniques parisiennes, mettant en lumière la singularité de son approche et l’originalité de son regard, volontiers décalé, souvent mordant. Elle dévoile, au fil de cette flânerie parisienne, le jeu raffiné auquel se livre l’artiste pour se mettre lui-même en scène. Auteur d’autoportraits singuliers, parfois teintés d’une dérision féroce, il multiplie les signatures et se glisse au milieu de ses contemporains, en véritable témoin de l’avènement d’une société nouvelle. Ces stratagèmes instaurent une relation complice entre le peintre et le spectateur. Tout au long du parcours de l’exposition, le visiteur est invité à retrouver les indices de la présence de Boilly, artiste joueur qui se plaît à se cacher dans son œuvre.
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845).Jean qui rit, vers  1808-1810. Huile sur toile, 21,5 x 17 cm. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Jean qui pleure, vers 1808-1810. Huile sur toile. Collection particulière.
Jean qui rit et Jean qui pleure renvoient à un poème de Voltaire évoquant la versatilité de l'homme (1772). Boilly l’interpréte, non sans humour, en opposant son autoportrait rieur au portrait en pleurs de son propre père, qu'il semble moquer en le pointant du doigt. Gravé dix ans plus tard sous le règne de Charles X, ce double portrait prend une coloration politique, en confrontant, comme l'indiquent de nouveaux titres, Le Libéral - Boilly victorieux et goguenard - et L’Ultraroyaliste, figuré par son père mortifié, suite à la défaite des Ultras face aux Libéraux en octobre 1818.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Autoportrait en muscadin, les cheveux poudrés, vers 1793-1795. Huile sur papier marouflé sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Autoportrait en sans-culotte, vers  1793. Huile sur carton, 23 x 17 cm. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L’Ébahi, vers  1808-1810. Pierre noire, estompe de pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier brun clair, 23,2 x 18,4 cm. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’œil aux cartes et pièces de monnaie, vers  1808-1815. Huile sur vélin marouflé, enchâssé sur le plateau d’une table en acajou, 48 x 60 cm (table : H. 76 cm). Lille, Palais des Beaux-Arts. © RMN-Grand Palais / Stéphane Maréchalle. © RMN-Grand Palais / Jacques Quecq d’Henripret.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Après le souper, après  1830. Huile sur toile, 36,8 x 48 cm. Signé en bas à droite sur le buffet : L. Boilly. Collection particulière. © Guillaume Benoît.

Durant toute sa vie, Boilly s'est plu à se portraiturer et à jouer de son image. À plus de 70 ans, il poursuit ce travail d'introspection avec ironie. Ni artiste accompli, ni artiste bohème, il se met en scène au crépuscule de sa vie, assoupi à table, après le dîner, devant une bouteille de vin à demi vide. L'artiste dépeint fidèlement sa propre salle à manger, ordonnée et cossue, décrivant notamment les meubles mentionnés dans son inventaire après décès. Il excelle dans le traitement quasi abstrait du jeu d’ombre et de lumière.

 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’œil aux cartes et pièces de monnaie (détail), vers  1808-1815. Huile sur vélin marouflé, enchâssé sur le plateau d’une table en acajou, 48 x 60 cm (table : H. 76 cm). Lille, Palais des Beaux-Arts. © RMN-Grand Palais / Stéphane Maréchalle. © RMN-Grand Palais / Jacques Quecq d’Henripret.


Salle 2 - Boilly en scène (2)

Scénographie avec, à droite Portrait du fils de Boilly, Julien Boilly, vers 1808. Huile sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Portrait présumé de l'un des trois fils du premier mariage de Boilly, vers 1795-1799. Huile sur papier marouflé sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l'œil : «Les Petits Soldats», grisaille à l’imitation de l'estampe, 1809. Huile sur toile. Signé en bas à gauche : L. Boilly pinx.  Douai, musée de la Chartreuse.


Salle 3 - Chroniques parisiennes

Scénographie
Chroniques parisiennes

Boilly dresse le portrait d’un Paris insolite. À la grande histoire, celles des hommes illustres, des hauts faits et des monuments, il préfère les petits spectacles de la vie quotidienne. En peintre de genre, attentif à l’anecdote de tous les jours, il s’attarde sur le passage d’une rue par temps de pluie, relate le va-et-vient incessant des fiacres, pénètre dans la cour d’une prison de femmes. La modernité de la ville, son effervescence, sa joie de vivre le fascinent. Il célèbre les nouveaux lieux de sociabilité comme les cafés, les théâtres, les salons ou encore les grands boulevards où se pressent les parisiens. Tous les habitants de la capitale défilent sous nos yeux : élégants et indigents, bourgeois et hommes du peuple, révolutionnaires et royalistes, jusqu’aux proches de l’artiste – son épouse, ses enfants et ses amis – qui se mêlent, le temps de l’arrivée d’une diligence, aux personnages aperçus cour des Messageries. Boilly documente une vision du Paris de son temps, celui dans lequel il aime à flâner. Quel que soit le sujet traité, le peintre scrute les réactions du public.

 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Guillaume Guillon dit Lethière et Carle Vernet, vers 1798. Huile sur papier marouflé sur toile. Lille, Palais des Beaux-arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Jeune femme, vers 1803. Pierre noire, estompe de pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier brun clair. Arras, musée des Beaux-Arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Une marchande de fleurs, vers 1803. Huile sur toile. Paris, galerie Didier Aaron.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Coucous sur le quai des Tuileries, vers  1807-1810. Esquisse au pinceau et à l’encre de Chine sur toile préparée, 36 x 130 cm. Musée Carnavalet, Histoire de Paris. © Paris Musées / Musée Carnavalet.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Coucous sur le quai des Tuileries (détail), vers  1807-1810. Esquisse au pinceau et à l’encre de Chine sur toile préparée, 36 x 130 cm. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Passage de la planche, vers 1810-1814. Huile sur toile, 32,5 x40,5 cm. Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, Don Mme Albert Lehmann. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Philippe Fuzeau.

Comme un dessinateur de bande dessinée, j'ai saisi à l'encre de Chine cette scène de la vie de tous les jours, au bord de la Seine.  Une foule agitée se presse autour des « Coucous », cette sorte de taxi qui accepte jusqu’à sept passagers. On les appelle ainsi car ils sont jaunes comme la gorge de l'oiseau du même nom. On surnomme aussi les intrépides pressés, qui s’accrochent aux voitures déjà pleines, «les singes» ! Imagine les discussions et les cris que j’ai pu entendre.

 
La rue parisienne est pour Boilly une source d'inspiration privilégiée. La simple traversée d'une rue après l'orage devient une véritable scène de théâtre, autant qu'un défilé de mode. En temps de fortes pluies, les rues de Paris sont impraticables, les trottoirs étant quasi inexistants, tout comme les égouts. Pour y remédier, des «passeurs» installent des ponts de fortune sur roulettes, appelés «ponts tremblants». La famille bourgeoise qui s'y aventure semble ici se donner en spectacle. L'intrigue réside dans l'interprétation du geste du père : est-il prêt à payer ou non ?
Scénographie
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Portefaix,  vers 1803. Huile sur papier marouflé sur toile. Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Petit commissionnaire, vers 1803. Huile sur papier marouflé sur toile. Collection particulière.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Distribution de vin et de comestibles aux Champs Élysées, à l’occasion de la fête du roi, 1822.
Huile sur toile, 97 x 129 cm.
Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris. © Musée Carnavalet / Paris Musées.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845).  L'Arrivée d'une diligence dans la cour des Messageries, vers 1803.  Pierre noire, plume et encre noire, lavis gris, rehauts de gouache blanche sur papier bleu. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques.

 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845).  L'Arrivée d'une diligence dans la cour des Messageries, vers 1803.  Détail montrant un autoportrait de Louis-Léopold Boilly.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Descente de la diligence, vers 1803. Huile sur toile. Collection particulière.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L’Arrivée d’une diligence dans la cour des Messageries, 1803. Huile sur panneau, 62 x 108,5 cm.
Paris, musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Philippe Fuzeau.

Me voici à nouveau au centre du tableau ! Quel plaisir d’arriver enfin, après un voyage fatigant et dangereux, et d’embrasser ceux que l'on aime. Observe attentivement les personnages qui m’entourent : parmi les porteurs de bagages, certains sont des enfants qui doivent gagner leur vie très tôt. Pour peindre ce tableau, j'ai réalisé plusieurs études préparatoires qui sont exposées dans cette salle. Amuse-toi à retrouver certains personnages.

 
Chronique d’un Paris moderne, l'ambitieuse Arrivée d'une diligence est à la fois une scène de genre, un paysage urbain et un portrait collectif. Elle se situe cour des Messageries générales, point de départ et d’arrivée des voitures publiques qui desservent toute la France. Boilly décrit ici les départs pour le Nord, dont il est originaire. Acteur principal de la scène, il embrasse son épouse à son arrivée. Ses amis, les peintres Guillaume Guillon Lethiére (en manteau rouge, à ses côtés) et Carle Vernet (l'homme élégant, à droite de la scène), servent de figurants. Ces derniers sont repris, inversés en miroir, de l'étude destinée à la Réunion d’artistes dans l'atelier d'Isabey, exécutée cinq ans plus tôt (présentée en salle 6).
L’Arrivée d'une diligence est le fruit d’une élaboration minutieuse et originale. Boilly travaille d’abord sa composition à l'aide d’un dessin d’ensemble, avant d’étudier à l’huile certaines figures qu’il peint à une échelle plus importante que celle du tableau.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Prison des Madelonnettes, vers 1815-1819. Huile sur papier marouflé sur toile, 76 x 106 cm. Musée Carnavalet, Histoire de Paris. © Paris Musées / Musée Carnavalet.

Boilly prend ici pour sujet la prison pour femmes installée depuis 1795 dans l’ancien couvent dédié à l'ordre des filles de Marie-Madeleine, dit « Madelonnettes », réservé aux prostituées «repenties». La composition traduit une étrange impression de monumentalité dramatique. Dans ce décor au clair-obscur théâtral, le peintre livre une scène de genre inédite, opposant du côté ensoleillé des prisonnières ou visiteuses badinant avec des gendarmes, et dans l’obscurité, des recluses au travail. Un gardien de dos semble désigner la pénombre comme un funeste présage.

 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Deux jeunes Savoyards assis, vers 1803. Huile sur papier marouflé sur toile, 23 x 31 cm. Collection particulière.
Scénographie
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L'Intérieur d'un cabaret, vers 1828. Huile sur toile. Paris, musée du Louvre, département des Peintures, legs Adrien Chevallier.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Jeu du tonneau, vers 1828. Huile sur toile. Wiltshire, The Ramsbury Manor Foundation.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L'Intérieur d'un café, vers 1824.  Mine de plomb, plume et encre noire, lavis brun et noir, aquarelle sur papier brun clair. Signé en bas à droite sur le montage : L. Boilly del. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Vue intérieure du Panthéon avec figures, vers  1806-1819 ou après  1830. Huile sur papier marouflé sur toile, 63 x 85,5 cm. Musée Carnavalet, Histoire de Paris. © Paris Musées / Musée Carnavalet.


Salle 4 - Le spectacle des boulevards

Scénographie
Le spectacle des boulevards

Pour Boilly, comme pour tant d’interprètes du XIXe siècle, d’Honoré de Balzac à Charles Baudelaire, le véritable spectacle se déroule dans l’espace public des boulevards. Dès le début de sa carrière, Boilly vit dans le quartier des Grands Boulevards, haut lieu des divertissements dont il s’inspire. Il témoigne de l’engouement pour Guignol et révèle la fureur que suscite le théâtre, alors la distraction la plus courue de la capitale. Au-delà des effets de foule, il s’intéresse aux qualités théâtrales des faits et gestes du quotidien. Avec ses acteurs turbulents et ses grappes de spectateurs, la Scène du carnaval résume sa vision : le théâtre se trouve dans les rues de Paris, ses habitants en sont le principal divertissement. Boilly livre ici une « comédie humaine » jubilatoire. Il signe cette œuvre manifeste, la plus ambitieuse de ses scènes de foule, à l’âge de 71 ans.
 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Lanterne magique, vers 1808-1814. Huile sur une plaque de verre, avec au verso un dessin préparatoire à l'encre contrecollé et découpé suivant le contour légèrement réduit des silhouettes. Collection Robert Panhard.
   
J’assiste de loin à une projection de lanterne magique. Les spectateurs regardent un mur encore blanc sur lequel vont surgir des images projetées à la lumière d’une bougie. L'homme qui est au centre manipule une boîte dans laquelle des plaques de verre peintes sont disposées les unes à la suite des autres. La succession des images va raconter une histoire. Eh oui, ce sont bien des adultes qui sont captivés par la magie de ces premiers dessins animés ! Autour de toi, tu retrouveras d'autres distractions de l'époque, comme le théâtre de marionnettes ou le carnaval.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Scène du carnaval,  1832. Huile sur toile, 61 x 107 cm.
Wiltshire, The Ramsbury Manor Foundation. © The Ramsbury Manor Foundation.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

Entre la fête des Rois et le mardi gras, la période du Carnaval agite tout Paris. Regarde la foule qui arrive, à pied, en calèche, en charrette. On se retrouve sur les Grands Boulevards, déguisé, masqué ou en simple observateur. Vois-tu le petit garçon déguisé en Pierrot ? Son costume blanc est trop grand pour lui, mais il s'amuse déjà ! Où sont les deux arlequins ? Remarque la femme en jaune, déguisée en princesse, et à l'arrière-plan celle qui soulève sa jupe, vois-tu ce qu’elle fait ? On s’interpelle, on s’admire, on s'étonne... C’est une soirée de fête qui s'annonce ! On se croirait devant une vraie scène de théâtre. Même le chien porte un masque sur son postérieur !
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Spectacle ambulant de Polichinelle,  1832. Huile sur toile, 33 x 41 cm. Wiltshire, The Ramsbury Manor Foundation. © The Ramsbury Manor Foundation.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Représentation des marionnettes,  vers 1812. Huile sur papier marouflé sur toile. Collection particulière.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L’Entrée du théâtre de l’Ambigu-Comique à une représentation gratis, 1819. Huile sur toile, 65,5 x 81 cm. Signé et daté en bas à droite : L. Boilly 1819. Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, Legs Mr Georges Heine.

Le théâtre occupe une place de choix dans la vie et l’œuvre de Boilly, durant toute sa carrière. L'Ambigu-Comique, situé sur le boulevard du Temple, est, avec ceux de la Gaîté et de la porte Saint-Martin, le haut lieu du théâtre de boulevard, où s’enchaînent les mélodrames à succès. Boilly peint ici une foule d’ouvriers et de petits commerçants assiégeant l'entrée un jour de représentation gratuite, sous le regard complaisant des bourgeois et de la police. L'artiste saisit l'occasion de dépeindre l’agitation de la foule dans toute la variété de ses expressions.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Marche incroyable, vers  1797. Huile sur panneau, 39,3 x 51 cm.
Signature frottée en bas à droite : L. Boilly.
Collection particulière. © Guillaume Benoît.

Au lendemain de la Révolution, la société parisienne défile en parade. L'artiste joue sur le sens du mot « incroyable » : à la fois courant de mode caractérisée par ses extravagances vestimentaires à l'époque du Directoire (1795-1799) et aspect insolite de cette assemblée. Boilly décrit en détail les costumes de ces vingt-et-un personnages de tous âges et de toutes catégories sociales. Un couple de sans-culottes chaussés de sabots côtoie une « merveilleuse », une élégante parée d'un costume à la grecque, des « incroyables » en redingote, ou encore deux militaires, l'un fumant la pipe, l'autre reconverti en marchand de coco, une boisson populaire de l'époque.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Passage du Pont Royal, vers  1800. Huile sur toile, 69 x 25 cm.
Musée Carnavalet, Histoire de Paris. © Paris Musées / Musée Carnavalet.


Salle 5 - Les visages des Parisiens

Scénographie
Les visages des Parisiens

Boilly aime à scruter les lieux comme les visages de Paris. Devenu un portraitiste recherché de la capitale, en particulier par la nouvelle bourgeoisie, il tire le portrait de tous les Parisiens comme des personnalités de passage. L’artiste élabore un format inédit de portraits, qu’il produit pendant quarante ans. Il brosse ses « petits » portraits en buste, au cours d’une séance de pause de deux heures, et les présente systématiquement dans le même cadre. Cinq mille visages furent ainsi immortalisés par le pinceau de Boilly, dont près de mille sont aujourd’hui connus.

Du portrait à la caricature, Boilly se livre dans sa célèbre série des Grimaces à un inventaire truculent des expressions, des passions ou des manies de ses contemporains, entre caractère intime et archétypes sociaux. Les bouches se tordent, les nez se plissent, les yeux clignent et roulent, offrant un contraste saisissant par rapport à la pondération de ses portraits. Se jouant des physionomies et des comportements, Boilly tourne en dérision, avec une même efficacité, un vice, tel que l’avarice, ou un métier, comme celui des antiquaires.
 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Johann Theodor Susemihl, 1802. Lithographie tirée en noir. Datée et signée en bas à gauche : 9 juin 1802 L. Boilly. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie.
   
Ce portrait de Johann Theodor Susemihl atteste de la curiosité de Boilly pour la nouvelle technique de la lithographie inventée en Allemagne en 1796. Datée du 9 juin 1802, il s'agit de la première épreuve connue en France. Boilly, en précurseur, s'empare de ce médium pour diffuser son œuvre, notamment sa série composée d'une centaine de lithographies intitulée Les Grimaces.
Susemihl (1772-1848) se spécialise dans la gravure botanique et la peinture animalière. Dès les années 1805-1807, il s'intéressa à la lithographie à la suite de Boilly.
Plan de Paris (partie centrale) avec, en rouge, les adresses de Boilly et, en vert, les lieux parisiens dans les peintures de Boilly.

1. 2. avenue des Champs-Elysées (8e arr.) - 4. Prison des Madelonnettes (3e arr.) - 5. Cour des Messageries (2e arr.) 6. quai des Tuileries (1er arr.) - 7. Pont Royal (1er arr.) - 9. Boulevard du Temple (3e arr.) - 10 Boulevard Saint-Martin (3e arr.).
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Quarante portraits, vers 1798. Huile sur toile, 22 x 16 cm.
Collection particulière. © Shac : Étienne Bréton / Saint-Honoré Art Consulting. © Guillaume Benoît.
Boilly innove à partir de 1800 en proposant à une clientèle de Parisiens ce format inédit de petits portraits. Il en fait la réclame dans le livret du Salon de 1800. «Tous d’une ressemblance parfaite» et d’un format identique, ils sont exécutés à l’huile en une séance de deux heures et toujours vendus dans un cadre doré Empire, orné de palmettes ou de feuilles. À l'instar du miniaturiste Jean-Baptiste Isabey, Boilly entrevoit un débouché lucratif grâce à ce modèle standard de portrait au prix attractif, devenu sa marque de fabrique pendant trente-cinq ans.
 

Tu l'as compris, j'adore observer mes contemporains. Regarde ces petits portraits, peints chacun en seulement deux heures, tous de la même taille. On dirait des photos d'identité. Quel est ton préféré ? J'aime également faire des caricatures, accentuer les expressions et les défauts. J’ai rassemblé toutes mes observations dans cette série de gravures intitulée Les Grimaces. J’aime aussi témoigner de l’actualité : j'ai réalisé les portraits d'indiens d'Amérique, de la tribu des Osages, venus rencontrer le roi Charles X en 1827 à Paris.
Avec leurs cheveux et leur menton rouges, ils ne sont pas passés inaperçus dans Paris ! À ton avis, qui pourrais-je dessiner dans le Paris d’aujourd’hui ?

Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Six portraits, vers 1798. Huile sur toile, 22 x 16 cm.
Collection particulière.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Six portraits, vers 1798. Huile sur toile, 22 x 16 cm.
Collection particulière.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Grimaces, vers  1823. Ensemble de 20 lithographies, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm.
Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
Les quatre-vingt-seize lithographies des Grimaces rencontrent un succès populaire dès leur première publication entre 1823 et 1828 chez l’éditeur François Delpech, puis en 1837 chez Gabriel Aubert sous un nouveau titre, Groupes physionomiques. Boilly connaît les interprétations morphologiques de la physiognomonie de Kaspar Lavater (1741-1801) et la phrénologie de Joseph Gall (1758-1828) – discipline qui voyait dans la morphologie du crâne le reflet de certains traits de caractère. Comme ses prédécesseurs et contemporains - le sculpteur Messerschmitt, le graveur Rowlandson, le caricaturiste Daumier -, Boilly interroge, par la grimace, les rapports entre physionomie et détermination des comportements.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Grimaces, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L'Avarice, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Grimaces 6, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Amateurs de tableaux, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Antiquaires, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Osages, peuplade sauvage de l'Amérique septentrionale, dans l'État de Missouri, arrivés à Paris le 13 août 1827, 1827. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié. Collection particulière.
   
La lithographie des Osages constitue une exception dans cette suite de Grimaces. Ici point de caricature, mais des portraits empreints de dignité. En 1827, l’arrivée à Paris d'un groupe de six Indiens d'Amérique septentrionale crée l'événement. Leur succès est tel que d’autres artistes comme Horace Vernet les représentent à la même date. Boilly traite avec acuité les visages, les expressions, les parures, les coiffures et les vêtements dans un souci d'individuation sociale.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Grimaces, vers  1823. Ensemble de 20 lithographies, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm.
Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Luxure, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Félicité Parfaite, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les faux Toupets, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Petits Ramoneurs, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Sortie d'une Maison de Jeu, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Réjouissance Publiques. retour des distributions, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le baume d'acier, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les nez ronds, vers  1823. Lithographie, tirage en noir, tirage colorié, 38 x 27,5 cm. Saint-Honoré Art Consulting, Paris. Collection particulière. © Guillaume Benoît.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’oeil : « Trente-trois têtes d’expression », grisaille à l’imitation du crayon, vers  1820-1825.
Huile, encre noire, lavis gris sur toile, 37 X 49 cm.
Collection particulière. © Guillaume Benoît.


Salle 6 - Les paris de Boilly

Scénographie
Les paris de Boilly

Acteur et témoin du Paris des arts, Boilly nous invite à découvrir les ateliers de ses confrères, peintres et sculpteurs. L’immense succès de la Réunion d’artistes dans l’Atelier d’Isabey au Salon de 1798 – le temps fort de l’art
contemporain – consacre sa carrière. Nouvel espace de sociabilité, l’atelier y est célébré pour la première fois comme « un panthéon de l’amitié ». Fort de ce triomphe, le peintre présente au Salon de 1800 Un trompe-l’oeil des plus
singuliers. L’œuvre fait sensation. Il se joue des caractéristiques matérielles de son propre art : l’estampe, la peinture ou le dessin deviennent le sujet même de son tableau. Plus que jamais, son œuvre invite à un regard critique du spectateur. Boilly fera de l’art du trompe-l’œil l’une de ses spécialités, en l’élevant à un niveau de perfection et d’ingéniosité inégalé. Il y appose son nom à répétition et sur tous les supports. Alliant tour de force technique et stratégie publicitaire, il fait de la signature, au cœur du trompe-l’oeil, un lieu d’invention inédit.
 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Un trompe-l’oeil, vers  1800. Huile et traits de crayon gras sur toile, 56 x 70,5 cm. Signé à trois reprises: en bas à droite, L. Boilly ; sur la marge de la fausse gravure et à gauche, Boilly pinx. ; à droite, L. Boilly Sc.. Collection particulière. © Droits réservés.

 


Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 

En 1800, Boilly est le premier artiste à présenter au Salon une œuvre sous le titre de Trompe-l'œil, Cet art de l'illusion est alors considéré comme un genre pictural mineur. Le titre est novateur, puisque le terme « trompe-l'œil » ne figure pas encore dans le dictionnaire, tout comme le sujet est insolite. L'artiste peint, dans un grand format, un amas de dessins écornés, une esquisse peinte et une estampe, présentés sous une vitre brisée. Il signe par trois lois cette œuvre manifeste, incluant son autoportrait moqueur. Au centre, il figure l'un de ses proches, le comédien Elleviou. Si l'œuvre  est décriée par la critique, elle fascine le public et attire une « grande foule », comme en témoigne un contemporain.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Chat gourmand crevant la toile pour manger des harengs, vers  1800-1805.
Huile sur toile, 85 x 96 cm.
Collection Farida et Henri Seydoux, Paris. © Guillaume Benoît.

Tu n'as pas été trop surpris par mon chat ? Je l'ai peint plus vrai que nature. On a du mal à croire que ce que l'on voit n'est qu'une image ! Ne trouves-tu pas que son poil invite aux caresses ? Je mets beaucoup de précision dans chaque détail pour créer une illusion parfaite. Si le peintre est farceur, le chat aussi. Il traverse la toile déchirée par une bûche de bois. C'est un gourmand, qu'est-ce qui l'a attiré ? Il a senti et a trouvé les poissons qu'il va déguster ! Va-t-il sauter vers un autre trompe-l'œil exposé dans cette salle ?

 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Un Christ, vers 1812. Huile sur toile. Signé sur le cartellino : L. Boilly. pinx: / rue Meslée, n° 12 / A Paris. Collection Jean-Luc Baroni.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Un Christ (détail), vers 1812. Huile sur toile. Signé sur le cartellino : L. Boilly. pinx: / rue Meslée, n° 12 / A Paris. Collection Jean-Luc Baroni.
(Nota : L'encadreur aurait dû recouvrir une partie du cartellino pour faire croire que le peintre l'avait glissé sous le cadre !)
La signature est la clé de lecture de la composition, Elle est inscrite sur un cartellino qui s'apparente à une carte de visite, indiquant l'adresse de Boilly. Modelée en relief comme le crucifix, elle le désacralise et fait la réclame de la virtuosité de l'artiste. Le tableau, qui perd son statut d'œuvre religieuse, évoque la période post-révolutionnaire marquée par la dispersion des objets ecclésiastiques. Présenté au Salon de 1812, ce Christ insolite - seul sujet religieux de toute la carrière de Boilly - révèle comment la signature participe chez lui d'une stratégie d'autopromotion.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Amphitrite sur les eaux, vers 1800. Huile sur papier marouflé sur toile.
Signé en haut à droite sur un cartellino : L. Boilly.
Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Jean-Antoine Houdon modelant le buste de Laplace, vers 1804. Huile sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Grappe de raisin blanc, vers 1795-1800. Huile sur papier marouflé sur toile. Signé en bas à gauche : L. Boilly pinx. Rouen, musée des Beaux-Arts.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey, vers  1798. Huile sur toile, 72 X 130 cm.
Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, Legs Biesta-Monrival. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Adrien Didierjean.



Ce chef-d'œuvre ambitieux, célébré au Salon de 1798, marque une rupture dans la représentation traditionnelle de l'atelier. Boilly ne montre pas l'artiste au travail, mais ce dernier entouré de ses amis échangeant sur la toile qu'il vient d'achever. Ce portrait collectif original, tel un «Panthéon de l'amitié», réunit trente-et-un artistes, architectes, comédiens et hommes de lettres de la même génération, tous représentés sur un pied d'égalité. La scène se déroule dans l'atelier réinventé par Boilly du miniaturiste Jean-Baptiste Isabey, alors très en faveur.
 


Salle 7 - Illusions d’optique

Scénographie
Illusions d’optique

Curieux de son temps, Boilly est fasciné par l’actualité scientifique et les innovations techniques. En amateur, il collectionne de nombreux instruments optiques : chambres noires (il en possède une trentaine), télescopes, lorgnettes,
pantographes ou zograscopes, autant d’objets nouveaux dont il mobilise les ressources afin d’atteindre la perfection illusionniste dans ses fameux trompe-l’œil.
L’ensemble de La Queue au lait, restitué pour la première fois, en est une démonstration éloquente. De sa version originale colorée à la grisaille jusqu’au trompe-l’œil qui reprend le motif du cheval, l’artiste met en scène avec humour et virtuosité « l’art de la feinte », sûr de sa technique et prompt à se jouer du spectateur. À l’âge de la reproduction, avec l’émergence des nouveaux procédés de la lithographie (1796) et bientôt de la photographie (1826), Boilly propose une réflexion inédite sur son art et sur la reproductibilité.
 
Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Un Trompe-l’œil, vers 1800-1805. Huile sur toile. Signé en bas à droite sous l'enfant endormi : L. Boilly pinx (en partie effacé). Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Queue au lait,  vers 1796. Huile sur papier marouflé sur toile. Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’œil en grisaille à l'imitation de l'estampe : « La Queue au lait », vers 1796. Huile sur toile. Traces de signature en bas à gauche et d'une majuscule en bas au centre, sur la marge blanche. Collection particulière.
En 1796, l'approvisionnement des vivres fait défaut à Paris. Des comités de bienfaisance aident les plus nécessiteux. Ici, les femmes et les enfants se pressent autour de la charrette d'une laitière dans l'espoir d'obtenir un peu de lait. Comme par jeu, Boilly peint un tableau en couleur puis en exécute une version en grisaille à l’imitation de l’estampe. Dans le trompe-l'œil, Bailly s'amuse à reproduire à l'identique l’étude du cheval identifiable dans La Queue au lait. Ce procédé de « copier-coller » ainsi que le rendu illusionniste de ses trompe-l'œil laissent supposer l’utilisation d'une chambre noire ou d’un pantographe pour reproduire ses œuvres.
 
Instruments d’optique (de haut en bas) :
- Lunette achromatique à mouvements à engrenage, vers 1775-1800. Laiton, verre, acier.
Paris, musée des Arts et  Métiers - Cnam.
- Chambre noire ou camera obscura portative dite à portrait, vers 1800. Bois, verre, laiton.
Paris, musée des Arts et Métiers - Cnam.
- Pantographe, avant 1814. Laiton.
Paris, musée des Arts et  Métiers - Cnam.
 
Jean-François Cazenave d'après Louis-Léopold Boilly. L'Optique, avant 1795. Gravure au pointillé, tirée en noir. Deuxième état : en bas à gauche, peint par L. Boilly; en bas à droite, gravé par F. Cazenave; au centre, titré L'Optique; au-dessous, l'adresse à Paris chez l'auteur, rue Jacques n°13, en face de la rue la Parcheminerie. Imprimé par Finot. Collection particulière.
Boilly expose au Salon de 1793 un tableau, aujourd'hui disparu, titré L'Optique. Cette scène de genre témoigne de sa fascination à l'égard des inventions scientifiques. Elle représente une mère et son fils étudiant des vues d'optique à travers un zograscope. Figuré au centre de la composition, cet appareil composé d'une loupe convexe et d'un miroir incliné permet d'accentuer la profondeur de la vue, offrant une image en relief. Cette œuvre est l’une des rares représentations de cet instrument qui révèle un engouement pour la science et la diffusion des avancées techniques.


Salle 8 - Des boudoirs aux boulevards (1)

Scénographie
Des boudoirs aux boulevards

Autodidacte, Louis-Léopold Boilly gagne la capitale pour parfaire son art. Il découvre avec enthousiasme dans les collections parisiennes les œuvres des peintres hollandais du XVIIe siècle, connus pour leur métier précieux et leur facture « porcelainée ». Comme ses contemporains Jean-Honoré Fragonard et Marguerite Gérard, Boilly entreprend de rivaliser avec ses prédécesseurs en perpétuant une tradition libertine pour une clientèle connaisseuse des sous-
 
entendus équivoques. Popularisées par la gravure, ses scènes galantes, à la manière précise et soignée, lui assurent une grande partie de ses revenus. Ces scènes de mœurs, interprétées dans un langage proche du théâtre de Beaumarchais, jouent avec originalité des subterfuges de l’amour et de la pluralité des plaisirs, féminins et masculins.

À la faveur des bouleversements engendrés par la Révolution, Boilly substitue au théâtre intime du boudoir le spectacle, public, des boulevards parisiens.


Texte du panneau didactique.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Deux jeunes amies qui s’embrassent, vers  1789-1793. Huile sur toile, 42,5 x 35 cm. Wiltshire, The Ramsbury Foundation. © The Ramsbury Manor Foundation.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). L'Indiscret, vers 1789-1793. Huile sur toile. Signé en bas à gauche : Boilly pinx. Paris, musée Cognacq-Jay.
Ce baiser entre deux femmes dans l'intimité d'une chambre au décor élégant interpelle par son caractère osé. Cette scène de genre libertine s'inscrit dans la tradition de la peinture de cabinet produite dès le XVIIe siècle pour des amateurs masculins. La scène n'est plus suggestive mais explicite. Le spectateur est pris à partie dans sa condition de voyeur. Si le sujet des amours saphiques est présent dans la littérature du XVIIIe siècle, la représentation d'un baiser langoureux entre deux femmes reste rare à cette époque.
 
Les motifs de la robe jetée sur la chaise,  le carton débordant de rubans roses, la mule renversée témoignent de la virtuosité de Boilly à rendre les matières. La composition en trio - deux jeunes filles à demi dénudées et un jeune homme indiscret - correspond à un archétype théâtral. L'Indiscret appartient au répertoire des scènes galantes qui ont fait le succès de Boilly dans les années 1790. Ces œuvres séduisent les amateurs, héritiers d'un goût associé aux dernières années de l'Ancien Régime.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le Doux Réveil, vers  1789-1793. Huile sur toile, 32,5 x 23,5 cm. Paris, musée Cognacq-Jay. © Paris Musées / Musée Cognacq-Jay.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Lutte galante (Ça ira), vers 1789-1793. Huile sur toile. Collection particulière.


Salle 9 - Des boudoirs aux boulevards (2)

Scénographie
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). La Descente de l'escalier, vers 1800-1810. Huile sur papier marouflé sur toile. Paris, musée Cognacq-Jay.

Un vieil homme aidé d’une canne descend un escalier. Le décor de ce lieu mystérieux se réduit à un mur de pierres orné d'un portrait d'homme âgé. Comme souvent dans les œuvres de Boilly, un chien, symbole de la fidélité, attend son maître au bas des marches. Le personnage dans l'ombre est éclairé à contre-jour par une source lumineuse située à l'arrière-plan. Le traitement contrasté de la lumière rappelle celui de l'Après-souper et confère à la scène une atmosphère crépusculaire. Est-ce une invitation à méditer la finitude de l’homme ?
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Les Six enfants de Boilly et leurs mères de profil, vers 1823-1827. Huile sur panneau. Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845).
2. Portrait de femme, vers 1800. Miniature, huile sur ivoire.
Collection particulière.
3. Portrait d'un homme au foulard bleu, vers 1800. Miniature, huile sur zinc.
Collection particulière.
4. Portrait probable d'un membre de la famille de l'artiste (ou Portrait présumé d'Arnoult Jovite-Polycarpe Boilly), vers 1802-1804. Miniature, huile sur métal.
Collection particulière.
 
Louis-Léopold Boilly (1761-1845).
5. Portrait présumé du peintre Henri-François Riesener, vers 1800. Miniature, huile sur zinc.
Collection particulière.
6. Portrait d'homme, vers 1800. Miniature, huile sur zinc.
Collection particulière.
7. Petite fille au chat, vers 1800-1804. Miniature fixée sous verre, montée sur une boîte en écaille.
Collection particulière.