VOUS N’AUREZ PAS LA BRETAGNE !

Article publié dans la Lettre n°556 du 26 octobre 2022


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VOUS N’AUREZ PAS LA BRETAGNE ! Texte de Alain Péron. Mise en scène Valérie Delva. Avec Ondine Savignac, Thomas Maurin, Aurélien Boyer, Mathilde Wislez.
Elle est magnifique dans sa blondeur hautaine rehaussée du rouge et argent de ses atours. La volonté inflexible, voire la dureté de son père Louis XI. Intelligente, fine stratège, Régente à la mort du roi, elle n'a qu'un défaut, celui d'être née fille dans une monarchie qui ne lui reconnaît pas le droit au trône. Anne de France se dévoue sans restriction, au sacrifice de son propre choix de femme amoureuse, au service de cette nation à la tête de laquelle elle portera avec sagesse le frère qu'elle a élevé, jeune garçon immature et versatile, qui se révèle un Charles VIII plus difficile à manier. Face à elle, le brillant Louis d'Orléans, ce cousin retors prêt à toutes les compromissions pour parvenir à un trône qu'il ne gagnera que par succession légitime à la mort de Charles. Immiscée malgré elle dans ce trio « français », la Duchesse Anne est l'enjeu de conflits territoriaux entre sa Bretagne et la France qu'elle épousera en la personne successive des deux cousins, Charles VIII et Louis XII. Aussi magnifiquement blonde, hautaine, dans le satin bleu et argent. Les deux Anne s'affrontent à armes égales, celles d'un amour inconditionnel pour leur propre patrie. Mais un respect mutuel les anime et les rapproche, l'une drapée dans la frustration, l'autre dans les si nombreuses maternités qui sèment son double parcours conjugal trop souvent endeuillé.
L'espace scénique est quasi vide, dépouillé de tout artifice de décors redondants. Un très long coffre recouvert de draps, ôtés un à un au gré des époques successives, matérialise la banquette des aveux, le trône du pouvoir, le lit des douleurs et des morts. Tandis que se projettent sur l'écran en fond de scène des paysages et des vitraux, assortis de musiques d'époque et de cornemuses bretonnes.
Ce dépouillement confère une particulière intensité aux échanges très variés entre les quatre comédiens habités par leur personnage. Clair-obscur des tractations sournoises, halo de grâce des sentiments amoureux, violence des rivalités et des amours impossibles, l'éventail est à la mesure d'une période troublée de l'Histoire, dont ce théâtre offre avec bonheur le spectacle vivant.
Ne vous privez surtout pas de ce plaisir ! A D. Théâtre de la Contrescarpe 5e.


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