NOCES DE CORAIL de Laure Loäec. Mise en scène Frédéric Thibault et Zakariya Gouram. Avec Alice Berger, Amandine Dewasmes ou Amandine Pudlo, Zakariya Gouram ou Thomas Drelon, Aymeric Lecerf ou Yannick Mazzilli.
Les Coquelicots de Monet et son harmonieuse beauté, bouleversent les sens. Côte à côte devant l’œuvre d’art, un homme et une femme sont en admiration, puis ils se regardent, font connaissance et ne se quittent plus. De ce coup de foudre, naît Agathe, un bébé joyeux jusqu’au jour où… Dès lors, le couple ressasse la même question : la maladie aurait-elle pu être évitée s’ils s’étaient inquiétés plus tôt des bizarreries de leur petite fille. Le médecin ne répond pas à cette interrogation. Il se borne à expliquer par une métaphore que le cerveau d’Agathe est un corail qui peu à peu se calcifie. Ce corail est à Agathe ce que le nénuphar est à Chloé, l’héroïne de l’Écume des jours, une image poétique, pour mieux comprendre le mal et supporter le fardeau. Les parents vont devoir vivre dans l’attente des examens et des résultats, maîtriser leurs émotions face aux espoirs de traitements et de guérison, protéger leur enfant du verdict et accepter l’implacable diagnostique. Mais un couple, aussi fusionnel soit-il, peut-il surmonter ensemble la plus tragique des épreuves ?
La scène, presque vide, s’anime à force d’accessoires, neige tournoyante, ballons virevoltants ou suspendus. De musée, elle devient logis, puis hôpital où infirmier et médecin sont de froids interlocuteurs face à l’épilogue qui se dessine, orchestré par Agathe, à la fois narratrice et actrice. Elle commente ou guide la réflexion de ses parents dont les réactions, d’abord identiques, divergent peu à peu au point de ne plus se comprendre.
Les comédiens expriment tout cela merveilleusement ce soir-là. Amandine Dewasmes, la femme amoureuse et joyeuse, puis la mère courageuse et déterminée qui jusqu’au bout positive. Aymeric Lecerf, l’homme qui lui renvoie son amour, puis laisse apparaître toute sa fragilité. Alice Berger est une merveilleuse Agathe, portant ses parents à bout de bras au lieu d’être portée.
Un drame exempt de tout pathos, traité avec poésie et une remarquable énergie, une réussite ! M-P P. Théâtre Le Funambule Montmartre 18e.