MAGELLAN

Article publié dans la Lettre n°626 du 26 novembre 2025


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MAGELLAN d’après Stephan Zweig. Traduction Alzir Hella.  Adaptation Thibaut Large et Aurélien Pornet. Mise en scène Claire Boust. Avec Étienne Destombes, Alexandre Dissoubray, Thibaut Large, Grégory Mitchell, Aurélien Pornet.
Fernão de Magalhães peut être fier. Le 18 août 1519 dans le port de Séville, cinq caraques, la Trinidad, le San Antonio, la Concepción, le Santiago et la Victoria sont prêts à larguer les amarres avec deux cent trente sept hommes à bord. Le but de Magellan n’est pas de faire le tour du monde mais d’atteindre les Indes orientales par l’ouest pour rejoindre les îles Moluques, îles aux épices, et s’accaparer le monopole de leurs richesses dont le giroflier. Trouver un passage vers l’ouest, quelle gageure! Le navigateur portugais s’est tant battu auprès de son roi qui a rejeté son projet puis auprès du roi d’Espagne Charles 1er qui, lui, l’a accepté et en partie financé.
On compte et recompte les vivres. «Sur terre un oubli, c’est un contretemps, en mer c’est une condamnation». Le voyage commence par la descente le long de l’Afrique puis au large du Brésil vers le sud, respectant le Traité de Tordesillas décrété par le pape Alexandre VI. Le long de l’Argentine, passé le Rio de la Plata, le froid est intense. Les jours succèdent aux jours, le moral des hommes est en berne. Epuisé mais l’œil vissé à l’astrolabe, indispensable pour calculer la latitude, Magellan persiste quand les commandants de trois navires se mutinent. Les condamnations sont terribles. Puis on se rend compte que le San Antonio a pris la fuite et rebroussé chemin. «Qu’importe ce qu’ils raconteront, s’ils parviennent à rentrer au port, je leur offrirai l’océan et ils se tairont», s’exclame Magellan. Il finit par distinguer des feux sur la côte et trouve enfin le fameux détroit qui lui ouvre l’océan inconnu
Personne n’aurait rêvé un tel défi sur les éléments, une telle victoire mais combien de morts pour dire qu’on a découvert un monde déjà habité regrette Magellan avant que la mort ne le surprenne. C’est Juan Sebastián Elcano qui termine le périple, en compagnie d’Enrique le malais, un esclave acheté par Magellan au cours d’un voyage précédent … et d’un marin français natif d’Evreux!
Les cinq caraques avaient levé l’ancre trois ans plus tôt avec deux cent trente sept hommes. Il ne revint au port de Séville qu’un seul navire et dix-huit survivants à bord, mais quel bouleversement que l’ouverture de cette nouvelle voie commerciale!
Sur une scène encombrée de tonneaux, de caisses, de lanternes et d’une voile frappée de la croix de Saint-Jacques, nos cinq «navigateurs» sont plus vrais que nature. Ils se démènent, hurlent, exécutent les ordres, souffrent du froid, de la faim, des maladies et meurent comme des mouches. Leur implication et leur enthousiasme sont communicatifs et l’on savoure, attentifs, les trop rares mais beaux extraits du texte de Zweig. M-P P. Le Funambule - Théâtre Montmartre 18e.


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