LALALANGUE, prenez et mangez-en tous

Article publié dans la Lettre n°495 du 22 janvier 2020


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LALALANGUE, prenez et mangez-en tous de et par Frédérique Voruz.
« Ce n’est pas sa faute, il n’a pas demandé à être... », dit-elle, pour excuser le moustique, le chien infernal, le poivrot peu ragoûtant, les parasites nombreux qui hantent la jungle domestique. Elle, c’est la mère qui n’a pas demandé à être unijambiste, un rocher d’escalade s’en est chargé. Le père en devenu fou à presque lier et se réfugie en incantations arboricoles, la mère s’est décidée à détester ses filles, parce que fille, donc jolie, affectueuse, voire punk. Hystériquement dévote, elle s’entiche de tout ce qui n’est pas sa propre famille, cultive une bruyante éthique de la crasse et du dépouillement, exerce une tyrannie qui serait désopilante si elle n’était pas aussi ravageuse. Comment résister à cette tornade, nauséabonde physiquement et mentalement, quand on est Frédérique, fille écartelée entre haine, dégoût et besoin viscéral de se faire aimer, surtout par le héros du Titanic, Leonardo Di Caprio ? Titanic, choix prédestiné… quand on n’est jamais loin de sombrer. Eh bien, on prend le parti de donner en spectacle cette gargantuesque folie ordinaire, d’insulter la divinité si présente dans la bouche maternelle et si absente dans le secours imploré. Alors, pour contrer la monstrueuse perversité de l’ogresse, point d’autre salut que d’opter pour le jeu de l’actrice, pour le récit truculent sur cette smala délirante et ses errements. Les diapositives projetées scandent la narration, noria des charmants bambins, sourires carnassiers de la mère, sur fond de sommets neigeux et de ciels radieux. Tandis que la psychanalyste prise à témoin ponctue chaque confession d’un mégot rageur et caustique. « Lalalangue »…, à force de pratiquer et de maîtriser, par le corps et les mots, cette langue propre à la famille, Frédérique Voruz trouvera le chemin d’une rédemption joyeusement mécréante, loin des péchés de sa mère et de l’atmosphère délétère des pieuses folies.
Par la variété hilarante de ses voix, par ses mimiques et sa gestuelle à la mesure de la démesure, elle compose en solo un véritable opéra en hommage à la force salvatrice du rire et du théâtre. A.D. Théâtre du Soleil - Cartoucherie de Vincennes, 12e.


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