FRANÇOIS RABELAIS,
portrait d'un homme qui n'a pas souvent dormi tranquille

Article publié dans la Lettre n°542 du 2 mars 2022


  Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.

FRANÇOIS RABELAIS, portrait d'un homme qui n'a pas souvent dormi tranquille. Texte de Philippe Sabres et Jean-Pierre Andréani. Mise en scène Jean-Pierre Andréani. Avec Philippe Bertin et Michel Laliberté.
Devant un François goguenard, le théologien patenté vitupère, en citant ses écrits. Rabelais prouve en toute innocence sa bonne foi face aux attaques sorbonniqueuses ! Mais plaisanteries, jeux de mots, anagrammes, fantaisie de la fiction gigantine, rien ne déride l'irascible homme d'Église, bientôt la peur s'installe, quand le supplice de l'ami Étienne Dolet est annoncé. En dépit du Privilège royal que Rabelais peut produire, la publication du Tiers Livre est imminente et risque d'aggraver son sort. Il s'agit de fuir d'urgence loin d'un bûcher qui se profile. Clément, l'ami de toujours, complice en médecine et en joie de vivre, tente de le persuader de cesser d'écrire pour se remettre à la pratique médicale. Rabelais, amer, évoque les « épidémies d'ignorance » qui « font encore plus de ravages que celles de la peste »... avant d'opter pour la protection épiscopale de Mgr du Bellay. Rieur et bon vivant, celui-ci invite le proscrit à demeurer chez lui. Candidature pontificale, poésie, bienfaits thérapeutiques du rire, les propos sont émaillés de toasts de plus en plus énergiques. Le rêve emporte Rabelais à travers le temps, jusqu'à ce qu'il émerge de ses soubresauts oniriques pour des rires tonitruants partagés avec l'ami Clément retrouvé.
Une mise en scène dépouillée, à géométrie variable, une table, un banc, un fauteuil, une malle... et des verres et des bouteilles, évidemment. Le rythme des échanges est soutenu et le florilège choisi contribue à une évocation haute en couleurs, Panurge, Gargantua, Picrochole défilent avec leur verve originelle et prouvent, si besoin était, la modernité intemporelle du regard que Rabelais porte sur les travers et les dangers de la bêtise et du fanatisme. Une leçon d'actualité à laquelle les deux comédiens offrent le grand rire complice qui les soulève et nous soulève. Car le rire est le propre de l'homme, n'en déplaise à tous ceux qui voudraient le tarir.
Un moment roboratif et vraiment salutaire. A D. Théâtre Essaïon 4e.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection