L’ÉCOLE DE DANSE

Article publié dans la Lettre n°626 du 26 novembre 2025


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L’ÉCOLE DE DANSE de Carlo Goldoni. Mise en scène Clément Hervieu-Léger. Avec la troupe de la Comédie-Française Éric Génovèse, Florence Viala, Denis Podalydès, Clotilde de Bayser, Loïc Corbery, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern, Claire de la Rüe du Can, Pauline Clément, Jean Chevalier, Marie Oppert, Adrien Simion, Léa Lopez, Charlie Fabert, Diego Andres, Lila Pelissier, Alessandro Sanna, et le Pianiste Philippe Cavagnat.
La scénographie présente avec une minutieuse authenticité une salle de danse vétuste avec ses hautes fenêtres, ses escaliers et son piano droit, telle qu’elle aurait pu l’être à Florence au XVIIIe siècle. Les élèves s’exercent au rythme des notes de musique égrenées par un pianiste. Tête haute, buste dégagé, pointes tendues, Monsieur Rigadon, le maître de danse, houspille et corrige. Les apprentis danseurs reprennent inlassablement les mouvements mais lui tiennent tête. Une mère aux abois vient présenter sa fille dans l’espoir que le maître sera convaincu par ses dons. Rosina accepte les funestes conditions du contrat sans broncher, bien décidée à se sortir de ce mauvais pas.
Le comte Anselmo fréquente assidûment l’école et une élève en particulier. Rigadon sait qu’il peut compter sur les libéralités de cet homme généreux mais ses propres affaires vont mal, il doit à tout prix «vendre» l’une de ses recrues. Malgré les tractations qu’il mène avec Ridolfo, le courtier, et Don Fabrizio, l’imprésario, Giuseppina, Felicita et Rosina vont trouver les armes pour éviter les pièges d’une vie misérable et entrevoir un avenir plus clément. Et lorsque prise d’un désir d’indépendance, la sœur de Rigadon se trouve un époux, forte de l’argent de sa dot dont il ne peut se passer, le vent tourne pour le maître de danse.
Il ne fait pas bon être visionnaire. Carlo Goldoni en fit l’amère expérience en proposant un art novateur qui bouleversait celui de la Commedia dell’Arte. Malgré un nombre nourri de pièces à son actif entre 1747 et 1759, cette réforme théâtrale ne connut que des détracteurs. Située dans un milieu particulier, «L’École de danse» ne survécut qu’à deux représentations.
La pièce portait un regard inédit sur les mœurs de l’époque. Malgré la salle de danse mal chauffée, les repas inexistants, le harcèlement du maître et les heures de répétitions, Goldoni brosse un tableau inspiré de la philosophie des Lumières en imaginant la rébellion des petits rats contre la perspective d’une existence affreuse et leur combat pour une existence digne de leur art.
L’ovation du public salue la mise en scène parfaitement maîtrisée, l’irrésistible interprétation de Denis Podalydès, Florence Viala, Clotilde de Bayser, Loïc Corbery, Stéphane Varupenne et Éric Génovèse, la performance des comédiens formés à la danse classique et la prestation talentueuse du pianiste. Une œuvre méconnue à découvrir. M-P P. Comédie-Française-Salle Richelieu 1er.


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