DIALOGUES DE BÊTES. Texte de Colette. Adaptation Lara Suyeux et Elisabeth Chailloux. Mise en scène Elisabeth Chailloux. Avec Lara Suyeux et Cyrille Meyer.
Toby-Chien est fou amoureux d’Elle, Kiki-la-Doucette roucoule pour Lui. Elle, c’est Colette. Lui, c’est Willy. Les Quatre-Pattes vivent à l’heure des Deux-Pattes, de leurs rythmes en contraste et de leurs incompatibilités larvées. Toutes griffes félines sorties, la truffe canine frémissante, les deux quadrupèdes commentent les facettes de cet univers humain, dont ils sont à la fois les témoins et les éponges de sensibilité. En filigrane, ils esquissent les malentendus qui taraudent un couple humain disparate, la jeune Elle-Colette en revendication de liberté, Lui-Willy en égoïste bien installé dans ses exigences de mari. Les scènes se déroulent, tant dans l’ordinaire domestique que dans l’exceptionnel du voyage en train.
C’est Lara Suyeux qui joue délicieusement les deux animaux. Elle ronronne, s’étire en chat voluptueux et vibrant de perversité jalouse, griffe les tissus et vandalise sciemment les bibelots, devant les yeux effarés du petit chien pétri de tendresse et de loyauté. Tandis que Cyrille Meyer prête à un Willy taiseux sa virtuosité picturale, en déroulant avec ses pinceaux, en temps réel, le décor des dialogues. Ce subtil équilibre concourt à un silence aussi parlant que la langue sublime de Colette entre rires et exaspérations. Tout sonne juste, pas un mot de trop dans cette fresque poétique, dont le duo entre pantomime et aquarelles offre une mise en gestes et en lumières excellente.
À voir absolument. A D. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.