LE COMPLEXE DE DIEU

Article publié dans la Lettre n°530 du 15 septembre 2021


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LE COMPLEXE DE DIEU d'Antony Puiraveaud. Mise en scène Jean-Luc Voyeux. Avec Théo Dusoulié ou Olivier Troyon, Lucille Bobet ou Léonie Duédal, Anne-Cévile Crapie ou Béatrice Vincent, Jean-Marc Coudert ou Jean-Luc Voyeux.
Tartuffe tente de séduire Elmire, Matthias et Céline répètent la scène, le metteur en scène réclame plus d'audace réaliste à son comédien engagé de frais. Refus, explosion verbale et gestuelle. Céline, qui est l'amie et ancienne colocataire de Matthias, le calme tout en l'amenant au dévoilement pudique et douloureux de blessures très anciennes qu'il lui avait cachées jusque-là. Ce traumatisme, Matthias a tenté de l'occulter sous le cynisme, une apparente légèreté, une vie instable, mais les secrets enfouis rejaillissent. Comment s'accommoder de la dévotion ostentatoire de la mère, de l'alcoolisme d'un père réfugié dans son jardin ? Comment ne pas hurler contre cette hypocrisie amnésique qui l'a renvoyé à sa solitude d'enfant en proie aux appétits sans vergogne d'un représentant de l'Eglise, sous couvert de chant choral et de théâtre ? Matthias n'est pas au bout de ses propres découvertes, au péril du récit familial entretenu. Le théâtre, justement, au-delà de la révolte, lui permettra le double apaisement de l'aveu et de la révélation publique.
Cette histoire vécue est banalement sordide et répétitive dans l'atmosphère feutrée et nauséeuse des sacristies, mais elle affleure depuis quelques années, jusqu'au dévoilement des prétoires. Condamnations judiciaires à l'appui.
La mise en scène se déploie sur trois lieux simultanés et dans une double temporalité, et permet de raconter, entre réalisme, crudité du langage et véritable pudeur, la douleur hélas trop fréquente de ces adolescents abusés qu'on a murés dans le silence, faute d'oreilles et de consciences pour leur prêter audience.
Le jeu, subtil et contrasté, des quatre comédiens allège par l'humour, sans pour autant la galvauder, la virulence de ces désarrois, en les mettant en perspective avec la dévotion monstrueuse que dénonçait déjà Molière en son temps.
Telle est la force d'un théâtre qui ne saurait vieillir dans sa dénonciation toujours actuelle des perversions humaines. A.D. Théâtre Le Funambule Montmartre 18e.


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