ALBERT & CHARLIE

Article publié dans la Lettre n°562 du 25 janvier 2023


  Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.

ALBERT & CHARLIE d’Olivier Dutaillis. Mise en scène Christophe Lidon. Avec Daniel Russo, Elisa Benizio, Jean-Pierre Lorit.
1938. L’un des plus grands scientifiques de l’histoire reçoit l’un des plus grands cinéastes du XXe siècle dans sa résidence de Princeton. Albert Einstein et Charlie Chaplin sont heureux de se revoir. Ils évoquent leur rencontre sept ans plus tôt lors de la sortie des Lumières de la ville. Le physicien ne garde aucun souvenir du film. Les poussières qui papillonnaient autour du projecteur étaient bien plus intéressantes à observer ! Après bien des vicissitudes, tous deux exilés aux Etats-Unis, ils s’accordent à penser qu’avec Hitler « c’est plus facile de se passer de l’Europe ». Le cinéaste est encore adulé du public mais le cinéma muet est moribond. Il cherche un sujet « fort, brûlant, sensible » et caresse le projet d’une comédie sur le dictateur.
Seul dans sa maison avec la fidèle Hélène qui guette le moindre de ses désirs, Einstein a été écarté des travaux menés par ses confrères scientifiques. Surveillé par le FBI, il mène ses recherches dans la plus grande solitude, même s’il considère qu’on ne fait plus de grandes découvertes après 40 ans, même s’il reçoit plus de lettres d’insultes que d’admiration.
« Vous allez le trouver bien changé », le prévient Hélène lors de la visite suivante. En effet, Albert a vieilli, Son grand regret est d’avoir écrit la fameuse lettre à Roosevelt qui contribua à déclencher le projet Manhattan. Il croyait alors les allemands plus avancés sur la bombe que les américains. Charlie a finalement tourné Le Dictateur. Le succès est encore au rendez-vous mais il sent que lorsque le public le lâchera, ce sera la fin.
Albert qualifie sa vie sentimentale de fiasco. Charlie, très critiqué pour la sienne, vient tout de même de trouver l’amour de sa vie. Mais la chasse aux sorcières organisée par McCarthy l’inquiète.
La dernière visite est celle des adieux. Sa liberté de plus en plus menacée, Charlie est venu prévenir son ami de son départ définitif. Il embarque incognito sur un bateau le lendemain pour s’installer en Suisse, décidé à ne jamais revenir aux Etats-Unis. Il laisse toute une vie derrière lui et un Albert malade qui se dit universellement connu mais totalement seul, l’esprit dorénavant tourné vers la métaphysique.
Olivier Dutaillis remporte haut la main l’adhésion du public avec cette comédie pleine d’humour mais aussi d’amertume. Elle est aiguillonnée par la mise en scène et la parfaite interprétation de Daniel Russo (Albert) Jean-Pierre Lorit (Charlie) et Elisa Benizio, formidable Hélène, qui insuffle un rythme bienvenu à chaque apparition.  M-P P. Théâtre Montparnasse 14e.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection