LA VALISE. De Sophie Forte. Mise en scène Virginie Lemoine et Frédéric Patto. Avec Sophie Forte.
Ouvrir une vieille valise héritée d’un oncle, c’est s’exposer à laisser échapper une grande bouffée de nostalgie. Photos, lettres. Que de petites et grandes madeleines à se mettre sous la dent et à coucher sur le papier sous forme d’un récit! Du récit à l’adaptation théâtrale, il n’y a qu’un pas que Sophie Forte franchit allègrement, accompagnée par deux metteurs en scène chevronnés. Et voici son auditoire embarqué dans la vie de la famille Forte, le père en tête. Suite à une altercation avec un client, le chauffeur de taxi qu’il était se retrouve au chômage, vissé sur le canapé du salon. Six mois de déprime plus tard, sous l’injonction de son épouse, il peint un tableau avec les tubes de gouache de sa fille. Contre toute attente, encadrement et vente immédiats! Et ce succès ne s’est pas démenti durant deux décennies. Un œil sur la télé, un autre sur sa feuille, le père se met à l’aquarelle, produit et expose de quoi inonder la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Allemagne… se voyant décerner au passage de nombreux prix dont celui de Rome, le must, lui qui n’a jamais fréquenté la moindre école d’art!
Salle de l’Olympia, éclairages réalisés par un américain, costumes de Christian Lacroix, la productrice, paraît-il, nourrissait ces folles ambitions! Sophie calma ses ardeurs. Plateau nu de l’Essaïon et vêtements de La Croix (rouge), elle se suffit à elle-même. Tout en racontant les faits et gestes de sa famille, aux prises avec les différents événements de la vie, elle imagine les décors, réalise les bruitages et imite en un clin d’œil tous les personnages. Le régisseur a parfois du mal à suivre! Nous, nous écouterions ce phénomène toute la nuit, enthousiasmés par son humour irrésistible. Un spectacle tonique, absolument hilarant, à ne manquer sous aucun prétexte. M-P P. Théâtre de l’Essaïon 4e.