« N'AYEZ PAS PEUR ! »
Jean-Paul II

Article publié dans la Lettre n° 276


« N’AYEZ PAS PEUR ! » JEAN-PAUL II. Spectacle conçu, réalisé et présenté par Robert Hossein écrit par Alain Decaux. Consultants Jean-Michel di Falco, Bernard Lecomte, avec 70 comédiens dont Marc Cassot, Olivier Sabin, Steven-James Gunnell, Benoît Allemane, Jean-Pol Dubois, François Gamard, Daniel Berlioux, François Raffenaud, François Roy, Patrick Bordes, Salah Teskouk, Djemel Barek, Martine Pascal.
Dans la crypte de la basilique Saint-Pierre au Vatican, ce qui surprend ce n’est pas la foule des touristes venus visiter la dernière demeure des papes mais celle des fidèles massés devant le monument funéraire de Jean-Paul II. Bien des papes ont davantage suscité la haine que la dévotion. Celui-ci restera dans les mémoires et dans les cœurs. Pourquoi ?
Robert Hossein et Alain Decaux, son irremplaçable compagnon de route, répondent à cette question en unissant leur talent pour écrire et mettre en scène la vie de Jean-Paul II. Il ne s’agit pas cette fois de remémorer le parcours tumultueux et théâtral de figures historiques telles que Bonaparte, Marie-Antoinette, Danton et Robespierre ou, de Charles de Gaulle, figure plus emblématique, mais de décrire celui d’un homme qui a particulièrement marqué son siècle, de le rapprocher peut-être davantage d’une autre figure mise en scène par Robert Hossein, celle d’un Homme nommé Jésus. Même si on ne peut comparer l’incomparable, ils s’attachent, ici aussi, aux actes conduits par son cheminement spirituel.
Alain Decaux accomplit un formidable travail d’historien en suivant pas à pas la vie de Karol Wojtyla depuis son enfance jusqu’à la distinction suprême, mais aussi en faisant comprendre la tâche accomplie par Jean-Paul II qui, toute sa vie, a inlassablement tenté de rassembler et de réconcilier les hommes.
Robert Hossein exécute une mise en scène très inspirée. Il commence habilement par l’attentat perpétré par le turc Ali Agça le 13 mai 1981 qui faillit coûter la vie à sa victime. La balle qui laboura son ventre et répandit la moitié de son sang marqua pour toujours le pape dans sa chair mais aussi dans son esprit. Puis, tableau après tableau, entre lesquels s’intercalent des séquences de films d’époque, il expose la vie de Karol Wojtyla à travers son pays la Pologne, « l’un des pays les plus catholiques du monde » mais aussi, à cette époque, l’un des plus chaotiques, car s’affrontèrent sur son sol l’Allemagne nazie et l’Union soviétique avant que ne se referme, pour des années derrière le rideau de fer, la chape de plomb du stalinisme. C’est ce pays assujetti et torturé qui lui a forgé son caractère et sa détermination à œuvrer pour la paix. Celui qui a souffert comprend mieux la souffrance des autres. L’enfance et la jeunesse de Karol Wojtyla furent souffrances et peines et ont été le terreau de son idéal mais aussi la source de ses choix. C'est pourquoi,une fois pape, il ne s’est pas risqué à ébranler les piliers de l’église catholique par des prises de position trop modernes sur la contraception, l’avortement ou le mariage des prêtres et c'est ainsi que celles sur le sida ne seront pas toujours comprises. C’est pourquoi, il choisira pour son premier voyage le Mexique, au gouvernement anticlérical par excellence, et qu’ensuite il parcourra le monde, chrétien, juif ou musulman, rencontrera Lech Walesa, Jaruzelski et Gorbatchev, au nom des droits de l’homme et de la liberté, Mère Teresa ou l’abbé Pierre et, qu’au grand dam de ses cardinaux, il réunira à Assise en 1986 tous les représentants de toutes les religions du monde car, « dans un même lieu on peut être ensemble pour prier sans pour autant prier ensemble ». Cette scène, la plus réussie et la plus poignante car, à travers ces hommes de confessions différentes, c’est le monde entier avec ses propres différences que l’on embrasse, permet de comprendre que, toute sa vie, Jean-Paul II a craint pour la paix du monde, donc travaillé pour elle, parcourant inlassablement notre planète.
André Malraux avait déclaré: « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». Jean-Paul II avait compris lui aussi que le seul moyen d’éviter d’irréparables conflits serait spirituel et passerait par l’entente de toutes les religions. Alain Decaux et Robert Hossein retracent le parcours de cet homme d’exception avec intelligence et acuité. Les quelque 70 comédiens, menés d’une main de maître, font le reste et ce n’est pas peu dire. Palais des Sports 15e, jusqu'au 31 décembre 2007.
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