MISTINGUETT, la dernière revue

Article publié dans la Lettre n° 184


MISTINGUETT, la dernière revue. Comédie musicale de Franklin Le Naour et Jérôme Savary. Textes Franklin Le Naour. Mise en scène Jérôme Savary, Direction musicale Gérard Daguerre avec trente et un comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens dont Liliane Montevecchi, Jean-Marc Thibault, Ginette Garcin, Yann Babilée Keogh, Noëlle Musard, Nina Savary, Maxime Lombard, Antoine Maurel.
Paris, dans les années 30, Mistinguett rentre d’une tournée triomphale aux Etats-Unis. Le Casino de Paris prépare, à l’occasion de ce retour, une revue que le producteur et le directeur veulent particulièrement réussie. Mais la location reste très modeste. Alors que Saint-Fargeau, le producteur, tout à la joie de mettre la Miss à l’affiche parle d’un Austerlitz, Voltera, le patron, inquiet, voit plutôt se profiler un Waterloo. La Miss est peut-être restée trop longtemps outre atlantique, peut-être l’a-t-on déjà oubliée. Les parisiens sont si ingrats. Il faudrait imaginer un stratagème pour faire parler d’elle avant la première. Dans sa loge, capricieuse et souveraine, La Miss ne se pose pas de telles questions. Faisant marcher tout son monde à la baguette, elle a ses exigences et dans sa tête toujours vingt ans. Mais lorsqu’elle entre en scène, on oublie tout pour ne contempler que cette reine habillée de plumes et de strass, descendant l’escalier en chantant comme personne. Une petite vendeuse de violettes arrive jusqu'à la scène. Maligne et têtue, elle parvient à obtenir un petit rôle...
Redonner vie à ce monument du spectacle parisien est dans les cordes de Jérôme Savary, toujours aussi inventif dans ses mises en scène. Celle-ci vive, émouvante et pleine d’entrain, est dynamisée par une musique endiablée. Michel Dussarat, le fidèle costumier, sait encore une fois éblouir avec ses costumes originaux et chatoyants. Mais le metteur en scène possède un autre talent, indispensable à la réussite d’un semblable spectacle, celui de choisir ses artistes. Sur le plateau, c’est une trentaine d'artistes époustouflants qui durant deux heures vingt entraînent le spectateur dans leur ronde enchanteresse. Liliane Montevecchi, qui a derrière elle un palmarès inégalable de Music-Hall, incarne une Miss tout en présence, en élégance et en charme. Ginette Garcin donne une leçon de jeunesse, Ernestine vive, dynamique et savoureuse. Noëlle Musart, quant à elle, offre une remarquable prestation dans le rôle d’une comédienne du Français. La jeune Nina Savary, petite vendeuse de violettes, est dotée d’une fort jolie voix et d’un prometteur savoir-faire. Antonin Maurel lui donne la réplique avec bien du charme. Jean-Marc Thibault étonne une fois encore, maître de revue tout en élégance et en présence. On ne peut les citer tous mais tous apportent la perfection du travail bien fait. Dans la salle, les spectateurs applaudissent à tout rompre. Sans doute peinés par la disparition récente d’un autre monstre sacré, sont-ils venus là pour se souvenir, que pour cet art qu’est le Music Hall, Paris sera toujours Paris, car notre capitale en restera toujours le berceau. Opéra Comique 2e (08.25.00.00.58).


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