GASPARD PROUST

Article publié dans la Lettre n° 348
du 31 décembre 2012


GASPARD PROUST. Un spectacle de et par Gaspard Proust.
Notre humoriste est surpris. Cela lui fait tout bizarre de se retrouver sur scène puisque la recette est déjà encaissée ! En ce qui nous concerne, cela nous fait tout bizarre de l’avoir attendu dix bonnes minutes, d’autant qu’il termine son spectacle à la seconde près. Il est suisse, mais sa montre ne doit l’être qu’à moitié. Il avoue d’ailleurs être un suisse particulier puisqu’il paye ses impôts en France. C’est pourquoi, chez lui, on l’appelle l’idiot du village. Idiot ? Non, non. « Cogitat ergo est », même s’il assure qu’il s’en fout. À en juger le fruit desdites cogitations, on ne croit pas un instant qu’il s’en moque vraiment. « Un artiste est un intermédiaire entre Dieu et les hommes, je ne suis qu’un zippo du Christ, je viens vous éclairer ! ».
Son one man show, pardon, son « seul en scène », est très construit. Il nous annonce la couleur tout de go. La première partie est consacrée à l’économie. Politiquement très incorrect mais dans un français irréprochable, il prend le contrepied de toutes les idées reçues et s’assure que tout le monde suit. La deuxième a pour thème quelque chose dont on pourrait, selon lui, aisément se passer : les femmes. C’est fou ! Dès les premières minutes, il se fait déjà des copines ! Claude François, en retard d’une minute, voyait la scène jonchée de petites culottes lancées par des groupies surexcitées. Lui ne risque pas grand chose et puis, ajoute-t-il: « moi, au moins, je sais changer une ampoule »…
Un jour viendra peut-être où une féministe irascible lui lancera des tomates mais, pour le moment, aucune n’y a songé. Personne n’a grâce à ses yeux. Les handicapés, les vieux, les conseillers de la poste, les profs, les SDF qui brunchent dès potron-minet. Et tant mieux si quelques spécimens ainsi brocardés traînent dans les gradins, la provocation est son credo. Vous l’aurez compris. Gaspard Proust est un humoriste atypique. Cultivé, drôle et imprévisible, il assène, sans mouiller sa chemise (!), un chapelet de réflexions corrosives. Son style châtié et décalé a trouvé son public. Lorsque l’on y adhère, la soirée est assurée ! Théâtre du Rond-Point 8e.


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