ALEGRIA
Cirque du Soleil

Article publié dans la Lettre n° 272

ALEGRIA - CIRQUE DU SOLEIL. Après une première tentative en France qui n’avait pas trouvé son public, le succès de son spectacle Saltimbanco en 2005 (Lettre 242) a encouragé Le Cirque du Soleil, qui compte pas moins de sept spectacles en tournées dans le monde entier et autant en « fixe », principalement à Las Vegas, à revenir à Paris cette année.
Alegria a été créé à Montréal en 1994, soit deux ans après Saltimbanco. Aujourd’hui il a dépassé les 4000 représentations dans plus de 50 villes du monde entier et a été vu par plus de 9 millions de personnes. C’est dire si sa réputation n’est plus à faire ! Et elle est bien méritée. D’emblée on admire son organisation impeccable. Rien n’est laissé au hasard, du fléchage dans la rue jusqu’au parking, de l’accueil aux portes de la vaste enceinte (20.000 m2) jusqu’au placement dans le grand chapiteau, plus confortable que bien des théâtres parisiens. Mais bien sûr c’est le spectacle conçu par Franco Dragone qui nous émerveille. La plupart des numéros sont bien des numéros de cirque, tels qu’on pouvait les voir depuis plus d’un siècle, mais ils sont transcendés par une mise en scène unique qui allie un décor astucieux (fini la piste de 13 mètres de diamètre) composé d’un complexe proscenium avec des trappes, des plateaux qui sortent du sol, etc, des costumes loufoques et saugrenus qui participent à notre enchantement, une musique originale interprétée sur place et toutes sortes d’effets lumineux qui créent un univers magique où évoluent plus de cinquante artistes originaires de quatorze pays, soutenus par cent trente personnes, comprenant des professeurs, des physiothérapeutes, des cuisiniers ... Un vrai village ambulant. Le spectacle commence à la seconde près et pendant deux fois une heure, les numéros s’enchaînent sans temps mort. Il y a autant d’artistes qui « font » de la figuration, tels les « Nymphes » ou les « Vieux Oiseaux Nostalgiques », pour n’en citer que quelques uns, qu’il y en a dans les numéros proprement dits, toujours accompagnés par les précédents.
Le numéro de trapèze solo est aussi audacieux que gracieux. L’artiste le termine en lâchant le trapèze pour redescendre, telle une feuille morte, sur la scène, accrochée à un fil. L’homme volant se promène dans tous les sens, suspendu à un élastique, tout en faisant des exercices comme ceux des athlètes aux anneaux. Une douzaine de jeunes voltigeurs s’élancent sur des trampolines cachés sous la scène, tournoyant en tout sens dans l’espace. Sept autres renouvellent le trapèze avec des barres fixes à 12 mètres de haut et un pendule en dessous où deux porteurs s’affèrent pour réceptionner les voltigeurs avant que tout ce monde ne se jette dans le filet à la fin du numéro.
Nous avons été impressionnés par les deux contorsionnistes, formant parfois une sorte de pieuvre où il était difficile de savoir comment elles arrivaient à prendre de telle position. Les numéros d’équilibre sur des barres verticales et de manipulation de rubans et de cerceaux sont à la fois « acrobatiques » et élégantes. Plus rare, la danse du feu éclaire la scène dans un tournoiement de boules de feu qui embrasent parfois tout le sol. Le numéro de barres russes, lui aussi, renouvelle le genre avec une grande recherche dans les mouvements d’ensemble des voltigeurs, dans les costumes et surtout la scénographie. Mais ce sont encore les clowns qui nous enchantent le plus avec des choses toutes simples qui font rire aux éclats tout le chapiteau, sans oublier la fameuse tempête de neige mise au point par le grand Slava Polunin que l’on avait déjà pu apprécier en 2000, au Casino de Paris, dans son propre spectacle « Slava’s Snowshow » (Lettre 177). Si, comme on le lit dans le programme « Nous n’avons pas d’illusions. Les enfants de la rue ne verront pas Alegria. Le rire est un luxe qui n’est pas à leur portée », profitons quand même de la chance que nous avons en ce moment à Paris, pour voir un spectacle exceptionnel dans tous les sens du terme. Saint-Denis 93, grand chapiteau. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.cirquedusoleil.com.

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