JACQUES-LOUIS DAVID

Article publié dans la Lettre n°626 du 26 novembre 2025



 
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JACQUES-LOUIS DAVID. C’est la première grande rétrospective consacrée à cet artiste majeur après celle de 1989 au Louvre et à Versailles (Lettre 23). Le Louvre qui possède la plus grande collection de toiles et de dessins de David (1748-1825) lui rend de nouveau hommage à l’occasion du bicentenaire de sa mort, survenue à Bruxelles où il s’était exilé. Les toiles iconiques sont présentes, y compris celles de grandes dimensions, à l’exception de Brutus de retour chez lui après avoir condamné ses deux fils (1789) et du Sacre de Napoléon (1805-1808), tous les deux visibles dans le musée, et la Distribution des aigles à l’armée (1808-1810), exposée dans le château de Versailles, en face de la réplique du Sacre (1808-1822) par David.
Le parcours chronologique comprend onze sections. Il commence par les débuts difficiles de David pour obtenir le grand prix de l’Académie. Il échoue quatre fois, manque de se suicider et réussit enfin, en 1774, avec Érasistrate découvrant la cause de la maladie d’Antiochus (1774), où il se plie aux exigences de l’Académie. Dans cette section, on peut voir des toiles des artistes primés avant lui, tels Vincent (1768) et Peyron (1773), qu’il retrouve à Rome lors de son premier séjour (1775-1780). Les commissaires font un parallèle intéressant entre les toiles de David, Peyron et Vincent sur le même sujet: Bélisaire demandant l’aumône (1781).
À Rome, suivant les conseils de son maître Joseph-Marie Vien qui vient d’être nommé directeur de l’académie de France à Rome, David fait de nombreux dessins. Il s’inspire aussi de Caravage, Valentin et Ribera. Il est également fasciné par les antiquités romaines dont il s’inspirera plus tard. Pressé d’exposer au Salon, ce qui requiert l’agrément de l’Académie, il abrège son séjour romain et rentre en France en 1780. Il emporte avec lui une toile qui fait sensation, aussi bien à Rome qu’à Paris, Saint Roch intercédant auprès de la Vierge pour la guérison des pestiférés (1780), dont le style s’inspire de Nicolas Poussin. Cette œuvre lance sa carrière et, en 1783, avec La douleur d’Andromaque, il devient académicien, à 35 ans.
Deux ans plus tard, il présente Le Serment des Horaces, qu’il a terminé à Rome, lors de son deuxième séjour avec sa femme et un élève. Cet immense tableau connaît un grand succès public et critique et fera de lui le chef de file de ce que l’on nommera le néo-classicisme.
La troisième section nous montre comment David concevait ses toiles à partir de nombreux dessins de détails, comme pour Le Serment des Horaces ou La Mort de Socrate (1787). Son atelier est alors ouvert aux femmes qui peuvent aborder la peinture d’histoire, un genre réservé aux hommes. David ne peint pas que des œuvres austères comme le montre Les Amours de Pâris et d'Hélène (1789) dont il fait une réplique pour une riche aristocrate polonaise.
Dans la quatrième section, on trouve des portraits, un genre plutôt alimentaire pour un peintre d’histoire, mais traités sans concession. Ces tableaux, comme les portraits d’Anne-Marie-Louise Thélusson (1790), de Jeanne Robertine Tourteau d’Orvilliers (1790) ou encore de ses beaux-parents, les Pécoul (1784) sont criants de vérité.
On entre ensuite dans les salles consacrées à la Révolution. À côté de son engagement artistique, David se lance dans la politique et cela de plus en plus radicalement jusqu’à rejoindre Robespierre. Son Brutus de retour chez lui après avoir condamné ses deux fils (1789), une commande royale de 1787, prend alors une tout autre signification. En 1791, David est chargé de représenter le Serment du jeu de Paume. C’est un projet gigantesque qu’il ne terminera jamais - compte tenu des fractures politiques – et cela à son grand regret. Nous voyons un fragment de belle taille de l’ébauche du tableau et un dessin à la plume, modèle d’une estampe vendue pour financer l'exécution de la peinture en grand format. C’est ce dessin qui permettra à Luc-Olivier Merson de peindre la toile (1883) que l’on voit aujourd’hui dans la salle du Jeu de Paume à Versailles.
Plus loin, entre deux autoportraits, nous avons deux chefs-d’œuvre de David représentant des «Martyrs de la Liberté», Marat assassiné, 13 juillet 1793 (1793) et La Mort du jeune Bara, 7 décembre 1793 (1794). Des dessins préparatoires et deux répliques du premier sont également exposés.
David occupe de nombreuses fonctions sous la Révolution. C’est ainsi qu’il est chargé de préparer de grandes cérémonies telle la Fête de l’Être suprême. Mais sa proximité avec Robespierre l’entraîne dans sa chute. Il est emprisonné à deux reprises, a la chance de ne pas être guillotiné, mais est assigné à résidence chez son beau-frère, Pierre Sériziat. Il n’a alors de cesse de revenir sur le devant de la scène et, dès 1795, présente au Salon les portraits de Pierre Sériziat (1795) et d’Émilie Sériziat (1795). Plusieurs portraits peints entre 1795 et 1800, dont le célèbre Portrait de Juliette Récamier (1800), inachevé à cause d’un différend avec le modèle, sont exposés dans cette huitième section.
Le grand retour de David a lieu en 1800 avec l’éblouissant Les Sabines (1799), un immense tableau montrant les femmes sabines s’interposant entre leurs pères et frères sabins et leurs époux romains. Avec cette toile, David appelle les français à se réconcilier après des années de conflits et de discorde. La même année, David présente son Bonaparte franchissant les Alpes au Grand-Saint-Bernard (1800), portrait idéalisé du consul, faisant de ce dernier un homme providentiel pour la France. Les deux tableaux furent exposés ensemble pendant cinq ans au palais du Louvre dans une exposition privée payante. Dans cette section, les commissaires nous présentent Romulus, vainqueur d’Acron (1812), un tableau d’Ingres (1780-1867), élève de David durant la réalisation des Sabines. Dans ce tableau, Ingres renonce à la nudité héroïque chère à David.
Dès sa rencontre avec Bonaparte en 1797, David est fasciné par celui-ci. Il le représente à maintes reprises et, nommé premier peintre de l’Empereur, est chargé de la représentation du Sacre de Napoléon (1805-1807). Cette immense toile, qui n’a pas été déplacée, est la plus ambitieuse de l’artiste qui a dû accepter certaines exigences de son commanditaire. Parmi les tableaux de l’Empereur, Napoléon dans son cabinet de travail (1812) est d’une très grande originalité en montrant un chef d’état en plein travail à 4h13 du matin. De nombreux portraits complètent cette dixième section dont ceux de ses filles jumelles et de sa femme, à l’expression complice.
Après la chute de l'Empire en 1815, David, qui a voté la mort de Louis XVI en 1793, est condamné à l’exil. Refusant les propositions d’amnistie, le «père de l’École française» s’installe à Bruxelles où il meurt en 1825. Sa dépouille est toujours en Belgique où sa sépulture est déclarée «Monument classé». À côté de portraits de personnalités exilées elles-aussi à Bruxelles, la dernière section nous montre de grandes toiles exposées en regard de celles d’Ingres et de Gérard sur des sujets semblables. Ainsi, face au Jupiter et Thétis (1811) d’Ingres, David réplique par Mars désarmé par Vénus et les Grâces (1824), son dernier tableau. De même  L’Amour et Psyché de David s’oppose frontalement par son réalisme au Psyché et l’Amour (1798) de Gérard (1770-1837). C’est sur ces toiles que s’achève cette magnifique exposition dont on appréciera aussi les panneaux et les très nombreux commentaires des œuvres. R.P. Louvre 1er. Jusqu’au 26 janvier 2026. Lien : www.louvre.fr.

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