Parcours en images de l'exposition

GEORGE CONDO

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°627 du 10 décembre 2025



Titre de l'exposition
 
INTRODUCTION

George Condo se fait connaître dans les milieux artistiques en 1984, à l’occasion de ses premières expositions personnelles à New York et à Cologne. À l’instar de ses amis Jean-Michel Basquiat et Keith Haring, on le considère alors comme apportant une vision aussi inédite que singulière à la scène new-yorkaise des années 1980. Dès ce moment, il apparaît à l’évidence que son imaginaire et son inspiration vont largement au-delà des tendances artistiques de son temps. Depuis ses premières œuvres et tout au long des cinq décennies qui suivent, Condo entretient un dialogue avec les grands noms de l’art occidental, sans distinction de style ou d’époque.

Son désir d’approfondir sa relation avec l’art et la pensée d’autres cultures et périodes le conduit à Paris, où il s’installe pour dix ans à partir du milieu des années 1980. Sa créativité est stimulée par les œuvres d’art, la littérature et la philosophie, qu’il découvre dans la capitale. Il met au point une méthode de travail remarquablement féconde au sein de séries et de cycles distincts mais interconnectés.

La présente exposition souligne plusieurs chapitres essentiels de sa production, leurs interactions et leur évolution. Elle aborde un point de vue plus thématique que chronologique, et s’immerge dans l’imagination foisonnante de Condo, source de tous ses sujets. Cette configuration met en évidence la pratique de Condo: exprimer et fusionner dans son travail à la fois une pensée conceptuelle et de vastes connaissances en histoire de l’art, tout en tissant harmonieusement un imaginaire très personnel à travers abstraction et figuration.

Cette rétrospective se concentre essentiellement sur la pratique picturale de l’artiste, avec des prêts provenant de musées et de collections privées du monde entier. Une sélection de dessins, d’estampes et de sculptures est également présentée.

L’exposition est organisée en étroite collaboration avec l’artiste.

Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau didactique.
Tableau chronologique.
 
Tableau chronologique 1957-1982
 
Tableau chronologique 1983-1985
 
 
Tableau chronologique 1986-2010
 
Tableau chronologique 2011-2025
 
 
George Condo. Poème d'Amour (Green), 1985. Huile et crayon sur toile. Schorr Collections.

Cette œuvre de jeunesse est réalisée un an après une longue période consacrée au genre figuratif. Elle laisse la forte impression d'un retour à une composition plus abstraite, dont le sujet principal serait la surface peinte. Le tableau se lit comme une lettre d'amour empreinte d'émotion, adressée à la peinture. Faite de stratifications picturales complexes, la toile atteste de l'habileté technique d’un jeune peintre conscient de son talent. Il s'agit seulement de la seconde présentation publique de cette œuvre, en mains privées depuis plusieurs décennies.
 
George Condo. Extraterrestrial Improvisation (No. 3, grey), 1995. Huile sur toile. Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich, Suisse.

Cette œuvre fait partie d’un ensemble de trois portraits monumentaux dans lesquels l'artiste opère une forme de réduction maximale. Sur un fond monochrome dénué de repère spatio-temporel, se détache une figure de femme démesurée, dont les traits ont disparu. Cette absence participe à l'impression d’'étrangeté «extraterrestre» de ce portrait, qui devient une surface de projection énigmatique pour quiconque le regarde.


1 - LE CÔTÉ OBSCUR DE L'HUMANITÉ

Scénographie

George Condo, les œuvres de cette section comptent parmi les plus puissantes jamais réalisées par l’artiste sur le plan du sujet et de la représentation. Elles mettent en évidence deux préoccupations essentielles de sa pratique: établir un dialogue avec les grands peintres du passé et figurer des personnages dérivant vers les marges de la société, comme le maître d’hôtel Rodrigo mis en scène dans The Fallen Butler. Ce «majordome maladroit», comme le qualifie l’artiste, est un personnage récurrent chez Condo. Nombre de ses toiles révèlent les complications de la vie intérieure et intime de ce domestique.

L’œuvre et la pratique de Picasso ont inspiré Condo tout au long de sa carrière. Celui-ci est directement évoqué dans Memories of Picasso. Symphony No. 1 y fait également allusion, en reprenant certains aspects du style et des compositions du peintre espagnol. Rembrandt est une autre référence : si le sujet du tableau semble ne pas s’accorder avec le maître hollandais, sa sensibilité et sa technique picturales trouvent ici un puissant écho. La première toile de la série des Mental States rappelle, quant à elle, l’impression de chaos et d’horreur que suscitent les Peintures noires de Goya.

«La tragi-comédie, telle qu’elle se présente dans des pièces de Shakespeare comme Macbeth, me fascine depuis toujours. Le potentiel monstrueux de l’humain, capable d’outrepasser les limites de la raison, est un instant que j’aime saisir dans mes tableaux.» George Condo 2025

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Rodrigo et sa femme, 2008. Bronze.
 
George Condo. The Fallen Butler, 2009. Huile et pastel sur toile de lin. The Museum of Modern Art, New York. Don d’Adam Kimmel, 2010. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Mental States 5, 2000. Huile et acrylique sur toile de lin. Louisiana Museum of Modern Art, Humlebæk, Danemark. Don: Christopher Jones, Philip Rebeiz & George Condo.
 
George Condo. Birdbrain, 2018. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin. Collection particulière. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Three Armed Man, 2002. Huile sur toile. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
Scénographie
 
George Condo. The Actress, 2018. Acrylique et bâton pigmentaire sur toile de lin. Collection de David et Danielle Ganek.
 
George Condo. Symphony No. I, 2005. Huile sur toile. Olbricht Collection. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

Réalisée selon une technique pointilliste, cette huile sur toile présente deux personnages s’étreignant sur scène devant un public composé de silhouettes et d’ombres menaçantes. La vivacité des couleurs et l’expressivité des coups de pinceau nourrissent l'énergie visuelle et musicale de l’ensemble. À la fois réalistes et irréelles, ces figures semblent tout droit sorties d’un cabaret licencieux de la Belle Époque. Elles nous scrutent violemment, affichant avec force leur refus des conventions.
 
George Condo. The Murder, 1980. Acrylique sur bois.
 
George Condo. Double Nude Composition, 2018. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin. Collection particulière.


2 - RÉALISME ARTIFICIEL

Scénographie

S’intéressant dès l’adolescence à l’histoire de l’art, Condo entreprend de retracer, à travers les siècles, les origines et la trajectoire de l’art occidental au sens large. S’inscrivant souvent dans les mêmes réseaux d’influence que ceux des modernistes, il assimile l’art européen sur les plans tant intellectuel que sensible. Il explore la notion de «fausse peinture européenne». Une préoccupation qui a trouvé son aboutissement dans le «réalisme artificiel», le quasi-mouvement artistique individuel qu’il a fondé, accompagné d’un manifeste. Cette série fait référence à plusieurs périodes et styles artistiques du passé, notamment à la Renaissance, au baroque et au rococo, de même qu’à une grande diversité de peintres, comme Tiepolo ou Gainsborough. Condo a longtemps contesté l’idée d’un progrès en art, jugeant que des œuvres créées plusieurs siècles auparavant sont tout aussi essentielles pour les artistes contemporains que celles d’aujourd'hui. «La Renaissance, c’était hier. J’irais même jusqu’à dire que l’art rupestre préhistorique datant d’il y a 30 000 ans n’est pas moins contemporain que l’art actuel», a-t-il déclaré.

The Madonna et les Name Paintings illustrent ses premières préoccupations: cherchant à réinterpréter la peinture de maîtres anciens dans le contexte de la modernité, elles anticipent les œuvres du «réalisme artificiel», toutes conçues une décennie plus tard.


 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. The Clown Maker, 1984. Huile sur toile. Wurlitzer Collection.
 
George Condo. The Cloud Maker, 1984. Huile sur toile. Collection de l’artiste. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

Cette toile de la série des Name Paintings date de l’époque où Condo affirme sa volonté de se confronter à la peinture des maîtres anciens. Perfectionnant sa technique et développant son savoir-faire en matière de glacis, il disjoint son travail de toute référence temporelle. Commentaire humoristique à l'égard de la tradition de l'autoportrait, ce tableau rappelle également la pratique contemporaine du graffiti, à laquelle s’essayent de nombreux jeunes peintres new-yorkais de l’époque, dont son ami Jean-Michel Basquiat, sous le pseudonyme de SAMO.
 
George Condo. The Self Creator, 1984. Huile sur toile. Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich, Suisse.
 
George Condo. The Portable Artist, 1995. Huile sur toile. Collection particulière. Photo: Collection particulière. © ADAGP, Paris, 2025.

Ce portrait en pied montre la virtuosité de l'artiste, suite à sa formation avec un copiste du musée du Louvre, Manuel Modol. Capable de peindre désormais «à la Raphaël», Condo utilise ses nouvelles compétences techniques pour détourner le genre traditionnel du portrait et imaginer une galerie de personnages sans visage. Il représente ici une figure habillée tel un gentilhomme de la Renaissance. La toile dans la main gauche du notable indique son statut d'artiste. L'absence de traits sur son visage tranche avec le soin apporté aux détails du costume.
À la manière d’un Chirico ou d’un Malevitch plus tôt dans le siècle, Condo rend anonyme son portrait. En supprimant les traits du visage, il enlève une part importante de l'identité du personnage, dont seul le statut social transparaît, grâce à la posture et à l’habit.
 
George Condo. Big Red, 1997. Huile sur toile. Collection particulière. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
Scénographie
 
George Condo. Astroman, 1994. Huile sur toile. Collection de Maurice Marciano / Maurice and Paul Marciano Art Foundation.
 
George Condo. Landscape with Repeated Figure, 1993-1994. Huile sur toile. Collection particulière, Londres.
 
George Condo. Interchangeable Reality, 1994. Huile sur toile. Collection particulière.
 
George Condo. The Executioner, 1984. Huile sur toile. Collection particulière. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

L'artiste n’avait jamais travaillé à une composition aussi grande avant celle-ci. Ses proportions ont été déterminées par le chef-d'œuvre de Thomas Gainsborough, L'Enfant bleu (The Blue Boy, 1770). À la place du gracieux jeune homme du peintre britannique, Condo représente ici un personnage bien plus robuste, vêtu de manière analogue, mais avec une étrange tête extraterrestre désolidarisée, jetée au sol sur le côté. Derrière le vortex dont les tourbillons semblent orchestrés par la figure décapitée, l'arrière-plan annonce la série d'œuvres qui suivra immédiatement celle-ci, les Expanding Canvases.
 
George Condo. Artificial Love 2, 1984. Huile sur toile.
 
George Condo. The Madonna, 1981. Huile sur toile. Collection de l’artiste. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

Cette toile de format modeste s'inspire de tableaux des maîtres anciens que George Condo découvre lors de son séjour sur la côte ouest des États-Unis au début des années 1980. II visite à cette époque de nombreux musées possédant de riches collections d'œuvres historiques, où il admire et étudie les techniques des peintres européens. Thème religieux récurrent, la Madone représente la maternité de la Vierge Marie. Réinterprétant cette figure, l'artiste a qualifié sa création d'image stéréotypée résumant toutes les Vierges à l'Enfant qu'il a pu voir dans les musées. Cette toile, qu’il considère comme son premier tableau achevé, inaugure sa série des Fake Old Masters.
 
George Condo. The Objective Idealist, 1994. Huile sur toile. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
 
George Condo. The Psychoanalytic Puppeteer Losing His Mind, 1994. Huile sur toile.


3 - COLLAGES ET COMBINAISONS

Scénographie

Les œuvres des séries Collages et Combinations («Combinaisons») constituent deux ensembles distincts réalisés respectivement à la fin des années 1980 et au début des années 1990. L’artiste y utilise deux procédés différents pour imaginer des compositions visuellement complexes, soit par l’accumulation (série des Collages), soit par juxtaposition (série des Combinations). La technique du collage fait référence au cubisme de Braque et Picasso. Condo étend et actualise la méthode, en prenant en compte les recherches de Robert Motherwell et Rauschenberg aux États-Unis dans les années 1950. Il applique également aux images le cut-up, la technique d’écriture aléatoire mise au point par son ami l’écrivain William S. Burroughs.

Les aspects du cubisme synthétique ayant inspiré les Collages ne disparaissent pas complétement dans les peintures de la série Combinations, mais sont plutôt renforcés par un recours plus classique à la géométrie formelle. Outre qu’il reprend et adapte des dispositifs picturaux représentatifs de différentes époques, Condo réunit ici aussi figuration et abstraction dans une même composition, une stratégie qu’il a mise en place avec la série des Expanding Canvases, visible plus loin dans l’exposition.

Cette salle présente aussi deux des premières sculptures réalisées par Condo à la même époque. Produites à partir d’objets trouvés, elles traduisent en trois dimensions des réflexions similaires à celles adressées dans les deux séries de peintures.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Electric Ballerina, 1989. Bronze patiné et objets trouvés, édition 2/4. Collection Almine et Bernard Ruiz-Picasso.

Cette œuvre fait partie des premières sculptures produites par George Condo. Elle s'inspire d’une peinture antérieure de l'artiste, Witchbulb («Sorcière ampoule», 1984). Pour sa création, Condo a utilisé des éléments trouvés dans son atelier  des ampoules électriques pour la tête et les seins de la ballerine, et une hélice de ventilateur pour son tutu. L'ensemble a été fixé avec du gros scotch à des tiges métalliques qui forment le reste du corps de la figure, avant de servir à une fonte en bronze. L'artiste joue du contraste entre la spontanéité de la combinaison d'objets du quotidien et l'aspect immuable et précieux du bronze à la patine étudiée. Electric Ballerina condense par ailleurs plusieurs références à la sculpture moderne: La Petite Danseuse de quatorze ans de Degas pour le sujet; l'art de l'assemblage; et jusqu'au lieu de production, la Fonderie Clementi, à Meudon, qui produisit de nombreuses sculptures pour des artistes de renom du XXe siècle.
 


George Condo. Father, I Have Sinned, 1989. Bronze patiné et objets trouvés, édition de 6. Collection particulière.
 
George Condo. Brown Expanding Drawing Painting, 1991 (ensemble et détail). Huile sur toile de coton et huile sur toile de lin. Whitney Museum of American Art, New York; Don de Gilbert de Botton 92.18a-d.
 
George Condo. Spanish Head Composition, 1988. Huile et collage sur papier monté sur toile. The Museum of Modern Art, New York. Don anonyme, 2013. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

Œuvre phare de la première décennie de création de Condo, il s’agit aussi de l’un de ses collages les plus monumentaux. L'œuvre a été produite en plein dans la période picassienne de Condo. Il revisite avec ce personnage chapeauté au costume exubérant les tableaux tardifs de Picasso inspirés par les portraits de cour des XVIe et XVIIe siècles. Après avoir achevé la peinture et alors qu'il séjourne à l'hôtel Lotti à Paris, Condo décide de coller sur la toile une quarantaine de dessins faisant référence au maître du style rocaille François Boucher, et à tout ce qui lui passait par la tête à ce moment-là. Par ce geste, Condo brouille la hiérarchie entre étude préparatoire et œuvre finale.
 
George Condo. Memories of Picasso, 1989. Huile et acrylique sur toile. Collection Frac Île-de-France.

Cette toile condense une investigation de près de deux ans autour de l'œuvre et de la figure de Pablo Picasso. Fasciné par le maître espagnol depuis son adolescence, Condo profite de son séjour à Paris pour s'imprégner plus particulièrement de la pratique de Picasso. L’appropriation par ce dernier de tous les styles qui le précèdent fait écho au projet globalisant de Condo de mêler plusieurs périodes de l’histoire de l’art en une seule peinture. Condo a cherché ici à peindre de mémoire une toile conjuguant plusieurs éléments du langage de Picasso. On retrouve associées des références à la déconstruction du portrait du moment surréaliste des années 1930 et la fantaisie décorative des portraits aristocratiques de sa dernière période. Loin du principe d'imitation, Condo expose ses références de manière explicite, pour produire une œuvre singulière.
 
George Condo. Spanish Head Composition, 1988 (détails du tableau ci-dessus). Huile et collage sur papier monté sur toile.
The Museum of Modern Art, New York. Don anonyme, 2013.

Scénographie
 
George Condo. Tom and Jerry 2, 1986. Collage d'huile et de papier avec dessins à la mine de plomb sur toile. Joseph K. Levene.
 
George Condo. Tom and Jerry 2, 1986 (détail). Collage d'huile et de papier avec dessins à la mine de plomb sur toile. Joseph K. Levene.
George Condo. Collage Expanded Composition Combination, 1990. Huile et collage sur toile.
Collection Frac Auvergne.
Scénographie
George Condo. The Trapped Hunter, 1993. Huile, pastel et collage sur toile.
Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
George Condo. Black Rain over New York (Hommage to Keith Haring), 1990. Huile et collage sur toile.
Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich, Suisse.


Il s’agit de l’une des premières œuvres de la série des Black Paintings, un cycle de peintures auquel l'artiste revient régulièrement, en temps de crise personnelle ou collective. Elle a été produite dans le contexte de l'épidémie du SIDA et du décès de plusieurs proches de Condo, dont l'artiste Keith Haring, à qui Black Rain over New York est dédié. Sur un fond brossé de noir, Condo a collé une trentaine de feuilles d’un carnet figurant des caricatures de Keith Haring, que ce dernier avait pu voir dans l’atelier parisien de Condo. Quelques pages blanches se mélangent aux portraits, partiellement recouverts de coulures de peinture noire. La hâte manifeste de la réalisation traduit la violence du moment et l'aspect exutoire de cette œuvre.
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George Condo. Black Rain over New York (Hommage to Keith Haring), 1990 (détails). Huile et collage sur toile.
Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich, Suisse.




4a - CARNETS ET CROQUIS - ÉCRITS

Scénographie

 

Scénographie
 
Carnets
 
Carnets
 
Carnets
 
Carnets
 
Carnets
 
Carnets
 
Panneau didactique
 
Carnets
 
Lettre


4b - CABINET DES DESSINS

Scénographie (mur de gauche et mur de face en entrant)

Regroupant plus d’une centaine de dessins, cette salle atteste du rôle essentiel de cette technique dans la pratique de Condo, de son enfance jusqu’à nos jours.

«Le dessin est depuis toujours un point de convergence des ressources que mobilisera plus tard un peintre pour créer un tableau. La plupart des peintres du début de la Renaissance, comme Raphaël, ne pouvaient même pas envisager commencer à peindre avant de maîtriser cette technique. C’est le maillon le plus important qui mène à la création picturale. Il sert selon moi deux objectifs: élaborer la composition et penser à haute voix à la ligne.» George Condo 2025

George Condo est également un musicien accompli; la musique occupe une place essentielle dans son existence depuis le début de l’adolescence. Outre le genre baroque et les formes musicales du début de la Renaissance, il a écouté du jazz toute sa vie d’adulte, souvent en peignant ou dessinant, laissant la musique trouver une expression dans l’œuvre en cours.

Pour nourrir le sentiment de liberté qui caractérise son approche du dessin, l’artiste a souhaité imaginer un accrochage très dense et rythmé. La configuration ne tient compte ni de la chronologie ni du regroupement thématique, mais son ordonnancement est soumis à une forme de hasard qui n’est pas sans rappeler l’improvisation jazz, style musical qui inspire beaucoup Condo.

Les estampes présentées dans cette salle ont été exécutées à Paris avec la collaboration d’Aldo Crommelynck, maître graveur réputé qui travailla avec de nombreux artistes, notamment Picasso et Jasper Johns.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. The Wedding Pianist, 1998. Pastel sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur de gauche en entrant)
 
George Condo. Screaming Head, 2009. Acrylique, pastel et fusain sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Untitled, 2011. Encre sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur de gauche en entrant - détail)

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Scénographie (mur de gauche en entrant - détail)

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George Condo. Embracing Couple 1, 2004. Aquarelle et encre sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Tyrannosaurus Bone Study, 1965. Encre et pastel sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur de face en entrant)
 
George Condo. The Discarded Human, 2013. Encre et gesso sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Drawing for “Condo Painting”, 1998. Crayon de couleur sur papier. Collection particulière.

Scénographie (mur de face en entrant - détail)

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George Condo. Studies for Automatic Still Lifes, 1983. Fusain et graphite sur papier.
Collection de l'artiste.
 
George Condo. Untitled, 2018. Crayon de couleur sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Study for The Fallen Butler, 2009. Graphite et pastel sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur de face en entrant - détail)

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George Condo. Theatre Study (2), 2005. Encre sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Standing Smoker, 2013. Graphite sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur de face en entrant - détail)

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Scénographie (mur de droite en entrant)

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George Condo. Untitled, 2011. Acrylique, pastel et fusain sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Untitled, 2017. Graphite sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Untitled, 1992. Fusain et collage sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. The Rabbit, 1985. Pastel sur papier. Collection particulière.
Scénographie (mur côté entrée)
 
George Condo. Seated Portrait 4, 1992. Fusain sur papier. Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich, Suisse.
 
George Condo. Mrs. Haversham, 2008. Graphite sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Untitled, 1998. Collection de l’artiste. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Map of the Universe, 2019. Gesso, encre et crayon blanc sur papier. Collection de l'artiste.
Scénographie (mur côté entrée - détail)

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George Condo. Mental Sketch 1, 2004. Crayon de couleur sur papier. Collection particulière.
 
George Condo. Portrait Study, 2013. Graphite sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo. Seated Couple Study, 2005. Encre sur papier. Collection de l'artiste.
 
George Condo.


4c - Couloir

Scénographie
 
Tseng Kwong Chi. George Condo, 1985. Photo © Muna Tseng Dance Projects, Inc.; Art © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo dans son atelier, pour Elle Magazine, 43 boulevard de la Tour Maubourg, Paris, 1991. © ADAGP, Paris, 2025.


5 - L'ÊTRE INHUMAIN

Scénographie

Le portrait est depuis longtemps un thème majeur de l’œuvre de Condo: les personnages issus de son imagination se présentent sous de nombreuses formes, et semblent tous disposer d’une riche histoire personnelle. La beauté classique de Portrait of a Woman évoque une gamme d’émotions et de techniques traditionnelles du portrait que l’artiste s’est réappropriées. Diamétralement opposée, la figure de The Letter est inspirée du tableau de Vermeer La Femme en bleu lisant une lettre (1665). Elle est vue à travers le prisme du romancier britannique Aldous Huxley et de son essai Le Ciel et l’Enfer (1956), dans lequel figure des êtres grotesques «aux antipodes de l’esprit». Les écrits de ce dernier ont très tôt éveillé l’intérêt de Condo pour la psychologie et la philosophie, appétence à l’origine de la création, des années plus tard, de ces êtres fictionnels que l’artiste nomme humanoïdes. Ces personnages ne sont pas censés susciter l’effroi, mais révéler des aspects de la folie lorsque la pellicule protectrice des émotions humaines est supprimée. C’est ainsi que le psychanalyste et philosophe Félix Guattari, un ami de Condo et à l’occasion, un commentateur de son travail, a observé le chaos délibéré et la désorientation que manifeste son œuvre, en particulier ses figures, ainsi que la mise en évidence de la «précarité» de la condition humaine par l’humour inhérent à la force de sa narration.

«Guattari a été le premier à observer qu’aucun des personnages de mes portraits n’était réel, je n’y avais jamais pensé de cette façon. Il étudiait la schizophrénie, mais ne les associait pas avec cette maladie. Il les considérait plutôt comme l’émergence inconsciente sur la toile d’êtres imaginaires.» George Condo 2025

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Picture Gallery, 2002. Huile sur toile. Collection particulière. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.

Ce tableau est de ceux que Condo désigne comme des reconfigurations d'œuvres célèbres du passé. Librement inspiré par la figure féminine de l'œuvre Dans la serre d'Édouard Manet (1877-1879), il reprend dans sa composition le motif de la Vierge à l'Enfant. Classique en apparence jusque dans sa touche léchée, la peinture interroge par l’étrangeté du jeune personnage. Vraisemblablement enceinte, la future mère, assise dans une galerie d'art, semble rêver à son enfant à naître et craindre de mettre au monde un être qui lui est complétement étranger.
 
George Condo. The Smiling Sea Captain, 2006. Huile sur toile. Ringier Collection, Suisse.
 
George Condo. William Tell, 2003. Huile sur toile. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
Scénographie
 
George Condo. Portrait of a Woman, 2002. Huile sur toile. Collection particulière, Courtesy Skarstedt.
 
George Condo. The Ballerina, 2002. Huile sur toile. Collection de Laura et Stafford Broumand.


6 - PEINTURES DE COMPRESSIONS ET PEINTURES DESSINÉES

Scénographie

Les Compression Paintings («Peintures de compressions») et les Drawing Paintings («Peintures dessinées») constituent deux séries d’œuvres qui approfondissent la notion de «questionnement psychologique», d’abord de l’individu tel qu’il apparaît dans les portraits individuels, pour l’étendre ensuite à la psyché collective dans des rassemblements grouillant d’êtres humains et d’humanoïdes.

Ces compositions suscitent une écrasante impression d’énergie collective émanant de la foule, dans laquelle s’inscrit, en opposition à cette tension, l’individu isolé au sein de la cohue, assujetti et dépersonnalisé par la dynamique de groupe.

Avec la série des Drawing Paintings, Condo remet délibérément en question la hiérarchie établie entre dessin et peinture, recourant aux deux procédés dans une même œuvre, leur conférant ainsi une importance égale.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Compression VI, 2011. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin. Collection particulière. Courtesy Skarstedt.
George Condo. Female Figure Composition, 2009. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin.
Collection particulière.
 
George Condo. Central Park, 2009. Huile, pastel gras et fusain sur toile de lin. The Broad Art Foundation.
 
George Condo. Rush Hour, 2010. Acrylique, fusain et pastel sur toile. Prêt de The Metropolitan Museum of Art, George A. Hearn Fund, 2011.

Cette Drawing Painting saisit le moment chaotique de la journée à l’heure de pointe, quand les New-Yorkais sortent du métro après le travail. Elle fait également référence aux formes et compositions biomorphiques surréalistes, telles qu’elles apparaissent dans les œuvres tardives d’Arshile Gorky, des années 1940. Chaque individu se fond dans la masse des passagers pris dans un mouvement effréné, certains étant mis en valeur, d’autres réduits à quelques traits, les couleurs s'estompant où s'intensifiant par endroits sur la toile. Bien que les personnages aux corps disparates soient jetés les uns contre les autres, la composition dégage un certain sentiment d'harmonie, et s'inscrit dans le questionnement permanent de l’artiste sur la condition humaine.
George Condo. Faces in a Crowd, 2009. Acrylique, pastel et crayon de couleur sur toile de lin.
Collection Jérôme et Emmanuelle de Noirmont.
 
George Condo. Compression III, 2011. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin. Collection particulière, Courtesy Skarstedt.

Dans la série des Compression Paintings, Condo insiste davantage sur l’idée de foules rassemblées. Ces groupes figurent dans nombre de ces compositions, compactés en polygones enchevêtrés d’où semblent émerger quelques vagues signes d'humanité et de vie. Des yeux, des dents, des membres et des hanches apparaissent distinctement parmi des formes abstraites, comme implorant la reconnaissance du regardeur. La configuration de ces œuvres, où les masses sont condensées dans un coin de la toile, accentue l'impression d’un effet de meute; elles représentent selon Condo «la beauté et l'horreur marchant main dans la main».
 
George Condo. Compression IV, 2011. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin. Collection particulière.


7 - PORTRAITS DOUBLES

Scénographie

Avec la série des Double Portraits («Portraits doubles»), réalisée entre 2014 et 2015, Condo pousse plus loin son interrogation de la psyché humaine. Les deux têtes suggèrent la possibilité de plusieurs récits: le concept de contemplation d’un reflet de soi-même, sous la forme d’une introspection personnelle ou d’une analyse conduite par un tiers, voire l’examen à la loupe d’une relation affective liant deux personnes.

«Pour décrire les multiples émotions qui naissent simultanément dans l’esprit humain, j’ai forgé le concept de «cubisme psychologique», qui permet de les voir toutes en même temps.» George Condo 2025

L’artiste aborde un rapport ludique au cubisme, qui représente en deux dimensions les caractéristiques tridimensionnelles d’un visage, et l’applique à la psyché. L’arrière-plan, essentiellement gestuel et abstrait, laisse une forte impression expérimentale, et accentue l’attention portée à la profondeur mentale des personnages. Dans Self-Portraits Facing Cancer I, Condo procède sur lui-même à cette forme d’examen introspectif.

Plusieurs sculptures de petit format sont exposées dans cet espace. À l’instar des peintures figurant des humains et des humanoïdes, et mettant plus particulièrement l’accent sur les archétypes, elles sondent l’être intérieur.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Self Portrait Facing Cancer 1, 2015. Acrylique, huile et bâton pigmentaire sur toile. The Broad Art Foundation.

Cette peinture poursuit la réflexion sur la multiplicité du portrait amorcée avec la série des Double Portraits, tout en adoptant un point de vue plus personnel. Dans cet autoportrait - genre rarement pratiqué par Condo - l'artiste évoque son combat face au cancer des cordes vocales, à un moment où son pronostic était incertain. Afin de représenter les différentes émotions simultanées ressenties à ce moment particulier, l'artiste reprend la grille quadrangulaire imaginée par Andy Warhol pour sa série Death & Disaster. En convoquant le maître du pop art, Condo revient sur ses débuts en tant qu’artiste, alors qu’il travaillait comme «saupoudreur de diamant» dans l'atelier de sérigraphie de Warhol. Ici, la noirceur des surimpressions à l’encre lithographique fait place à la brutalité des coups de pinceau, qui construisent une succession de visages distordus et un sentiment angoissant.
 
George Condo. Double Heads on Red, 2014. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin. The Broad Art Foundation. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Double Heads on Midnight Blue and Silver, 2015. Acrylique, fusain et pastel sur toile de lin. Collection de Liz et Eric Lefkofsky.


8 - SCULPTURES

Scénographie

Condo a effectué ses premières incursions dans le travail en trois dimensions lorsqu’il vivait à Paris. L’humanoïde en est le sujet et à l’instar de ses peintures consacrées au même thème, il en explore la vie intérieure. Comme pour la peinture, il en est venu à maîtriser les techniques des maîtres du passé en matière de sculpture.

La préciosité des matériaux et les finitions très travaillées amènent une dimension séduisante qui est en contradiction avec les sujets représentés.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. The Trapped Priest, 2005. Bronze poli avec plaque d’acier doré, épreuve d'artiste. Collection particulière. Courtesy Xavier Hufkens, Bruxelles.
 
LGeorge Condo. Madame Voltaire, 2005. Bronze doré, épreuve d'artiste. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
 
George Condo. Female Bust, 2008. Bronze patiné, édition 1/4. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
 
George Condo. The Walrus, 2005. Bronze poli, épreuve d'artiste. Galerie Andrea Caratsch, Zurich.
 
George Condo. The American Banker, 2012. Bronze nickelé, édition 2/4. Collection particulière.
Scénographie
 
George Condo. The Alcoholic, 2002. Bronze doré, épreuve d'artiste.
 
George Condo. Rodrigo, 2008. Bronze doré, édition 4/4. Galerie Andrea Caratsch, Zürich. Photo: Courtesy Galerie Andrea Caratsch, Zürich. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Being, 2009. Bronze patiné et peinture acrylique, épreuve d'artiste. Collection particulière.
 
George Condo. The Renegade, 2009. Bronze patiné et peinture acrylique, épreuve d'artiste. Collection particulière.


9 - TOILES EN EXPANSION

Scénographie

Cette série d’œuvres anciennes demeure l’une des plus importantes de Condo. Elle a marqué un tournant radical dans son parcours personnel et eu un impact sur la scène artistique de l’époque. Ces toiles furent peintes à Paris et à New York. La sélection présentée ici regroupe les tableaux les plus importants de la série. Elle offre par son ampleur une meilleure compréhension de son évolution.

Avec la série des Expanding Canvases («Toiles en expansion»), Condo opère la fusion de vignettes à peine déchiffrables et délicatement peintes en une abstraction globale, réunissant ainsi dans une même composition deux tendances «antagonistes».

«À l’époque, j’avais en tête l’écriture automatique de Jack Kerouac, l’idée tout simplement de commencer et de continuer sans m’arrêter pour corriger mon travail, même après l’avoir achevé. Telles que je les perçois, la figuration et l’abstraction sont fondamentalement une seule et même chose.» George Condo 2025

Les références à différents mouvements artistiques antérieurs sont nombreuses: le cubisme et son organisation spatiale, ainsi que l’expressionnisme abstrait et sa couverture totale, «all-over», de la surface peinte. Les allusions musicales avec l’image mentale des rythmes et des gestes de la musique jazz, et des couleurs créant une variété de tempos qui voltigent à la surface.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Diaries of Milan, 1984. Huile sur toile. The Museum of Modern Art, New York. Don de Steven et Alexandra Cohen, 2011.
 
George Condo. Untitled, 1985. Huile sur toile. Joseph K. Levene.
 
George Condo. Yellow Improvisation, 1985. Huile et crayon sur toile. The Broad Art Foundation.
Scénographie
 
George Condo. Expanding Shrink Treatment, 1986. Huile et encaustique sur toile. Collection de David et Danielle Ganek.
 
George Condo. K9 Explosion, 1986. Huile sur toile. Rubell Museum.
Scénographie
George Condo. Dancing to Miles, 1985-1986. Huile sur toile. The Broad Art Foundation.
Photo credit The Broad Art Foundation. © ADAGP, Paris, 2025.


Dancing to Miles, l'une des peintures les plus emblématiques de la carrière de Condo, annonce le dialogue ininterrompu entre abstraction et figuration dans son œuvre. Cette «abstraction figurative» a été peinte dans l’atelier new-yorkais de Keith Haring, sur une grande toile - offerte par ce dernier - apprêtée avec un enduit jaune, à une époque où Condo travaillait surtout sur de plus petits formats. L'œuvre est un hommage au musicien Miles Davis et au jazz en général, genre particulièrement influent sur la pratique artistique de Condo. Le peintre s'engage ici dans une immense improvisation, où différents tempos et rythmes se conjuguent pour produire une nouvelle harmonie. Rappelant la saturation de la toile en all-over de l’expressionnisme abstrait américain et la gamme colorée du cubisme analytique, l’œuvre révèle, de près, une profusion de détails évoquant le biomorphisme de certains surréalistes.



10 - COMPOSITIONS MONOCHROMES

Scénographie

Au fil des décennies, Condo a travaillé sur un certain nombre de toiles de grand format où ne domine qu’une seule couleur. Cette section montre la diversité d’emplois par l’artiste du monochrome, à travers l’utilisation de trois couleurs, ici le blanc et le bleu, puis le noir.

Ces trois White Paintings de grandes dimensions éclairent sous un nouvel angle la manière avec laquelle le peintre aborde la figuration et l’abstraction. D’apparence non-figurative, elles s’inspirent des figures que l’artiste a perçues dans les drippings de Jackson Pollock.

Les Blues Paintings explorent un paysage affectif intériorisé. Elles correspondent à une période de trouble mondial, ces toiles ayant été peintes en 2021 durant la pandémie. Elles traduisent une certaine mélancolie et un sentiment d’isolement, qui trouve un écho dans les références musicales des titres.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. Linear Mass, 2001. Acrylique, crayon et graphite sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
George Condo. Blues in B Flat, 2021. Huile sur toile de lin. Collection particulière.
 
George Condo. Blues in C Sharp Minor, 2021. Huile sur toile de lin. Collection de Sandra et Howard Hoffen.


11 - « PEINTURES NOIRES »
L'ÊTRE ET LE SOI

Scénographie

«Depuis ma première visite du Prado à Madrid dans les années 1980, j’ai toujours été profondément impressionné par les Peintures noires de Goya et leur aspect effrayant. C’est une impression qui ne m’a jamais quitté, et ce ne sont pas seulement les sujets, mais aussi sa maîtrise de la couleur noire qui ont continuellement inspiré ces œuvres-ci. » George Condo 2025

Au début des années 2000, Condo a produit la série des Mental States, des toiles intenses, chaotiques et terrifiantes qui évoquent des représentations anciennes des horreurs de l’enfer. Les grandes Black Paintings qui occupent ici l’espace se révèlent presque plus inquiétantes. Le tumulte dominait les œuvres précédentes, mais l’ordre géométrique de ces tableaux récents est plus effrayant encore. Une tension immédiate s’installe entre la surface peinte, essentiellement vide, et la forme humaine, qui est au sens propre du terme repoussée au bord de la toile. L’aspect pictural du noir se présente comme stratifié, de sorte que, à l’instar des dernières Peintures noires d’Ad Reinhardt et des toiles noires de la chapelle de Marc Rothko à Houston, la couleur semble se modifier, passant d’un noir dense à des tons plus chauds de rouges et de bruns.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. The Consequence of Random Perspectives, 2019. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin.
 
George Condo. Evening Apparition, 1992. Huile sur toile. Collection particulière.
 
George Condo. Silence, 2019. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin.
Scénographie
 
George Condo. The Edge of Madness, 2019. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin.

Le talent avec lequel Condo traduit sur la toile différents états émotionnels s'applique également à lui-même. La série des Black Paintings a vu le jour à la suite d’une grave alerte de santé, laquelle l’incita à témoigner de l'accablant sentiment ténébreux qui l'avait saisi à cette époque. Le caractère minimaliste de la composition donne l'impression d’une mise sous pression de l’ordre naturel de la vie. Le personnage familier de Condo est repoussé vers les marges, paraissant ainsi perdre sa place dans ce nouvel ordre mondial. Néanmoins, il y règne également un paisible immobilisme. Le plan peint en noir est atténué par la chaleur du ton sous-jacent, les délicates lignes géométriques qui le subdivisent exerçant comme un contrôle sur la toile.
 
George Condo. Pushed to the Edge, 2019. Huile et bâton pigmentaire sur toile de lin.


12 - ŒUVRES RÉCENTES

Scénographie

Dans ces œuvres, récentes, Condo s’impose ici encore de nouveaux défis visant à développer son langage artistique personnel.

«Dans la série des Diagonal Compositions («Compositions diagonales»), j’ai voulu m’écarter de ce que faisait Mondrian avec ses carrés, ou les expressionnistes avec leurs toiles all-over ou leur action-painting, ou même des zips de Barnett Newman, pour créer des cascades diagonales de couleurs et de formes qui contrasteraient avec un décor plus pastoral.» George Condo 2025

La ligne de conduite adoptée par Condo, qui consiste à contrecarrer en permanence les normes de son époque, a peu ou prou inspiré une nouvelle génération d’artistes plus jeunes qui se sont ralliés à son style hautement personnel. Comme l’a noté le critique d’art Holland Cotter en 2011: «Il est le chaînon manquant, ou du moins l’un d’entre eux, entre une tradition plus ancienne de peinture figurative américaine passionnément cinglée, et la résurgence récente, actualisée, de cette même tradition.»

Condo ne cesse de réinventer les voies d’approche habituelles de la création artistique, libéré de toutes les contraintes telles que perçues précédemment. Il s’accorde la liberté de peindre de manière traditionnelle des thèmes non traditionnels. Un imaginaire singulier façonne et filtre sa production, issue des recoins les plus  profonds de son esprit.

 
Texte du panneau didactique.
 
George Condo. The Lone Survivor, 2024. Acrylique, huile et crayon sur toile de lin.
 
George Condo. The Human Disaster, 2023. Huile et acrylique sur toile.

Cette toile récente aux proportions imposantes montre la vivacité avec laquelle Condo continue à peindre et à ressentir le monde qui l'entoure. Avec cette figure hurlante jaillissant d’une explosion colorée, l'artiste concentre en une image la douleur intense provoquée par l’action humaine ainsi que les désastres qu’elle engendre.
 
George Condo. Consumed by the Inner Self, 2019. Huile et bâton pigmentaire sur toile. Collection particulière, Paris.
Scénographie
 
George Condo. Landslide, 2024. Acrylique, huile et crayon sur toile de lin.
 
George Condo. Diagonal Pink Forms, 2024. Acrylique, huile et crayon sur toile de lin.
 
George Condo. Diagonal Mindscape, 2023. Huile sur toile de lin. Collection Beau Wrigley. Photo: Courtesy Studio Condo. © ADAGP, Paris, 2025.
 
George Condo. Down Right Politicians, 2023. Huile sur toile de lin. Collection particulière.