EXPOSÉ.ES

Article publié dans la Lettre n°568 du 19 avril 2023



 
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EXPOSÉ.ES. Conçue par François Piron, commissaire de cette exposition, d’après le livre d’Élisabeth Lebovici, Ce que le sida m’a fait – Art et activisme à la fin du 20e siècle, cette manifestation réunit des œuvres de plus de trente artistes et collectifs, certains décédés, pour évoquer les ravages de cette maladie. Apparue officiellement en 1981, le sida est la plus grave épidémie depuis celles du début du XXe siècle. Elle a inspiré nombres d’artistes des deux sexes, atteints ou non par celle-ci, qui voyaient mourir leurs amis.
Dès l’entrée dans le hall du Palais de Tokyo, nous voyons cette banderole de Gregg Bordowitz, «La crise du sida ne fait que commencer» tandis que les vitres qui font face au parvis sont recouvertes par la collective fierce pussy de paroles simples, visibles de l’extérieur. Au pied de l’escalier, l’immense rotonde est habillée de tentures blanches sur lesquelles Lili Reynaud-Dewar a reproduit en rouge sang des citations d’Act Up-Paris et de Guillaume Dustan, qui se querellaient à propos du sida, autour des relations entre liberté et prévention des risques. En fond sonore une chorale reprend ces citations tandis qu’une performance dansée de l’artiste devant ces mêmes tentures est visible sur un téléviseur.
La rotonde donne accès à plusieurs salles. Dans l’une d’entre elles on peut voir une installation vidéo magistrale de yann beauvais et dans une autre des films de Lionel Soukaz et Stéphane Gérard en hommage à leurs amis morts.
Le parcours, en huit sections, se prolonge dans une longue déambulation de salle en salle qui suit plus ou moins les chapitres du livre de Lebovici. On y trouve des œuvres de toutes sortes, des peintures, des photographies, mais aussi des vidéos, des installations et des objets divers. Certaines pièces sont particulièrement émouvantes comme cette douzaine de Body Maps, des autoportraits réalisés par des femmes de Cape Town, en guise de thérapie, ou ces photos de Nan Goldin qui accompagne son ami Gilles Dusein jusqu’à sa mort. Il y a aussi des œuvres inattendues telles ces photos de vulve de l’américaine Zoe Leonard. Elle expose ici ce qu’elle avait fait en 1992 à la Neue Galerie de Kassel où elle avait retiré dans cinq salles les toiles trop masculines pour les remplacer par des photos de vulve de ses amies.
Certaines œuvres méritent des explications. Ainsi ce qui plait aux organisateurs avec Propriété privée de Philippe Thomas, un plancher posé de travers avec un trou dans son centre, c’est qu’il est queer, étrange, comme le sont les minorités sexuelles. On le voit, c’est la diversité qui prime dans cette exposition hors norme, reflet saisissant de l’art contemporain, pour traiter d’un sujet toujours d’actualité. R.P. Palais de Tokyo 16e. Jusqu’au 14 mai 2023. Lien : www.palaisdetokyo.com


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