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 VERA 
              DRAKE  Article 
              publié dans la Lettre n° 239 
 VERA DRAKE. Film anglais de Mike Leigh avec 
              Imelda Staunton, Phil Davis, Peter Wight, Alex Kelly, Daniel Mays 
              (2004-couleurs-2h05). A Londres, en 1950, la population reste traumatisée par la guerre. 
              Les souvenirs les plus marquants sont encore au bord des lèvres 
              dans les conversations entre amis. Les restrictions sont difficiles 
              à supporter, le marché noir règne en maître. Vera Drake ne semble 
              pas affectée par tous ces problèmes. C’est en chantonnant qu’elle 
              aborde ses journées, qu’elle fasse le ménage chez elle ou chez ses 
              employeurs, qu’elle s’occupe de sa mère grabataire ou d’un voisin 
              paralysé, qu’elle pense à inviter ce jeune voisin qui, selon elle, 
              se nourrit mal et qu’elle verrait bien au bras de sa fille Ethel. 
              Une théière toujours à portée de main, elle affronte sa vie avec 
              générosité, dans le seul but de rendre service, de voir son entourage 
              heureux. Mais Vera a un secret. Elle aide bénévolement des jeunes 
              filles à interrompre une grossesse illégitime ou des mères de famille 
              trop nombreuse qui ne peuvent élever un enfant de plus. Faiseuse 
              d’anges, elle n’a pas conscience de la gravité de son acte. Il s’agit 
              pour elle de solidarité face à des jeunes femmes terrorisées par 
              leur état et qui implorent son aide. Un avortement qui tourne mal 
              va lever le voile sur cette activité illégale à la stupeur et à 
              la grande honte de la famille qui voit débarquer une police inquisitrice 
              dans l’humble foyer. Vera Drake se trouve alors confrontée aux réactions 
              de son entourage, dictées par l’égoïsme et la bêtise ou par l’affection, 
              la compréhension et la gratitude.
 Mike Leigh a écrit et réalisé Vera Drake à la mémoire de 
              ses parents, médecin et sage-femme, dont la vie professionnelle 
              a sans doute été bien souvent confrontée au problème de l’avortement. 
              Le Lion d’or reçu à Venise en 2004 est amplement mérité. 
              Il dépeint de façon juste et précise ces années d’après-guerre qui 
              virent les populations se relever péniblement. Il brosse aussi un 
              portrait sans complaisance d’une société où l’hypocrisie règne en 
              maître, où les lois sont établies pour les uns au détriment des 
              autres, où la richesse peut s’offrir le luxe de contourner une loi 
              que la pauvreté ne peut qu’enfreindre.
 Imelda Staunton est parfaite dans le rôle de Vera, femme sans âge 
              et sans grâce mais habitée par un charisme et une générosité sans 
              limites. Elle exprime magnifiquement le désarroi de son personnage 
              face à une justice implacable et illumine le film d’une beauté toute 
              intérieure. Lien: www.veradrake.com
 
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