VALJEAN

Article publié dans la Lettre n° 461
du 12 septembre 2018


  Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.

VALJEAN d’après Les Misérables de Victor Hugo. Adaptation et interprétation Christophe Delessart. Mise en scène Elsa Saladin.
Jean Valjean, Cosette, les Thénardier. Le bagnard au grand cœur, l’orpheline martyr, les affreux. Cette trilogie est à ce point intemporelle que les noms en sont passés dans la langue courante. Telle est la force de ce roman-fleuve de Victor Hugo. Mais qui a lu vraiment la profusion de tous ses chapitres ?
Christophe Delessart s’est attelé à la tâche presque démesurée d’en rendre la trame sans en galvauder la saveur. Son pari est réussi, sans conteste. En sept moments d’émotion, d’indignation, de lyrisme, de pudeur, de grandeur humaniste. Ainsi se déroule la fresque, la faute vénielle, un pain dérobé par l’affamé, une vie qui bascule dans l’horreur, les années de bagne, la rédemption du coupable par sa rencontre avec la générosité de l’homme d’Eglise et la grâce lumineuse de Fantine, la deuxième vie semée de traques et de fuites de l’homme responsable à son tour généreux, la petite Cosette arrachée à la méchanceté rapace des tenanciers, sa rencontre de l’amour. En filigrane, on perçoit les remous politiques et l’insurrection populaire, l’acharnement de l’infâme Javert au nom d’une justice sans pitié. Jean Valjean, au soir de sa vie, rédige cette confession épique à l’adresse de Marius, l’époux de Cosette. Parce que sa conscience d’homme protéiforme ne saurait s’apaiser sans l’aveu. Ainsi pourra-t-il enfin s’endormir dans le dépouillement de la sérénité.
Christophe Delessart, seul en scène, incarne les figures de Valjean et la noria de personnages qui ont animé le paysage de ses aventures. On tremble sur les barricades, on frémit dans l’obscurité de l’égout. Surtout, on sent Victor Hugo attentif et attendri au-dessus de son épaule, dans la vibration des indignations comme dans les mots de tendresse paternelle et d’amour universel, baignés de piano et scandés d’orages et de chaînes, dans le clair-obscur de la fuite, les ténèbres souterraines, dans la lumière tamisée du crépuscule et de l’agonie.
C’est bouleversant. A.D. Théâtre Essaïon 4e.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur