UN LÉZARD CHEZ LA PSY

Article publié dans la Lettre n°594 du 22 mai 2024


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UN LÉZARD CHEZ LA PSY. Texte et mise en scène Victor Haïm. Avec Victor Haïm et Sandrine Chauveau.
En termes de transfert psychanalytique, voici un véritable cas d'école !
Augustin, un fringant octogénaire résolument célibataire, qui n'a jamais connu les plaisirs de la chair, tombe raide dingue, comme on dit, de la psy qu'on lui a recommandé d'aller consulter. Une centaine de séances plus tard, il en est au même point: toujours décidé à tenter l'impossible pour séduire l'objet obsessionnel de son incoercible passion, en dépit de ses rebuffades déontologiques, il projette de braquer une banque, apprend le langage des fleurs, met en œuvre des talents insoupçonnés pour le piano, questionne une bourgeoise qui noie ses désarrois conjugaux dans des torrents de boisson forte, s'en remet aux divagations alarmistes d'une voyante.
Trois certitudes le motivent: il est désespérément désargenté, sans aucun horizon pour régler le monceau de dettes variées qu'il a accumulées, il est travaillé dans sa chair par un désir inassouvi, où qu'il aille il croise le même rival, qu'il assassine d'inventives métaphores fleuries, avant de commettre l'irréparable sur celui qui lui barre l'accès au cœur et surtout au corps de sa bien-aimée!
C'est ce parcours totalement déjanté et burlesque que l'avocate doit dérouler devant le tribunal chargé de juger Augustin. Et elle y joue sa propre crédibilité!
Les divers tableaux se succèdent sur un rythme effréné, scandés en aparté par les conseils de bon sens de l'ami Zinédine. Fleuris, à tous les sens du terme.
Dans une langue truculente et truffée d'à-peu-près grivois, rabelaisienne, Victor Haïm campe le rocambolesque et verdoyant amoureux, avec d'autant plus de vraisemblance qu'il a lui-même l'âge de son personnage. Face à lui, Sandrine Chauveau, pulpeuse et éblouissante, interprète la noria des diverses figures féminines, qu'elle scande d'une maestria vocale propre à chanter des pastiches d'airs célèbres. Leur duo est irrésistible!
Quel que soit le verdict à l'issue de la plaidoirie hasardeuse de l'avocate, le tribunal du rire du public votera l'acquittement à l'unanimité! «Y'a pas de soucis!». A D. Théâtre Essaïon 4e.


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