TCHÉKHOV À LA FOLIE.
LA DEMANDE EN MARIAGE / L’OURS

Article publié dans la Lettre n°479 du 15 mai 2019


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TCHÉKHOV À LA FOLIE. LA DEMANDE EN MARIAGE / L’OURS d’Anton Tchékhov. Traduction André Markowicz et Françoise Morvan. Mise en scène Jean-Louis Benoit assisté de Antony Cochin. Avec Emeline Bayart, Jean-Paul Farré, Manuel Le Lièvre.
Il fait frisquet dans le salon de la maison de maître des Lomov mais les oiseaux chantent, signe d’un printemps qui s’annonce. Les chiens aboient et les vaches meuglent, bref, c’est la campagne souriante mais pas pour longtemps. Ivan Vassiliévitch Lomov, propriétaire terrien un brin hypocondriaque, passe le pas de la porte en habit, chapeau et gants blancs. Passablement stressé, il a une demande importante à formuler auprès de son voisin et propriétaire terrien Stépane Stépanovitch Tchouboukov. Quelle n’est pas la surprise du maître de maison d’entendre Lomov, après moult circonvolutions, lui demander la main de sa fille Natalia Stépanovna. Ravi, il se presse d’aller la chercher et laisse le prétendant lui faire sa demande. Hélas, leur conversation s’engage sur un différend ancien, la propriété du petit près aux bœufs, sis entre les deux domaines…
Dans sa propriété, Eléna Ivanovna Popova, jolie petite veuve à fossettes éplorée, a perdu le goût de vivre et s’étiole, malgré les encouragements répétés de Louka, son valet de chambre. Grigori Stépanovitch Smirnov qui a parcouru pas moins de 70 verses pour se rendre chez la jeune veuve, vient lui réclamer les 1 200 roubles de son époux débiteur. La conversation s’envenime, ils iront jusqu’au duel !
Saisissant est le qualificatif qui vient à l’esprit en assistant, hoquetant de rire, au vent de folie qui règne sur scène ! Table débarrassée des objets posés dessus en un tour de main, puis prestement renversée, chaises qui suivent le même chemin, une fureur incontrôlable s’empare des personnages, incarnés par Emeline Bayart, désopilante Natalia et non moins irrésistible Eléna, par Jean-Paul Farré qui se glisse avec le même bonheur dans la peau de Lomov puis de Smirnov et par Manuel Le Lièvre, prétendant contrarié puis valet de chambre aux petits soins. Sa façon d’humecter le petit linge avant de le repasser est l’un des nombreux jeux de scène à mourir de rire des deux petits chefs-d’œuvre admirablement traduits et mis en scène.
Tchékhov vit alors la période la plus heureuse de son existence, bien loin encore de la désespérance qui jalonne ses grands drames. Ces « deux petits vaudevilles à la française écrits en un rien de temps pour se délasser », comme l’auteur aimait à les qualifier, sont dans les mains expertes des acteurs et de tous les intervenants, l’un des meilleurs spectacles comiques de la saison ! M-P.P. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.


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