SKYLIGHT

Article publié dans la Lettre n°547 du 11 mai 2022


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SKYLIGHT de David Hare. Traduction Dominique Hollier. Mise en scène Claudia Stavisky. Scénographie et costumes Barbara Kraft. Avec Marie Vialle, Patrick Catalifo, Sacha Ribeiro.
Kyra a élu domicile dans un immeuble vétuste, aux antipodes de son école, pour rendre service à une amie. Heureuse de se sentir utile, elle enseigne à des gamins défavorisés dans l’espoir de les sortir d’affaire.
On ne vient pas par hasard dans ce quartier de la banlieue nord de Londres et pourtant la jeune femme va recevoir deux visites inattendues. Edward, le fils de la maison où elle a vécu pendant six ans, entre brusquement sans s’annoncer. Très énervé, il vient lui demander son aide. Le jeune homme de dix-huit ans ne supporte plus son père, dont le comportement a beaucoup changé depuis le décès de sa femme Alice, l’an passé. Edward a quitté la maison tout comme sa sœur. Il déplore le départ subit de Kyra trois ans plus tôt et voudrait en connaître la cause.
Des coups de sonnette insistants et c’est Tom qui survient peu après. Il va rester là plus longtemps que son fils. Le silence depuis la fuite de Kyra doit être rompu. Ils se sont aimés. Amants, ils ont formé une sorte de ménage à trois. Elle, heureuse de cohabiter dans un cocon qui la changeait de son enfance, heureuse de prendre soin des enfants et de partager le lit de l’homme qu’elle aimait, tant qu’Alice l’ignorait. Lui, heureux de vivre entre ses deux femmes, jusqu’au jour où Alice a su.
Le décès de sa femme, le départ de ses enfants ont laissé Tom seul face à lui-même et à ce qu’il a construit matériellement mais détruit affectivement. Kyra, elle, a trouvé sa voie et en est fière. Les différences idéologiques se révèlent.
Créée dans les années 1990, la pièce de David Hare donne l’impression d’avoir été récemment écrite. Les inégalités sont plus que jamais présentes dans une société capitaliste où la course effrénée de « créer de la richesse » n’a fait que les accroître. Le décor, remarquable, est le logis glacial de Kyra dont les baies vitrées, piètre rempart à la neige et au froid, sont ponctuellement balayées par la lumière des phares des voitures. Il est le terrain de l’affrontement de deux êtres dont l’existence a pris des chemins divergents, même si l’irruption d’Edward, à la fin, apporte à Kyra un émouvant réconfort. Une excellente pièce, interprétée par trois formidables comédiens. M-P P. Théâtre du Rond-Point 8e.


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