S’ABANDONNER À VIVRE d’après des nouvelles de Sylvain Tesson. Mise en scène Thierry Harcourt. Avec Judith Magre.
Mince silhouette installée à son pupitre, Judith Magre attend que l’obscurité se fasse dans la salle. Puis de sa voix ferme, modulée selon la teneur du récit, elle entreprend la lecture de trois nouvelles du recueil à l’écriture recherchée. Loufoque ou tragique, chaque anecdote oblige son protagoniste à un dilemme : se confronter au retour inattendu d’un mari, ou se mesurer à la descente de la façade depuis le cinquième étage. Voir mourir son village, ou affronter l’odyssée du migrant. Se laisser dévaster par le chagrin du deuil, ou tenter de le surmonter en s’isolant dans la forêt.
Suspendue à une gouttière, aux périls du voyage, ou aux dangers de la forêt, l’existence est faite de décisions court-circuitées par le hasard. L’amant, le migrant et l’ermite « s’abandonnent à vivre », poussés par le désir, la nécessité ou le désespoir. Se mettre en marche, quitte à subir les coups du sort ou pas, ont-ils vraiment le choix ?
Judith Magre captive son auditoire. Elle est l’interprète drôle et émouvante d’un grand voyageur, acteur ou témoin de maints destins, à commencer par le sien. Un rendez-vous à ne pas manquer. M-P P. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.