RAMSÈS II

Article publié dans la Lettre n° 439
du 11 octobre 2017


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RAMSÈS II de Sébastien Thiéry. Mise en scène Stéphane Hillel, avec François Berléand, Évelyne Buyle, Éric Elmosnino, Élise Diamant.
Sur le mur de l’entrée, l’ombre de Mathieu, un bouquet à la main, le précède. Élisabeth lui ouvre la porte de leur maison de campagne et l’accueille chaleureusement suivi de Jean, tous les deux un peu étonnés de le voir arriver seul sans leur fille Bénédicte. Rentré tout juste d’un voyage en Égypte avec sa femme, Mathieu sort de son sac, pour son beau-père, une réplique d’un masque mortuaire destiné à protéger le défunt des mauvais esprits. Fin connaisseur de ce pays, Jean est ravi du cadeau et s’enquiert sur tout ce qu’ils ont visité, remémorant sa propre expérience et certains lieux, « chargés », selon lui. Mathieu semble absent et répond de façon laconique lorsque Jean insiste pour savoir où se trouve sa fille. « Là-haut » répond-il à Élisabeth qui s’est absentée, montrant du doigt le premier étage, répétant en fait ce que vient de lui dire Mathieu. La conversation se poursuit durant laquelle les beaux-parents constatent l’étrange comportement de leur gendre qui semble avoir oublié tout ce qui concerne la famille, en particulier le terrible accident qui cloue aujourd’hui Jean dans un fauteuil roulant, la vente du magasin d’optique et la retraite qui ont suivi et, surtout, surtout, son ignorance totale au sujet du lieu où se trouve Bénédicte qui, bien évidemment, n’est pas « là-haut ». De plus en plus inquiets, les parents se concertent lors des allées et venues répétées de Mathieu entre le salon et les toilettes. L’insistance du couple voulant savoir où est leur fille ouvre un dialogue saisissant. Mathieu leur fournit des réponses déstabilisantes, à son beau-père surtout, dès qu’Élisabeth s’absente. Jean s’énerve. L’attitude de plus en plus bizarre de son gendre le persuade qu’il est arrivé quelque chose à Bénédicte et que Mathieu n’est pas étranger à sa disparition...
L’engrenage qui plonge les personnages dans les affres les plus effroyables est un artifice récurrent que Sébastien Thiéry réemploie ici avec un machiavélisme puissance dix ! Au premier acte succèdent deux autres, exactement sur le même canevas, mais où l’angoisse des parents et le détachement du gendre montent crescendo tout comme la perplexité grandissante du public. Les projections des pyramides, obélisque et hiéroglyphes insistant sur le titre, ajoutent encore au mystère. Le paroxysme est atteint avec la chute. Le public se lève tout de même un peu sonné par la mystification programmée de la pièce, la subtilité de sa mise en scène et de sa scénographie. François Berléand, Évelyne Buyle et Élise Diamant sont excellents, la prestation d’Éric Elmosnino mériterait un prix d’interprétation. M-P. P. Théâtre des Bouffes Parisiens 2e.


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