PSYcause(s)2

Article publié dans la Lettre n° 393
du 29 février 2016


PSYcause(s)2 de et avec Josiane Pinson. Mise en scène Gil Galliot.
Il est au centre de la scène, de la lumière, du récit, cuir orange, virevoltant et protéiforme. IL, c’est le fauteuil pivotant, nid des confidences, lieu des métamorphoses, où ELLE va troquer les lunettes de ses personnages, adopter les postures de la patiente ou l’écoute amusée, décontenancée, voire exaspérée, de la thérapeute. Les névrosées s’y succèdent, bravaches ou angoissées, naïves ou impudiques. L’une cultive ses hernies, l’autre soignera son vide existentiel dans les bras musclés du boucher, une autre encore cherche avec ardeur le point de ses envols sexuels, chacune est écartelée dans le brouhaha chaotique de son corps et de ses désirs d’être reconnue, d’exister pour elle-même. Elle les cerne, les commente en voix off, s’en amuse parfois comme d’un récit tellement prévisible. Les tons et les accents s’alternent, la galerie de personnages se décline sans temps mort. Mais se dessine aussi le filigrane d’une vie d’épouse bafouée par le démon de midi expansif du mari en quête de chair plus fraîche, les surprises d’une mère qui doit s’adapter aux frasques et aux envols de la nichée, la stupéfaction soulagée et l’exaspération d’une fille en butte à une mère dévoreuse, la découverte par la femme d’une autre réalité possible. Comment endosser toutes ces pelures quand le flux des autres vient projeter un miroir face auquel il n’est pas facile de garder distance, quand tracas et colères personnels viennent parasiter la lisse apparence ? Derrière le sourire professionnel et le recul salutaire de la thérapeute, une réelle empathie se fait jour, parce qu’elle aussi est en quête d’elle-même…et se trouvera en faisant tomber les murs de sa propre résistance convenue.
Josiane Pinson évite avec intelligence et finesse les écueils de la caricature et, parce que chacun peut y trouver les ressorts très intimes de ses désarrois cachés, on rit beaucoup et avec grande tendresse. A.D. Studio Hébertot 17e.

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