PETITES MISÈRES DE LA VIE CONJUGALE. D'après Balzac. Adaptation et mise en scène Pierre-Olivier Mornas. Avec Alice d’Arceaux et Pierre-Olivier Mornas.
Caroline et Adolphe vont se marier et ils cochent toutes les cases physiques, morales et sociales d’une union heureuse. Elle est ravissante et, en apparence du moins, suffisamment docile pour satisfaire à l’élégance sans grand questionnement d’une vie domestique et mondaine épanouie. Il est prévenant, répond aux exigences financières d’une existence bourgeoise confortable. Leur entregent de sociabilité est à l’avenant, dîners sans surprise, soirées délicieusement ostentatoires et rivalité sournoise des choix vestimentaires de Madame, qui ne se montre point trop regardante aux activités extérieures de Monsieur, à ses horaires extensibles. L’enfant bientôt né comble l’agenda domestique de la jeune mère, l’époux vaque à ses occupations et acquiesce distraitement et sans risque au babil questionneur de l’épouse.
Tout est donc parfait! Oui, mais… derrière ces rideaux de respectabilité, se joue une comédie beaucoup plus grinçante, qu’évoquent les soliloques in petto de chaque partenaire. Frustration charnelle, ennui, jalousie, rancœurs recuites et insupportabilité diffuse, infidélités, et l’adultère en filigrane qui est peut-être la solution convenue entre les parties pour cette promiscuité inavouable?
Balzac excelle à dérouler cette fresque colorée, d’un réalisme sans pesanteur, mais ô combien caractéristique du quotidien conjugal, dans l’hypocrisie sociale de son temps. Pierre-Olivier Mornas en adapte avec subtilité une ronde de tableaux, dont la vivacité est joyeusement efficace à la mesure de la complicité sardonique entre les deux comédiens.
On rit beaucoup, on se régale sans faille! A D. Théâtre de Poche Montparnasse 6e .