LA PETITE FILLE VÊTUE DE ROSE

Article publié dans la Lettre n° 424
du 24 avril 2017


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LA PETITE FILLE VÊTUE DE ROSE de Coralie Miguel. Mise en scène Marina Gauthier avec Coralie Miguel ou Roxane Turnel, Sevda Bozan, Thaïs Lamothe. Remplaçantes : Sarah Scotté, Eléonore Hendricks.
Dans une cellule de la prison de York, Kate, dite Nevena, et Gaëlle se regardent en chiens de faïence, la première contrariée de voir ses mois d’isolement subitement interrompus, la seconde, en larmes, réclamant sans succès le droit de téléphoner juste une fois. Nevena purge une peine depuis quatre ans et deux mois. Gaëlle vient d’arriver. Elle est sous le choc de son incarcération et va vivre suspendue au souffle de la passante plongée dans le coma qu’elle a renversée. Gynécologue, la jeune femme terminait ses études et voyait déjà ses rêves se réaliser. Rien ne la condamnait à se retrouver enfermée dans cette prison pour femmes, encore moins en compagnie de Nevena dont la vie s’oppose radicalement à la sienne, du moins, le croit-elle. Les semaines puis les mois s’écoulent, rythmés par un quotidien répétitif et des bruits devenus familiers : cris et pleurs provenant d’autres cellules, grincement métallique des serrures, claquement des lourdes portes qui se referment, hurlement des sirènes de police… Gaëlle a été affectée à la bibliothèque. Nevena tue le temps en confectionnant de toutes petites maisons ou en écrivant des poèmes. Une télévision qui permet seulement de visionner d’hypothétiques K7, un peu de musique et quelques livres les ont vite lassées. L’hygiène est épouvantable, la promiscuité totale, comme le montre la cuvette des W.C qui trône là comme un meuble à part entière, rappel, si besoin était, de leur déchéance. Tout ceci serait presque vivable si elles ne croisaient pas, la peur au ventre, certaines détenues au réfectoire ou à la promenade. Nevena, maintenant cloîtrée, l’a appris à ses dépens. L’angoisse les tenaille aussi lorsqu’elles entendent des pas se rapprocher dans le couloir, ceux hostiles d’Amanda, la matonne, qui prend un malin plaisir à les tourmenter, Nevena surtout, son souffre-douleur. Le temps cependant fait son œuvre. Les deux jeunes femmes s’apprivoisent mutuellement et se confient. Elles ne sont pas si dissemblables tout compte fait. Une réelle tendresse puis un fort attachement tissent peu à peu les liens indispensables à leur survie, mais pour combien de temps ? Ce que dévoile Nevena de sa vie est tragique et, encore, elle en occultera jusqu’au bout l’épilogue à sa codétenue et compagne.
Coralie Miguel brosse par petites touches un portrait glaçant du cauchemar vécu par des milliers de femmes à travers le monde que les drames de la vie ont précipitées là, à leur corps défendant, faute d’avoir bénéficié d’une enquête approfondie ou d’un procès équitable. La mise en scène met parfaitement en lumière leur vie mise entre parenthèses dans l’attente d’une issue favorable ou dans la détresse d’une sentence déjà prononcée. Thaïs Lamothe, Amanda, Sevda Bozan, Gaëlle et Roxanne Turmel, Nevena ce soir-là, interprètent leur rôle avec une formidable conviction. M-P P. Théâtre Montmartre Galabru 18e.


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