PARLE-MOI D’AMOUR

Article publié dans la Lettre n° 416
du 27 février 2017


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PARLE-MOI D’AMOUR de Philippe Claudel. Mise en scène Morgan Pérez avec Caroline Silhol et Philippe Magnan.
Comment un soufflé peut-il retomber si vite après les griefs et les insultes qu’ils ont proférés ? Comment peuvent-ils sortir indemnes d’une telle scène de ménage ?
Un couple rentre d’une réception, elle encore jeune et jolie dans sa robe chic et chère, lui la silhouette accusant davantage le poids des ans. Elle n’en peut plus de ces dîners où tous ces énarques se pavanent, n’ayant qu’une idée en tête, leur carrière. Ils sont prêts à tuer père et mère pour obtenir le poste convoité. Lui a passé son temps à faire des courbettes à son patron dans la crainte que le poste à pourvoir à Washington lui échappe, l’un de ses collègues ayant les dents longues. Les premiers reproches sur la soirée s’orientent rapidement sur le bilan de leur couple. Trente ans de vie commune, deux enfants de 25 et 23 ans immatures et rêveurs. Issu d’une famille modeste, lui s’est hissé au sommet de sa carrière à la force du poignet. Elle, ancienne hippie sous la coupe d’un gourou, a fait une croix sur ses études et n’a pas ménagé sa peine pour privilégier la réussite de son mari au concours de l’ENA. Aujourd’hui, la situation en poupe, elle dépense sans compter pour retarder les tristes effets de l’âge et se pique d’art contemporain en remplissant leur appartement d’objets et de meubles pour le moins déconcertants si l’on en juge le concept-canapé d’un artiste japonais en vogue qui trône au milieu du salon ! Un torrent d’insultes franchit leurs lèvres, surprenant chez ce couple en apparence policé, mais la colère trahit toujours les origines.
Les œuvres de Philippe Claudel ont toutes un point commun, la diversité du vocabulaire et la précision du mot, la puissance d’une langue qui survient comme un coup de poing et traduit au plus près le style du roman ou de la pièce de théâtre.
Le comédien est un passeur de mots. Cette évidence prend ici tout son sens, témoins admiratifs que nous sommes face à l’interprétation de Caroline Silhol et de Philippe Magnan, fabuleusement vrais dans cet effroyable esclandre. M-P P. Pépinière Théâtre 2e.


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