MON LOU

Article publié dans la Lettre n° 453
du 25 avril 2018


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MON LOU. Textes de Guillaume Apollinaire. Mise en scène Christian Pageault avec Moana Ferré.
Des lettres à foison, à profusion. Guillaume Apollinaire, un jour de septembre 1914, est tombé en fol amour de l’incandescente Lou, l’élégante, la pulpeuse, à l’orée délicate et éblouie d’un amour qui monte en passion jusqu’à l’orgasme érotique. Pendant quelques mois de trouble et d’ambiguïté, ils vont s’échanger des lettres, surtout celles d’un poète éperdu de désir qui y trouve ample matière à son inspiration. Leurs très brèves rencontres seront des incendies de volupté. Le corps de Lou est insatiable, l’inspiration de Guillaume est un tumulte de métaphores charnelles, guerrières, et il s’enivre de son désir sublimé par la séparation et la frustration. Elle lit avidement, impatiemment, les flots de son amant. Elle se répand sur une gigantesque lettre déployée à l’image des draps froissés de leurs ébats. Il écrit, elle ne répond pas, la jalousie et l’incompréhension devant le silence de la bien-aimée viennent tarauder le désespoir de l’amant.
Puis, peu à peu, en filigrane, s’installe le récit des tranchées, des fleurs et des oiseaux tenaces au milieu des obus meurtriers, de la fraternité des compagnons d’armes, de l’absurdité d’une guerre qui s’éternise, de l’étrange fascination  que cette machine de mort suscite, tandis que les coulures de sang, de boue et de ténèbres recouvrent le lieu des amours qui s’éloignent. Toutes les lettres à Lou sont tissées d’une chair impudique déclinée en blason, brodées de l’ironie tendre de l’amant qui voudrait ne pas quémander, zébrées de l’orgueil du poète qui se sait encensé par ailleurs, qui reconnaît aussi dans cette « grande folie » la source flamboyante de son inspiration.
Moana Ferré offre une modulation vibrante au corps et à la voix de celle qui fut « la plus heureuse étant la plus jolie », en se lovant dans l’écriture autographe d’Apollinaire.
Calligramme ? L’écriture de la beauté, n’est-ce pas ? A.D. Lucernaire 6e.


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