LES  MARCHANDS D’ÉTOILES d’Anthony Michineau. Mise en scène Julien Alluguette.  Avec Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol,  Nicolas Martinez, Axelle Dodier, Julien Crampon, Anthony Michineau.
                  Le décor minutieux, d’une belle  authenticité met instantanément dans l’ambiance. Nous sommes à Paris en juin  1942. Au sous-sol d’un dépôt de tissus, patrons et employés ont entrepris  l’inventaire en catimini. Raymond Martineau, patron du magasin familial, n’a  pas requis auprès des autorités la permission de travailler après l’heure du  couvre-feu. Yvette sa femme, Paulette sa fille, Louis, employé depuis longtemps  et Joseph, la jeune recrue, s’affairent. Les affaires marchent. Opportuniste,  le marchand écoule sans problème les pièces d’étoffe de couleur jaune… Des  coups de feu suivis des coups portés à la porte les glacent. Maxime fait son  apparition. Collabo de la première heure, sa « chasse aux juifs »  l’amène à s’assurer que l’un d’eux qu’il vient de blesser, n’a pas trouvé  refuge au dépôt. Il dit bien connaître Louis, très mal à l’aise d’avouer cette  relation. Mais Maxime n’en reste pas là. Il revient arguant que l’inventaire  n’a pas été déclaré. Il se fait fort d’obtenir le tampon de l’administration  contre un «petit cadeau» que le couple s’empresse de lui donner. La  routine du commerce, jusque là paisible, est bouleversée par les incursions de  plus en plus insidieuses de Maxime. Les secrets peu à peu dévoilés dérangent  les consciences et les plongent tous dans la plus grande détresse.
                  En juin 1942, on ignorait en France le  sort réel réservé aux juifs dans les camps de concentration mais l’ambiance de l’occupation  est bien là avec l’omniprésence de l’ennemi, les aléas du couvre-feu, le marché  noir, les rafles, la délation et l’appropriation sans vergogne des biens  d’autrui. La réussite de la pièce est de mêler traits d’humour et tragédie,  rendus par des comédiens tous excellents. On retient son souffle jusqu’à  l’épilogue inattendu. M-P P. Le Splendid  10e.