LOCALEMENT AGITÉ

Article publié dans la Lettre n° 472
du 6 février 2019


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LOCALEMENT AGITÉ de Arnaud Bedouet. Mise en scène Hervé Icovic avec Anne Loiret, Lisa Martino, Thierry Frémont, Nicolas Vaude, Arnaud Bedouet, Guillaume Pottier.
Yves habite et entretient la maison familiale depuis le décès de son père Antoine, quatre ans plus tôt. En véritable gardien d’un sanctuaire, il n’a déplacé aucun objet, les derniers feuillets rédigés par son père, physicien nobélisé, sont encore sur le bureau. Il a convoqué ses frères Clément, Pierre et Boris, sa sœur Marie et Jeanne, sa belle-sœur, dans le but de disperser enfin les cendres paternelles. Né un 29 février, Antoine a expressément demandé que celles-ci soient répandues à cette date, et par un vent de sud - est, afin qu’elles s’envolent vers l’océan. Pas simple, surtout quand on sait qu’un vent de sud - est souffle rarement l’hiver !
Tout le monde arrive avec plus ou moins de retard selon ses habitudes de locomotion et son caractère. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps. Dans l’attente de l’horaire fatidique et du vent idoine, chacun évoque qui des soucis financiers, qui un divorce mal vécu ou une prochaine séparation. La conversation est parsemée de propos un peu vifs qui dénotent bien des frustrations. Les altercations tournent même en règlement de comptes lorsque Marie révèle qu’elle détient le journal intime paternel et qu’elle songe à le publier. La lecture du document est éloquente. C’est une bombe pour ces enfants qui ont grandi dans l’ombre d’un homme célèbre et même tiré parti de son savoir et de sa notoriété.
La pièce principale jouxte la plage avec ses rochers, et, en arrière - plan, un ciel de plomb, un décor idéal pour mettre en scène les allées et venues de la famille réunie. Les fratries grandissent rarement harmonieusement. Arnaud Bedouet en soulève ici les inégalités. Tous ont pâti différemment d’un père ou beau-père à la fois fascinant, décevant et destructeur mais aucun ne pouvait soupçonner la réalité. « J’imaginais pas cette journée comme ça », commente l’un d’eux. Au moment de se quitter, Jeanne s’esquive. Marie présente des excuses que ses frères balaient généreusement, gonflés du désir de prendre un nouveau départ et désireux de se revoir bientôt.
Les comédiens jouent leur rôle avec conviction. Le public oscille entre le rire provoqué par les situations comiques, telle celle classique du portable en mal de réseau, et celui, plus grinçant, causé par les révélations. M-P.P. Théâtre de Paris - Salle Réjane 9e (01.42.80.01.81).


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