JEAN MOULIN, ÉVANGILE

Article publié dans la Lettre n° 437
du 13 septembre 2017


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JEAN MOULIN, ÉVANGILE. Fiction historique de Jean-Marie Besset. Mise en scène Régis de Martrin-Donos. Scénographie Alain Lagarde avec Arnaud Denis, Sophie Tellier, Gonzague Van Bervesselès, Laurent Charpentier, Chloé Lambert, Stéphane Dausse, Loulou Hanssen, Michael Evans, Jean-Marie Besset.
L’histoire se construit à partir des témoins qui la refèrent et des historiens qui l’écrivent avec le recul exigé par le temps avec plus ou moins d’objectivité, surtout lorsque les faits se déroulent dans la clandestinité. Les résistants de la dernière heure et les traîtres arrangent les faits à leur façon. Les héros et leurs proches ne sont plus là pour rétablir la vérité. Les années, quant à elles, se chargent de brouiller les pistes, ne laissant derrière elles que le squelette décharné de ce qui a vraiment eu lieu et de ce que l’on veut bien entendre. C’est ce que l’on nomme « la version officielle ».
Cette fiction historique n’est, selon son auteur, qu’une « fiction » mais elle relate avec clairvoyance les actes accomplis par un héros dont l’action continue de faire couler beaucoup d’encre, icône de la résistance française durant la Seconde Guerre Mondiale, nommé depuis Londres, responsable de la Résistance en France par le Général de Gaulle. Elle retrace les années de lutte, d’espoir et de désespoir d’un héros trahi, de ses fonctions de Préfet de L’Eure et Loir en 1940 à son agonie le 8 juillet 1943 après être passé par les mains de l’ignoble Klaus Barbie.
Au cours des vingt-deux scènes très denses, le parcours en terrain miné de Jean Moulin, alias Mercier, Rex ou Max, ses relations avec le chef de la France libre, lors de ses incursions à Londres, celles avec sa famille, ses camarades de combat et ses ennemis sont décrits comme un véritable chemin de croix. Jean-Marie Besset met aussi l’accent sur la frustration et l’impuissance de Charles de Gaulle, contrecarré dans ses actions par les gouvernements britannique et américain préférant s’entendre avec le Général Giraud, et éclaire la lutte intestine, sur le terrain français, entre résistants et maquisards, selon leur appartenance politique. Pas une once d’ennui, la mise en scène toujours en mouvement y veille, secondée par un décor astucieux, très modulable, fait de chaises, de tables et surtout d’armoires (on appréciera celle, symbolique, de de Gaulle). Un spectacle très pédagogique qui éclaire avec passion une part sombre de notre histoire. M-P P. Théâtre 14 14e.


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