ET SI ON NE SE MENTAIT PLUS ?

Article publié dans la Lettre n° 461
du 12 septembre 2018


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ET SI ON NE SE MENTAIT PLUS ? de Emmanuel Gaury et Mathieu Rannou avec Maxence Gaillard, Emmanuel Gaury, Guillaume d’Harcourt, Nicolas Poli, Mathieu Rannou.
« Bourgogne, cognac et le reste… », une amitié jusqu’à la mort de cinq des plumes et acteurs les plus incisifs de leur époque. Lucien Guitry, dit « Divan le Terrible » pour sa propension à courtiser les dames, est l’élégance et le raffinement incarnés, qui réunit à déjeuner chaque jeudi le quintette. Musical, certes, tant l’harmonie de ces tempéraments si contrastés est solide, entre complicité et escarmouches. Alphonse Allais y est traditionnellement en retard, après sa dérive d’absinthes, ses étourderies, ses facéties ravageuses d’amitié. Ah le café instantané, auquel il prédit un bel avenir ! Tristan Bernard arrive avec son éternelle jovialité, ses projets de boxeur, tout en générosité et optimisme roublard. Alfred Capus, en verve méridionale, rêve d’Académie, répète à l’envi sa devise « Tout s’arrange ». Même quand sa « Veine » marche sur les brisées de « La Peine » de Jules Renard, et que l’amitié est battue en brèche par la jalousie que Jules jette en pâture dans le cercle complice. Jules, le plus doué et néanmoins le moins assuré de ses dons de plume, ombrageux et torturé, en proie à des poussées de vérité à tout prix. Que de mets dégustés, de bons mots échangés avec une verve rieuse et acérée, dans une théâtralisation de chaque instant ! Que de toasts portés quand les cinq mousquetaires s’éloignent à la mort successive de chacun… Comme un quintette d’adieux, dont l’ultime Tristan Bernard fait le bilan final, en évoquant les délices de leurs disputes vivaces.
L’espace à trois dimensions, terrasse de café, salon bourgeois et bureau de travail, est placé sous la tutelle des grands fac-similés où s’afficheront dans le silence ému les nécrologies successives. Lieux de fantaisie et d’espièglerie, de confort et d’intimité chaleureuse, de sobriété laborieuse de l’écrivain à la peine.
Chacun des cinq acteurs se moule avec excellence dans la spécificité de son auteur et donne à ce moment de théâtre incarné une vivacité et un allant irrésistibles.
Un régal à ne manquer sous aucun prétexte. A.D. Théâtre du Lucernaire 6e (01.45.44.57.34). Jusqu’au 11 novembre.


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