DOUCE-AMÈRE

Article publié dans la Lettre n° 447
du 31 janvier 2018


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DOUCE-AMÈRE de Jean Poiret. Mise en scène Michel Fau avec Mélanie Doutey, Michel Fau, David Kammenos, Christophe Paou, Rémy Laquittant.
Huit ans de mariage et ils sentent déjà leur vie commune s’étioler. Certain d’en vivre l’épilogue, Philippe devient de plus en plus caustique. Élisabeth relativise ses propos à leur ami Michel, venu prendre un verre : «  Philippe a besoin de méandres ». Que son mari dise vouloir lui laisser toute liberté l’agace. Mais ne serait-ce pas une manière de la manipuler ? Élisabeth s’absente, il en profite pour chiper son agenda, un agenda qui ressemble à celui d’un mari trompé. « Huit ans de mariage, le temps est venu de l’érosion », confie-t-il à Michel qu’il verrait bien comme l’amant parfait. Il devrait être jaloux, bien au contraire, il pousse littéralement son ami dans les bras de sa femme. Interloqué par cette attitude, Michel se défend de toute relation avec Élisabeth et pour cause. L’agenda est éloquent, elle a bien la tête ailleurs. Cependant, son coup de foudre ne concerne pas Michel mais Stéphane, un coureur automobile. C’est la première fois qu’elle trompe Philippe mais elle lui assure qu’il ne saura rien lorsqu’il tente de la surprendre en rentrant chez eux en pleine après-midi. Philippe s’amuse alors à inviter Stéphane et Michel et joue avec les nerfs des convives mais personne « ne se met à table » !
Pour Élisabeth, aussi, les années de vie commune avec Philippe prennent fin. La séparation est inéluctable mais pas sans conséquences selon elle : « On ne vit pas huit ans avec toi sans que cela laisse des traces ». Ces traces font sans doute leur œuvre. Ce premier amant n’est pour elle qu’une étape. Après Stéphane, les liaisons avec Gilles et Michel se succèdent dans sa vie amoureuse, pourtant l’insatisfaction demeure. Vient alors le temps de la solitude lorsque Philippe survient un soir de jour de l’an avec un bouquet de fleurs et une idée en tête. N’est-il pas trop tard ?
On garde de Jean Poiret le souvenir d’un homme dont l’humour et la gaîté faisaient des ravages, auteur des comédies mémorables « La cage aux folles » ou « Joyeuses Pâques ». « Douce-amère » dévoile la face plus sombre de l’auteur. Écrite en 1970, sa réflexion sur le couple a le ton de la désillusion.
Michel Fau replace l’action dans l’époque et imagine l’une de ces mises en scène alertes dont il a le secret. Les très nombreuses scènes passent comme le vent. Chacune est ponctuée par des lumières, aux tons changeants, projetées sur un décor tournant astucieux. Des morceaux classiques ou les chansons « My Way » et « Comme d’habitude » envahissent, à bon escient, l’espace sonore. Les comédiens jouent très juste. Mélanie Doutey évolue dans une débauche de costumes, un vrai défilé de mode ! M-P.P. Les Bouffes Parisiens 2e.


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