LE BOIS DONT JE SUIS FAIT

Article publié dans la Lettre n° 472
du 6 février 2019


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LE BOIS DONT JE SUIS FAIT de Julien Cigana et Nicolas Devort. Mise en scène Clotilde Daniault. Avec Julien Cigana et Nicolas Devort.
« Je t’ai pas choisi. On n’est pas obligé de s’aimer. ». Famille, je vous déteste tant parfois… Comment trouver ses propres marques, reconnaître son amour pour la compagne enfin trouvée, accepter l’irruption de l’enfant à naître, surtout quand on est affligé d’un père tyrannique, rageur, agressif, sourd à tout ce qui diffère de son intransigeance ? Tristan, le fils cadet, représente le trublion dans un faux équilibre petit-bourgeois, tristement banal. Il n’a pas « réussi » en métier, mariage, paternité. Mireille, la mère, douce, attentive, est l’élément perturbateur, parce qu’elle se sait sur les rives de la mort, rêve d’océan infini, elle qui a tout absorbé comme une éponge souriante, sans faire de vagues. « Je crois que ma mort sera plus belle que ta vie », dit-elle sans hargne à Jacques, son mari, avant de partir dans le grand sommeil. Jacques pérore et éructe, immisce la dispute dans chaque rencontre avec Tristan et ses rêves d’évasion écolo. Stanislas, l’aîné, est débordé dans le tourbillon sans joie de son quotidien. Pas de dialogue, que des sourds-muets.
Aux marges des deux frères et de leurs parents, il y a les témoins, la délicieuse Juliette et ses récits enfantins, Roxane préposée à la maternité à naître ou déjà née, Ernest le grand-père facétieux auquel on prête si peu d’attention.
Pour jouer la presque simultanéité de toutes les situations familiales, repas, disputes, angoisses, Julien Cigana et Nicolas Devort tournoient, dans une danse subtile et sans pause autour de leurs tabourets. A la fois mêmes et différents, dans l’anthracite de leur « uniforme », dans les voix qui virevoltent, les rôles qui s’entrecroisent. D’un geste, d’un accent plus ou moins chantant, d’une voix douce ou vindicative, ils incarnent tour à tour les convives du repas pascal, la lassitude du couple, l’incommunicabilité des générations, les petites joies et les conflits sournois. La mort qui rôde.
Trois petits tours et puis s’en viennent et s’en vont. Et les cendres s’envolent dans le grondement des vagues. A.D. Théâtre de Belleville 11e.


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