UNE VIE DE PIANISTE de Agnès Boury et Paul Staïcu. Mise en scène Agnès Boury. Avec Paul Staïcu.
Paul Staïcu avait trois ans et demi lorsque sa mère Irina, professeure de piano, lui posa les mains sur le clavier, l’air de rien. Puis la « Ceauseschool » prit le relais des leçons maternelles. En 1984, à Bucarest, on préconisait l’excellence à la russe. « Compromettre la joie de vivre par la terreur » était la politique. La méthode, dite de l’entonnoir, était la pratique. Sortir vainqueur de cet écrémage, l’obligea à devenir « un sportif de haut niveau du bout des doigts aux poignets ». Mais à la radio puis à la télévision, soufflait un vent de liberté, un ailleurs chaque jour rêvé. Entre les cours de musique classique à l’école et la pratique du jazz en douce à la maison, Paul perfectionna son art.
« Vous n’avez pas idée de ce que représente la France pour ceux qui l’aiment de loin » confie-t-il à son auditoire. Deux ans plus tard, événement exceptionnel, les Staïcu père et fils obtinrent en même temps un visa pour sortir du pays. Ils choisirent alors la liberté, ironie du sort, à un moment clé de l’histoire. La suite est digne d’un artiste en exil…
Entre deux extraits ou morceaux classiques ou modernes, Paul Staïcu relate l’histoire rocambolesque de « sa vie de pianiste » et le long tunnel qu’il lui fallut parcourir pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, à raison de 28 heures d’exercices hebdomadaires pendant quarante-huit ans, et il est passionnant. Ses mains fines semblent légères mais on en mesure la puissance dès leur contact avec le clavier. Une leçon de vie exemplaire donnée par un virtuose atypique qui après seize ans de scène avec « Duel » (Lettres 255 et 307) fait cavalier seul pour notre plus grand plaisir. M-P.P. Studio Hébertot 17e. Lien : www.studiohebertot.com.