VAN GOGH À AUVERS-SUR-OISE
Les derniers mois

Article publié dans la Lettre n°584 du 20 décembre 2023



 
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VAN GOGH À AUVERS-SUR-OISE. Les derniers mois. Cette exposition, la première sur ce sujet très particulier, s’intéresse aux 71 derniers jours de la vie de Van Gogh (1853-1890). Celui-ci, après avoir quitté l’asile Saint-Paul de Mausole, près de Saint-Rémy-de-Provence, où il avait demandé à être interné pour soigner ses crises d’angoisse, arrive à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890. Le choix de ce village n’est pas dû au hasard. En effet, il est fréquenté par d’autres peintres et le docteur Gachet, spécialisé dans le traitement de la mélancolie, collectionneur et ami des impressionnistes, y réside. C’est lui qui accueille Van Gogh, l’aide à s’installer dans l’auberge Ravoux, et l’invite à déjeuner tous les dimanches. Van Gogh fera son portrait et celui de sa fille Marguerite, ainsi que des tableaux de son jardin.
Cette courte période dans la vie de Van Gogh est extrêmement féconde. L’artiste produit pas moins de 73 tableaux et 33 dessins dont une eau-forte, la seule de sa carrière, qu’il grave avec le matériel du Dr Gachet. Nous pouvons voir une quarantaine de ces tableaux et une vingtaine de dessins de cette période, ainsi que quelques œuvres rapportées par le peintre de l’asile de Saint-Rémy.
Même si la plupart des toiles exposées sont assez précisément datées, le parcours de l’exposition est thématique, avec des cabinets spécialisés sur divers sujets ainsi qu’un espace de médiation sur la couleur.
La première salle nous accueille avec deux toiles célèbres, l’autoportrait de 1889 à dominante bleue, l’avant-dernier des 35 qu’il a peint, faute de trouver des modèles, et le portrait du Docteur Paul Gachet. On y voit aussi une Pietà (d’après Delacroix), également ramenée de Saint-Rémy, que Van Gogh avait placée dans sa chambre, et Les Vaches (d'après Jordaens), une huile peinte d’après une gravure exécutée par le Docteur Gachet (1828-1909).
C’est le moment, dans le premier cabinet, de faire connaissance avec ce médecin. À côté de quelques croquis représentant des folles de la Salpêtrière, on y  voit des dessins, gravures - dont Les Vaches d’après Jordaens -  et peintures, signées du pseudonyme Paul van Ryssel, ainsi que la gravure de Van Gogh, L’Homme à la pipe, autre portrait du Dr Gachet. On peut se demander si ces œuvres seraient conservées aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France sans la rencontre de Van Gogh ?
La deuxième section, intitulée « Auvers est gravement beau… » nous montre des toiles représentant des maisons, surtout des chaumières qui rappellent au peintre son Brabant natal, des fermes, des rues du village, des arbres, des jardins. Deux toiles attirent notre regard. La première est la célèbre représentation de L'église d'Auvers-sur-Oise, église toujours visible aujourd’hui. La seconde, Bords de l’Oise à Auvers-sur-Oise, évoque les tableaux impressionnistes sur ce sujet et sort de la production habituelle de l’artiste qui ne l’évoque même pas dans sa correspondance.
Justement, un cabinet est consacré à cette dernière. On conserve 820 lettres de la main de Van Gogh dont 24 écrites à Auvers, en français. L’une d’entres elle est exposée tandis qu’un audiovisuel nous fait entendre la lecture de quelques-unes.
Un autre cabinet nous montre, avec un diaporama et des cartes postales d’époque, le pittoresque d’Auvers-sur-Oise.
Le parcours reprend avec des peintures de « bouquets et des études de plantes » puis de portraits, dont deux d’Adeline Ravoux, la fille de ses hôtes.
La cinquième section est consacrée aux « Études graphiques ». À côté d’un carnet, les commissaires ont exposés une dizaine de feuilles dont la plupart sont dessinées sur les deux faces. Elles représentent des paysans, mais aussi un Nu masculin debout, dessiné d’après un manuel de cours de dessin; Marguerite Gachet au piano et une curieuse Tête égyptienne réalisée d’après un moulage ornant une maison du village.
Dans la dernière section, on voit tout d’abord des vues des alentours d’Auvers. Van Gogh fit une vingtaine de toiles de ces paysages « naturels », sans maison et le plus souvent sans personnages, comme une transcription de sa propre solitude. Ces champs sont parmi ses plus belles peintures, en particulier le fameux Champ de blé aux corbeaux, peint dans un format double carré. Van Gogh réalisa treize toiles dans ce format, dont un portrait, toutes peintes à Auvers. Onze sont exceptionnellement présentes ici.
L’exposition se termine avec un quatrième cabinet où l’on montre comment cet artiste acquit « Une reconnaissance rapide et éclatante ». Le 27 juillet, Van Gogh se tire une balle dans la poitrine sur les hauteurs d’Auvers. Il parvient néanmoins à regagner sa chambre où, malgré les soins des médecins, il meurt le 29 juillet. Le Dr Gachet prévient son frère Théo Van Gogh qui arrive le lendemain. Nous voyons les lettres de condoléances adressées à Théo par Pissarro, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Émile Bernard, etc., les livres et catalogues édités peu après sa mort, une gravure du Dr Gachet représentant l’artiste sur son lit de mort et d’autres souvenirs. En effet, Van Gogh n’était pas l’artiste maudit dont on a parlé et il commençait à être reconnu par la critique. Plus tard, le cinéma s’empara de sa vie et en particulier de son dernier séjour, à Auvers-sur-Oise. Une exposition éclatante qui éclaire sous un jour nouveau la carrière de cet immense artiste. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 4 février 2024. Lien : www.musee-orsay.fr.


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