Parcours en images et en vidéos de l'exposition

TOYEN
L'écart absolu

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°548 du 25 mai 2022



 



Introduction

Introduction

En 1919, Prague est la capitale européenne qui se trouve alors à égale distance de Paris, Vienne, Moscou et Berlin, où tout se réinvente, l’architecture, la littérature, la psychanalyse, le théâtre, la linguistique… Toyen a 17 ans. Elle vient de quitter sa famille pour rejoindre les milieux anarchistes et communistes, avant de fréquenter l’École des arts décoratifs qu’elle va vite abandonner. Ne cédant jamais sur sa révolte ni sur ses rêves, elle va traverser le siècle, toujours à la confluence de ce qui s’y produit de plus agitant, des avant-gardes de l’Europe centrale au surréalisme international.
Bien avant d’avoir lu l’utopiste Charles Fourier, Toyen a pratiqué l’écart absolu que celui-ci préconisait en s’éloignant délibérément des routes connues. Singulière en tout, elle a toujours refusé de se définir comme un peintre et à plus forte raison comme une femme peintre. Tel Rimbaud, elle est ailleurs. Ainsi la peinture lui aura d’abord été prétexte de s’aventurer dans les continuelles mouvances de la représentation, afin d’y discerner les forces qui hantent notre obscurité et particulièrement notre nuit amoureuse. Refusant de se laisser assigner à résidence par quelque identité que ce soit, Toyen a mené sa vie comme un voyage au long cours, où les courants auront compté autant que les rivages abordés. Extraordinaire traversée de l‘image, dont l’histoire se confond avec celle de la liberté en quête de ses formes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Nature morte cubiste, 1923. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.


I – MIRAGES (1919–1929)

Scénographie
I – MIRAGES (1919–1929)

Au milieu de l’été 1922, Toyen rencontre sur l’île croate de Korcula le jeune peintre Jindřich Štyrský, pareillement en rupture avec sa famille, l’enseignement des Beaux-Arts et l’ordre social. C’est le début d’une collaboration à vie. De retour à Prague, ils rejoignent le groupe Devetsil, alors creuset de l’avant-garde, et participent à toutes ses expositions avec des tableaux entre purisme et constructivisme.
Entre 1925 et 1927, Toyen et Štyrský voyagent en Europe, séjournent à Paris et y exposent. Fascinée par la diversité des spectacles, cirques, music-hall, fêtes foraines... qu’ils y découvrent, Toyen réalise en 1925 une série de tableaux «primitivistes» mais dont la facture et l’humour les rapprochent de nombreux petits croquis érotiques témoignant déjà d’une composante majeure de sa sensibilité.
En 1926, Toyen et Štyrský définissent leur vision commune sous le nom d’artificialisme, visant à « provoquer des émotions poétiques qui ne sont pas seulement optiques ». On peut y reconnaître une préfiguration, trente ans avant, de l’abstraction lyrique, même si l’artificialisme s’en différencie par la subtilité d’un « miroir sans image », dans lequel Toyen comme Štyrský ont affirmé « l’identification du peintre au poète ».
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Café, 1922. Huile sur carton. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Coussin, 1922. Huile sur carton. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Dalmatie, 1922. Huile sur toile. Brno, Galerie morave.
Scénographie
 
Toyen. Fata Morgana (Mirage), 1926. Huile sur toile. Hlubokà nad Vitavou, Galerie Ales de la Bohéme du Sud.
 
Toyen. Rizière, 1927. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Le Cirque Conrado, 1925. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. Les Danseuses, 1925. Huile sur toile, 77 x 69,5 cm. Galerie nationale de Prague. © Fotooddělení Národní galerie v Praze. © ADAGP, Paris, 2022.
Toyen. Croquis, 1923-1928. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.

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Toyen. Croquis, 1923-1928. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.

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Toyen. Croquis, 1923-1928. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.

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Toyen. Croquis, 1923-1928. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.

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Toyen. Croquis, 1923-1928. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.

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Catalogues et photographies
 
Portrait de Marie Čermínová, dite Toyen, 1919. © Reproduction Katrin Backes et Sylvain Tanquerel. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Harem, 1925. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Le Paradis des noirs, 1925. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Toyen. Les Avaleurs d’épées, 1925. Huile sur toile. Prague, galerie Zlata Husa.
 
Toyen. Les Rois mages, 1925. Huile sur toile. Collection particulière,  avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
 
 
Scénographie
 
Toyen. Roches basaltiques, 1929. Huile sur toile. R2G Art Foundation.
 
Toyen. Oasis, 1929. Huile sur toile, 65 x 92 cm. Collection particulière. Photo : Oto Palán. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Vendanges, 1927. Huile sur toile, 48 x 59 cm. Collection particulière.
 
Toyen. Le Lac de Côme, 1929. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen.  Scaphandrier, 1926. Huile sur toile, 86 x 64 cm. Kunsthalle, Prague. Exposée à la Galerie d’art contemporain en 1926. © ADAGP, Paris, .
 
Toyen. Fjords, 1928. Huile sur toile. Galerie nationale de Prague.
Catalogues, revues et couvertures illustrées par Štyrský et Toyen.


II – LA FEMME MAGNÉTIQUE (1930–1939)

Scénographie
II – LA FEMME MAGNÉTIQUE (1930–1939)

Avec le début des années trente, une violence nouvelle s’empare de l’espace de Toyen, dévoilant des formes venues des profondeurs, qui s’imposent progressivement par leur charge sexuelle. Sans qu’on s’en aperçoive, la lumière cède à la matière. De moins en moins, la flore se distingue de la faune dans une nuit intérieure que Toyen ne quitte plus des yeux, pour voir quelle forme se révèle à travers l’érotisation de ce qui est.
C’est alors qu’elle découvre les écrits de Sade et sa vision pansexuelle. De 1930 à 1933, elle est aux côtés de Štyrský, bravant la censure, avec l’Eroticka revue. Elle y illustre de nombreux textes et publie ses propres dessins, dont la force évocatrice dit l’importance qu’elle ne cesse d’accorder à la dimension érotique, éclairant, au-delà d’affinités poétiques et politiques de plus en plus évidentes, son rapprochement avec le surréalisme.
Ainsi Toyen figure parmi les fondateurs du groupe surréaliste de Tchécoslovaquie. Jusqu’à la fin de sa vie, elle restera fidèle à cet engagement. Non sans que son exceptionnel travail sur la matière l’amène, dès le milieu des années trente, à voir dans le jeu des forces primordiales, la catastrophe qui se prépare. Ce dont rendent compte de façon prémonitoire ses deux ensembles de dessins, Les Spectres du désert (1936-1937) et Seules les crécerelles pissent sur les dix commandements (1939), accompagnés de poèmes du jeune Jindřich Heisler.
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Flore du sommeil, 1931. Huile sur toile. Olomouc, musée des Beaux-Arts.
 
Toyen. Tristesse, 1930. Crayon, frottage sur papier. Galerie de la ville de Prague.
 
Toyen. Le Jardin du lac, 1933. Huile sur toile. Bratislava, Galerie nationale slovaque.
Scénographie
 
Toyen. Une nuit en Océanie, 1931. Huile sur toile, 79 x 98,5 cm. © Regional Gallery of Fine Arts in Zlín. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Été, 1931. Huile sur toile. Galerie nationale de Prague.
 
Vitrine avec des dessins, des frontispices de livres et des illustrations d'une revue érotique de Toyen.
 
Toyen.  Sans titre (Trois clowns), 1931. Crayon et aquarelle. Collection Mony Vibescu.
 
Toyen. Frontispice pour la traduction tchèque de Justine ou les Malheurs de la vertu du marquis de Sade. Prague, Edice 69, 1932. Collection Mony Vibescu.
 
Toyen. Frontispice pour la traduction tchèque de Pybrac de Pierre Louys. Prague, Edice Lotos, 1932. Collection particulière.
 
Toyen. Illustration pour La Vie des nonnes de Pietro Aretino, 1932. Encre de Chine. Collection Mony Vibescu.
 
Toyen. Sans titre (Rêve de jeune fille), 1930. Encre de Chine et aquarelle. Collection Mony Vibescu.
Scénographie
 
Toyen. Dans le brouillard, 1933. Huile sur toile. Galerie de la Ville de Prague.
 
Toyen. La Femme magnétique, 1934. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Le Spectre jaune, 1934. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. L’Homme de glu, 1934. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Le Reste de la nuit, 1934. Huile sur toile, 91,5 x 72,5 cm. R2G Art Foundation, Prague. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Objet-fantôme, 1937. Huile sur toile. Prague, galerie Zlatá Husa.
 
Toyen. La Dormeuse, 1937. Huile sur toile, 81,5 × 100,5 cm. Collection particulière. Photo : Oto Palán.  © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Rêve, 1937. Huile sur toile. Prague, Kunsthalle.
Scénographie
 
Toyen. Larve I, 1934. Huile sur toile. Hlubokà nad Vitavou, Galerie Ales de la Bohéme du Sud.
 
Toyen. La Voix de la forêt II, 1934. Huile sur toile. Saint-Denis, musée d’art et d’histoire Paul-Éluard.


III – CACHE-TOI, GUERRE ! (1939–1946)

Scénographie
III – CACHE-TOI, GUERRE ! (1939–1946)

Dès les débuts de la guerre, Toyen cherche à saisir l’horreur, en s’en remettant de plus en plus à la rigueur de son dessin. Elle y parvient magistralement à travers les grands cycles que sont Tir (1939-1940) et Cache-toi, guerre ! (1940-1944). Au plus loin des solutions réalistes de l’art engagé, elle figure un monde dont tout horizon a disparu, mais où ne subsistent, comme surprenants révélateurs de l’atrocité de l’époque, que jouets brisés et spectres animaux, témoins muets de l’innocence et du merveilleux anéantis. Justement ce que, durant cette période, Toyen n’en continue pas moins d’affirmer, envers et contre tout.
Ainsi, dès 1941, alors qu’elle cache chez elle Jindřich Heisler, traqué en tant que juif, elle compose avec lui Depuis les casemates du sommeil, une suite de « poèmes réalisés », se retournant en imprévisible offensive lyrique contre le malheur des temps.
C’est dans cette perspective de haute révolte que Toyen recommence à peindre à partir de 1942. Aussi terribles que soient alors ses tableaux, leur seule existence témoigne d’une puissance de conjuration proportionnelle. Plus encore, elle y fait preuve d’une virtuosité tragique telle que, d’un tableau l’autre, semble s’y résoudre l’énigme de la représentation.
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Dessin du cycle Le Jour et la Nuit, 1940. Crayon et crayons de couleur sur papier. Collection particulière.
 
Toyen. Le Mythe de la lumière, 1946. Huile sur toile, 160 x 75 cm. Stockholm, Moderna Museet. Don des Amis du Moderna Museet, 1970. © Moderna Museet, Stockholm / Photo Prallan Allsten. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. La Guerre ou L’Épouvantail de campagne, 1945. Huile sur toile. Fonds de dotation 8SMICKA.
Scénographie
 
Toyen. Dessin pour Seules les crécerelles pissent tranquillement sur le Décalogue de Jindrich Heisler, 1939. Encre de Chine et aquarelle sur papier. Collection particulière.
 
Toyen. Guignol, 1941. Huile sur toile. Galerie nationale de Prague.
 
Vitrine
 
Cartel visible au-dessus de la vitrine de gauche.
Scénographie
Toyen et Jindřich Heisler. Depuis les casemates du sommeil, 1940-1941. Poèmes ou photo-poèmes. New York, Ubu Gallery.
 
Toyen et Jindřich Heisler. Depuis les casemates du sommeil, 1940-1941. Poèmes ou photo-poèmes. New York, Ubu Gallery.
 
Toyen et Jindřich Heisler. Depuis les casemates du sommeil, 1940-1941. Poèmes ou photo-poèmes. New York, Ubu Gallery.
Scénographie
 
Toyen. Dessin du cycle Tir, 1939. Encre de Chine, 31 x 39,5 cm. Paris, collection particulière. © Photo Katrin Backes et Sylvain Tanquerel. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Dessin du cycle Tir, 1939. Encre de Chine sur papier. Collection Camacho-Gruger.
 
Toyen. Dessin du cycle Tir, 1939. Encre de Chine sur papier. Collection Ambroise Audoin.
 
Toyen. Dessin du cycle Tir, 1939. Encre de Chine sur papier. Avec l’aimable autorisation de la galerie Natalie Seroussi.
Scénographie. Dans la vitrine : Toyen et Jindřich Heisler.  Depuis les casemates du sommeil.
Edice Surrealismu, 1940.
Paris, collection particulière
 
Toyen. Dessin du cycle Cache-toi guerre !, 1944. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Dessin du cycle Cache-toi guerre !, 1944. Encre de Chine sur papier. Collection particulière.
 
Toyen. Dessin du cycle Cache-toi guerre !, 1944. Encre de Chine sur papier. Collection Klapheck.
 
Toyen. Dessin du cycle Cache-toi guerre !, 1944. Encre de Chine sur papier. Avec l’aimable autorisation de la galerie Natalie Seroussi.
Scénographie avec, sur le mur du fond : Toyen. Loi naturelle, 1948. Huile sur toile.
Avec l’aimable autorisation de la galerie Natalie Seroussi.
 
Toyen. Relâche (Après la représentation), 1943. Huile sur toile. Hlubokà nad Vitavou, Galerie Ales de la Bohéme du Sud.
 
Toyen. À la table verte, 1945. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. L’Avant-printemps, 1945. Huile sur toile. Paris, Centre Pompidou. Musée national d’art moderne. Acquis en 1982.
 
Toyen. Le Coffre-fort, 1946. Huile sur toile. Collection Géraldine Galateau.


IV – LE DEVENIR DE LA LIBERTÉ (1947–1965)

Scénographie
IV – LE DEVENIR DE LA LIBERTÉ (1947–1965)

Après l’exposition que Breton lui organise en 1947 à la Galerie Denise René, Toyen décide avec Heisler de s’exiler à Paris, pour échapper au totalitarisme stalinien qui, à la suite du nazisme, s’abat sur l’Europe centrale.
Aussitôt arrivés, l’un et l’autre participent activement à la création de Néon, la nouvelle revue surréaliste. Dans le même temps, Toyen mise une fois de plus sur le dessin pour déterminer l’espace sensible où la vie peut réinventer ses prestiges. Avec le cycle Ni ailes, ni pierres : ailes et pierres (1948-1949), elle cherche, en effet, à saisir l’instant de trouble où êtres et choses se frôlent et se rejoignent en fascinants foyers d’intensité. Roches, plumes, vagues… y viennent en force pour nous découvrir, au gré d’analogies inédites entre les mouvements des hommes et ceux de la nature, les espaces jamais vus d’une géométrie passionnelle.
La valeur refondatrice de ce cycle est de suggérer quelle transmutation est à l’origine des bouleversantes apparitions, auxquelles elle nous fait dès lors assister, toile après toile. Ainsi en va-t-il des « sept épées hors du fourreau», vibrantes évocations féminines de 1957, dont le pouvoir est directement proportionnel à celui de métamorphoses révélatrices d’un « mimétisme amoureux entre les règnes animal, végétal et minéral » (Radovan Ivsic). C’est l’affirmation d’une érotique de l’analogie, ouvrant à perte de vue les paysages d’un imaginaire amoureux où se dressent, entre sauvagerie et artifice, les plus luxueux théâtres du désir.
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Illustration pour la revue NEON, n°4.
 
Victor Brauner. 30 août 1947. Encre de Chine et crayon de couleur sur papier. Paris, collection particulière.
 
Marcel Duchamp. Prière de Toucher pour le catalogue de l’Exposition internationale du surréalisme à laquelle Toyen participe. Paris, galerie Maeght, 1947. Paris, collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Au visage bleu, 1951. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. Lavandières de nuit, 1953. Huile sur carton. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
Toyen. Île de Sein, 1950. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Toyen. Nouent et dénouent, 1950. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Toyen. Tous les éléments, 1950. Huile sur toile, 70 x 106 cm. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL. © Galerie Kodl / Milan Havel. © ADAGP, Paris, 2022.
Scénographie
De gauche à droite : Toyen. Mélusine; La Belle Ouvreuse; La Visiteuse vertige.
Du cycle Les Sept Épées hors du fourreau, 1957. Huiles sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. La nuit roule des cris, 1955. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Toyen. Ils passent sans se retourner, 1955. Huile sur toile. Galerie nationale de Prague.
Vitrine avec des catalogues d'exposition Troyen et surréalistes, des illustrations de Troyen, un cadeau d'André Breton, etc.
 
La Boîte alerte, 1959-1960. Catalogue de luxe conçu par Mimi Parent pour l’exposition « EROS » (Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme) contenant, entre autres, un objet de Marcel Duchamp et une lithographie de Toyen. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Illustration pour Histoire naturelle de Péret. Ussel, 1958. Paris, collection particulière.
Invitations et catalogues d'exposition de Toyen.


IV bis – LA CONSTELLATION SURRÉALISTE

Scénographie
IV bis – LA CONSTELLATION SURRÉALISTE

À vouloir faire du Surréalisme une avant-garde comme une autre, on a oublié combien l’amitié y a été déterminante. Sans elle, n’aurait jamais existé cette « mise en commun de la pensée », à laquelle nous devons certaines de ses plus fascinantes aventures, de l’écriture automatique au cadavre exquis… Que l’amitié y ait souvent été passionnelle explique la violence des affrontements et des ruptures mais aussi le fait que la découverte d’affinités électives en aura fait le lieu où la liberté des uns exaltait la liberté des autres, se déployant en constellation toujours en devenir.
Bien que solitaire, Toyen en a été consciente plus que quiconque, pour avoir, depuis toujours, parié sur l’imprévisible de l’activité collective, se rapprochant alors de ceux avec qui elle partageait la passion du grand large et le désir de ne jamais retarder le moment d’y accéder. Au-delà de son amitié indéfectible pour Štyrský et Heisler, le prouve celle qu’elle porta à Breton, Tanguy ou Péret. Comme par la suite, il est évident que l’amitié a été pour elle le talisman dont elle se protégea et protégea les autres de tout ce qui amoindrit êtres et choses. C’est cette rare lumière de liberté partagée qu’elle ne cessa d’apporter à la constellation surréaliste.
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Sans titre pour l’album Brunidor II, 1947. Lithographie en couleur. Paris, collection particulière.
Denise Bellon. Les surréalistes masqués lors d’une visite au Désert de Retz, avril 1960. © Denise Bellon / akg-images.
 
Toyen. Portrait d’André Breton, 1950. Craie sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Benjamin Péret. Le Gigot. Sa vie et son œuvre illustré par Toyen. Paris, Le Terrain vague, 1957. Paris, collection particulière.

Toyen, Benjamin Péret, Élie-Charles Flamand, André Breton, Charles Estienne et Gérard Legrand. Ouessant, 1957.
Paris, collection particulière.


V – LE NOUVEAU MONDE AMOUREUX (1966–1980)

Scénographie
V – LE NOUVEAU MONDE AMOUREUX (1966–1980)

En 1968, Toyen choisit d’intituler l’une de ses toiles comme le texte de Charles Fourier resté jusqu’alors inédit. Car l’utopie de ce « nouveau monde amoureux » rencontre l’espace de l’éperdu qu’elle n’aura cessé de construire. C’est pourquoi il nous a paru éclairant de faire figurer ici des toiles du début des années soixante dans lesquelles se précise ce projet. Jusqu’à la phase décisive de 1966 correspondant aux douze dessins qu’elle propose à Radovan Ivsic d’« illustrer » par ses textes, en quête des mots susceptibles de faire écho à ce qu’elle a conçu comme autant de blasons d’un nouveau « corps d’amour ».
Voilà qu’au moment où la société de consommation travaille à nous tromper sur les forces dangereuses qui nous habitent, Toyen se fait particulièrement attentive à l’irréductible nuit paradoxalement indissociable de l’émerveillement passionnel. La coïncidence de dates avec l’appel d’air des événements de mai 68 est révélatrice de l’acuité visionnaire de son regard. Acuité venant autant de sa conscience révoltée que de son « sens pictural singulièrement sûr », que le critique d’art Charles Estienne comparaît au « sens de la vue chez l’oiseau de mer et le guetteur de phare ». Chaque tableau ouvre alors sur cette « chambre secrète sans serrure », où comme jamais encore l’indéfinissable de l’amour trouve forme.
C’est aussi à cette sauvage acuité de vue qu’il faut relier la nouveauté de collages, auxquels Toyen va de plus en plus se consacrer. Qu’il s’agisse du recueil Vis-à-vis (1973) où elle retourne le rapport entre l’intérieur et l’extérieur ou qu’il s’agisse des 11 masques-collages qu’elle réalise en 1976 pour une mise en scène du Roi Gordogane de Radovan Ivsic, elle y radicalise la conception romantique du fragment, de sorte que l’exaltation du détail en arrive à illuminer comme de l’intérieur le devenir de la totalité. Il lui suffit alors de presque rien, d’un simple ajout, pour faire du collage l’arme emblématique d’une nouvelle optique à même de piéger la réalité et d’en dévoiler les horizons occultés.
Quoi qu’elle ait regardé, Toyen nous aura fait voir l’autre monde qui est dans celui-ci. Au moment où nous voici de plus en plus prisonniers d’un univers d’images interchangeables, elle nous offre une chance d’en prendre conscience, sinon d’y échapper.
 
Texte du panneau didactique.
 
Toyen. Tu t'évapores dans un buisson de cris, 1956. Huile sur toile, 120 x 85 cm. Collection particulière. © Collection particulière / Photo Juan Cruz Ibanez. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Minuit, l'heure blasonnée, 1961. Huile sur toile, 85 x 146 cm. Paris, collection particulière. © Collection particulière. Photo : Juan Cruz Ibanez. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. À la lisière de l’adolescence, 1961. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. Le Paravent, 1966. Huile sur toile, 116 x 73 cm. Musée d’Art Moderne de Paris. © Paris Musées, Musée d'Art Moderne. Dist. RMN-Grand Palais / image ville de Paris. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Brumes de la solitude, 1961. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Cycle Débris de rêves pour Le Puits dans la tour de Radovan Ivsic. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Cycle Débris de rêves pour Le Puits dans la tour de Radovan Ivsic. Encre de Chine sur papier. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Cycle Débris de rêves pour Le Puits dans la tour de Radovan Ivsic. Pointes sèches rehaussées à l’aquarelle. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Cycle Débris de rêves pour Le Puits dans la tour de Radovan Ivsic. Pointes sèches rehaussées à l’aquarelle. Paris, collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Les affinités électives, 1970. Huile sur toile, 40 x 80 cm. Paris, collection particulière. © Photo Katrin Backes et Sylvain Tanquerel. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Mirage, 1967. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de Cyrille de Gunzburg.
 
Toyen. Le Nouveau Monde amoureux, 1968. Huile sur toile et collage. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Au creux d’une roche, 1964. Huile sur toile. Paris, collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. À une certaine heure, 1963. Collage et huile sur toile. Paris, collection particulière, avec l’aimable autorisation de la Galerie 1900-2000. (Nota : ce n'est pas l'ombre du photographe qui effraie la femme !)
 
Toyen. Le Rêve, 1964. Huile sur toile. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Midi-minuit, 1966. Collage. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Collage pour Sur le champ d’Annie Le Brun, 1967. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Sans titre, 1972. Encre de Chine et aquarelle sur papier. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Not disturb, 1968. Huile sur toile. Paris, collection particulière.
Scénographie avec la série de Toyen, Vis-à-vis, 1973. Collages. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Vis-à-vis, 1973. Collage. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Vis-à-vis, 1973. Collage. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Vis-à-vis, 1973. Collage. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Vis-à-vis, 1973. Collage. Paris, collection particulière.
Albums d'images. Paris, collection particulière.

Toute sa vie, Toyen a constitué semblables recueils. Après sa mort, certains en sont venus à prétendre qu'il s'agissait là d'une phase inédite de sa pratique du collage qui se rapprocherait du pop'art. Rien n'est plus erroné. À l'inverse d'une démarche aléatoire ou sérielle, ses collages sont tous particulièrement ciblés et se caractérisent par l'extrême précision de la cible. Entre rêve d'une collection infinie venu de l'enfance et livre d'images, ces albums témoignent d'une insatiable curiosité et d'un continuel émerveillement envers l'image.

 
Albums d'images. Paris, collection particulière.
 
Albums d'images. Paris, collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Le Piège de la réalité, 1971. Huile sur toile. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Reflet de marée basse, 1969. Huile sur toile. Collection particulière, avec l’aimable autorisation de la galerie KODL.
 
Toyen. Illustration pour Coupure, n°5. Novembre 1970. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Le Festin analogique, 1970. Huile sur toile. Paris, collection particulière.
Scénographie
 
Toyen. Éclipse, 1968. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Toyen. Pour La Forêt sacrilège de Jean-Pierre Duprey, 1970. Pointe sèche sur soie. Paris, collection particulière.
Toyen. Masques pour la pièce de théâtre de Radovan Ivsic, Le Roi Gordogane, 1976. Collages, 35 x 25 cm. Paris, collection particulière.
 
Toyen. Masque pour la pièce de théâtre de Radovan Ivsic, Le Roi Gordogane, 1976. Collages, 35 x 25 cm. Paris, collection particulière. © Photo Katrin Backes et Sylvain Tanquerel. © ADAGP, Paris, 2022.
 
Toyen. Masque pour la pièce de théâtre de Radovan Ivsic, Le Roi Gordogane, 1976. Collages, 35 x 25 cm. Paris, collection particulière. © Photo Katrin Backes et Sylvain Tanquerel. © ADAGP, Paris, 2022.
 

Joseph Paris. La Forêt des masques. Production Centre culturel tchèque. Coproduction Le Théâtre de l’incrédule.

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Portrait de Toyen.


BIOGRAPHIE

1902
Marie Čermínová naît le 21 septembre, à Prague.
1919-1922
Elle se sépare de sa famille pour rejoindre l’extrême gauche et le milieu artistique.
1922
Rencontre avec le jeune peintre Jindřich Štyrský.
1923
Ensemble, ils rejoignent le groupe d’avant-garde Devětsil, tandis qu’elle commence à signer du nom de « Toyen », qu’elle s’est choisi d’après le mot français « Citoyen ».
1924
Début des voyages et séjours à Paris.
1925
Départ à Paris avec Štyrský pour 3 ans. Ils sont invités à l'exposition L'Art d'aujourd'hui.
1926
Ils exposent à la Galerie d'Art contemporain et ils créent le mouvement de l’Artificialisme.
1927
Exposition Štyrský et Toyen, préfacée par Philippe Soupault à la Galerie Vavin. Parution à Prague du Guide de Paris et de ses environs que Toyen cosigne avec Štyrský et Vincenc Nečas.
1929
De retour à Prague, grande activité picturale se conjuguant avec de multiples travaux graphiques et l’ouverture en compagnie de Štyrský d’un atelier de décoration.
1930 -1932
Nombreuses expositions de Toyen et Štyrský en Tchécoslovaquie et à l’étranger.
FIn 1932
L’un et l’autre exposent lors de la manifestation « Poésie 32 », présentant à Prague l’art moderne tchèque avec des œuvres d’artistes internationaux pour la plupart surréalistes (Ernst, Tanguy, Dalí, Miró, Giacometti…).
1934
21 mars, Toyen est avec Štyrský parmi les fondateurs du Groupe Surréaliste en Tchécoslovaquie.
1935
Venue à Prague d’André Breton et Paul Éluard, début avril. Deux mois plus tard, à Paris, Toyen et Štyrský font la connaissance de Benjamin Péret, Yves Tanguy, Max Ernst, Salvador Dalí, Claude Cahun, Joan Miró, Man Ray…
1937-1938
Période de création intense.
1939
15 mars : les troupes allemandes envahissent la Bohême et la Moravie. Le Groupe des surréalistes en Tchécoslovaquie entre dans la clandestinité.
1941
Toyen va cacher chez elle jusqu’à la fin de la guerre le jeune poète Heisler traqué en tant que juif.
1942
21 mars : mort de Jindřich Štyrský .
1945
Après la libération, importante exposition rétrospective de Toyen au Salon Topič de Prague.
1947
Pour échapper à l’évolution totalitaire du parti communiste tchécoslovaque, Toyen et Heisler décident de s’exiler à Paris.
1948 - 1952
Ils vont être partie prenante de toutes les manifestations du groupe surréaliste.
1953
3 janvier, mort subite de Heisler. Parution aux éditions Sokolova de la première monographie française consacrée à Toyen.
1955-58
Expositions personnelles.
1959
Participation à Eros, l’exposition internationale du surréalisme à Paris.
1965
Nouvelle édition augmentée du Surréalisme et la Peinture d’André Breton aux éditions Gallimard où figurent dix toiles et plusieurs dessins de Toyen.
1966
28 septembre : mort d’André Breton.
1969
Suspension du mouvement surréaliste.
1972
Toyen poursuit l’activité collective avec les Éditions Maintenant créées par Radovan Ivsic.
1974
Monographie de Toyen aux Éditions Filipacchi.
1980
9 novembre, Toyen meurt à Paris. Elle est enterrée au cimetière des Batignolles.