TOKYO - PARIS
Chefs-d’œuvre du Bridgestone Museum
Collection Ishibashi Foundation

Article publié dans la Lettre n° 430
du 5 juin 2017


 
Pour voir le parcours en images et en vidéos de l'exposition, cliquez ici.

TOKYO - PARIS. Chefs-d’œuvre du Bridgestone Museum. Collection Ishibashi Foundation. Il y a de par le monde des collectionneurs qui, dès le début de la constitution de leur collection, ont voulu la faire partager au plus grand nombre. C’est le cas de Paul Guillaume, dont la collection est visible au Musée de l’Orangerie qui accueille la présente exposition. C’est aussi celui de Shôjirô Ishibashi (1889-1976) qui commence sa collection à la fin des années 1920 et ouvre le musée Bridgestone en 1952 à Tokyo. C’est le fondateur de l’entreprise de pneumatiques Bridgestone, traduction des deux idéogrammes de son nom signifiant « pierre » et « pont ». Il nait avec l’ère Meiji et s’intéresse non seulement à la technologie mais aussi aux arts occidentaux. Son premier goût le porte donc vers des peintures de l’école yôga, c’est-à-dire de style occidental. Puis, à la fin des années 1930, il acquiert des œuvres occidentales, surtout impressionnistes, qui s’accordaient tout particulièrement à son goût.
Son fils, Kan’ichiro Ishibashi et son petit-fils, Hiroshi Ishibashi, ont continué d’enrichir la collection, l’ouvrant à l’art moderne jusqu’à l’abstraction d’après-guerre. La fondation Ishibashi conserve aujourd’hui plus de 2600 œuvres. Profitant des travaux de l’actuel musée, les chefs-d’œuvre de cette collection sont montrés à Paris au musée de l’Orangerie, qui a su tisser des liens avec le Bridgestone Museum of Art de Tokyo depuis l’exposition « Debussy, la musique et les arts », en 2012.
Le parcours de l’exposition se déroule en six sections chronologico-thématiques. La première, « Une dynastie industrielle éprise d’art » nous présente un portrait et un buste de Shôjirô Ishibashi et surtout Un présent de la mer, de Shigeru Aoki (1904), représentant un long cortège de pêcheurs portant d’énormes poissons.
Avec « Le premier goût pour la peinture yôga », nous voyons des peintures à l’huile, apport de l’Occident, de cinq peintres renommés au Japon. Si les personnages de certaines montrent bien qu’il s’agit de peintures japonaises, comme Réminiscence de l’ère Tempyo de Takeji Fujishima (1902) ou Portrait de Mme F. de  Sôtarô Yasui (1939), d’autres pourraient être attribuées à des peintres français comme Marine, Mera de Shigeru Aoki (1904) ou Éventail noir de Takeji Fujishima (1908-1909), classée « Bien culturel important » et peinte à Rome ! Néanmoins, dans cette salle, la peinture qui retient le plus notre attention est encore cette Nature morte au chat (1939-1940), peinte en France par Tsuguharu Fujita, qui jouissait d’une grande notoriété en Europe.
Les deux salles suivantes « L’impressionnisme au cœur de la collection », nous ramènent en terrain connu. Nous y voyons quelque vingt-deux toiles de Corot, Daumier, Millet, Courbet, Boudin, Pissarro, Manet, Degas, Sisley, Monet,  Renoir et Caillebotte. Toutes sont remarquables. Parmi les plus attachantes, citons Petite fille (1887) et Mademoiselle Georgette Charpentier assise (1876) de Renoir ; un rare Portrait de Manet par lui-même (1878-1879) ; Après le bain (vers 1900) et surtout Portrait de Léopold Levert (vers 1874) de Degas ; Jeune homme au piano (1876) de Caillebotte ; Crépuscule à Venise (vers 1908) et Nymphéas (1908) de Monet.
Nous entrons ensuite dans la salle consacrée au « Post-impressionnisme dans la collection, de Cézanne à Toulouse-Lautrec ». Outre ces deux peintres représentés, entre autres, par Montagne Sainte-Victoire et Château Noir (1904-1906) pour le premier et Au cirque : dans les coulisses (vers 1887) pour le second, nous avons des toiles de Gauguin, dont l’une, Nature morte à la tête de cheval (1886) est dans le style japonisant ; une aquarelle très reconnaissable de Gustave Moreau, La Toilette (vers 1885-1890) ; une toile de Van-Gogh, Moulins et jardins à Montmartre (1886) et un petit marbre de Rodin, Faunesse debout (vers 1884).
Avec « L’art moderne dans la collection, de Matisse et Picasso à l’abstraction », nous sommes face à des chefs-d’œuvre du Douanier Rousseau, de Bourdelle, Signac, Bonnard,  Matisse, Denis, Mondrian, Brancusi, Dufy, Klee, Picasso, Modigliani, De Chirico, Zadkine, Soutine, dont certains sont fascinants. Il faudrait tous les citer. Contentons-nous de Portrait d’homme (vers 1918) de Modigliani ; Saltimbanque aux bras croisés (1923) et Tête de femme (1923) de Picasso ; La Bacchanale, décor pour le magasin « Le Tigre royal » à Genève (1920) de Denis ; Nu dans l’atelier (1899) et Collioure (1905) de Matisse ; Le Grand Arbre dans un village du Midi (vers 1924-1925) de Soutine ; Nature morte aux fruits (vers 1915-1920) de Dufy ; Le Baiser (1907-1910), un plâtre étonnant de simplicité de Brancusi et Torse (1951), une sculpture en ébène de Zadkine.
Dans la dernière salle « Entre Orient et occident : abstractions et figurations d’après-guerre », nous rencontrons des artistes occidentaux tels que Miró, Fautrier, Hartung, Pollock, Giacometti et Soulages à côté d’artistes japonais tels que Kazuo Shiraga (1924-2008), Wou-Ki Zao (1920-2013) et Hisao Domoto (1928-2013) qui ont fait leur entrée dans le musée grâce à la troisième génération des Ishibashi. La confrontation des toiles de Soulages, Domoto et Shiraga montre que l’art n’a vraiment plus de frontières. Une exposition qui vous enchantera. R.P. Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 21 août 2017. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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