PHOTOGRAPHIES EN GUERRE

Article publié dans la Lettre n°549 du 8 juin 2022



 
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PHOTOGRAPHIES EN GUERRE. Avec sa collection de plus de 60 000 photographies et les prêts de dizaines d’institutions et collectionneurs privés, le musée de l’Armée nous présente une exposition non pas consacrée au conflit mais à la représentation de celui-ci par la photographie.
C’est lors de la guerre entre le Mexique et les États-Unis entre 1846 et 1848 que sont prises, par des photographes anonymes, les premières photographies, des daguerréotypes. Les premiers photographes identifiés opèrent durant le siège de Rome de juin à juillet 1849 et utilisent la technique du calotype qui permet de faire plusieurs tirages. Si nous ne voyons pas d’images de ces événements, en revanche nous en avons de la guerre de Crimée (1853-1856). En effet c’est durant ce conflit que la photographie de guerre prend véritablement son essor avec des noms tels Roger Fenton, James Robertson, Jean-Charles Langlois, Lassimonne, Carol Szathmari, etc. Aucun de ces pionniers ne photographient les morts ni les blessés.
À partir des années 1860, le procédé s’industrialise et permet de produire plus rapidement des images. Il est alors possible d’acheter des photographies de toutes sortes, paysages, monuments, célébrités et même des vues de guerre comme celles de la campagne d’Italie de 1859, des guerres coloniales ou encore, aux États-Unis, de la désastreuse guerre de Sécession, relatée par Mathew Brady et Alexander Gardner et, en France, de la guerre de 1870 grâce aux portfolios de Charles Winter ou de Franck.
À partir des années 1840, la photographie devient une source pour l’illustration de la presse, d’abord par l’intermédiaire de la gravure sur bois, puis par la technique de la similigravure à la fin des années 1880. Cela permet d’illustrer les récits de conflits de l’avant 1914 grâce à des images considérées comme des témoignages de la réalité, d’où la mention « d’après photographie ».
C’est alors qu’apparaît, au tournant des XIXe et XXe siècle, le photojournaliste. « Le photographe de guerre est celui qui, déjouant la censure, s’avance au-devant du danger pour ramener les images les plus authentiques, immédiates et sincères du conflit dont il livre un récit en images ». Les grands noms du photojournalisme, Robert Capa, Lee Miller, Margaret Bourke-White, apparaissent durant la guerre d’Espagne puis la seconde guerre mondiale. C’est durant ce dernier conflit, l’un des plus massivement documenté et représenté par la photographie, que sont réalisées les premières images fortement médiatiques. Citons Raising the Flag on Iwo Jima de Joe Rosenthal, dans le Pacifique (23 février 1945), et Le Drapeau rouge sur le Reichstag de Evgueni Khaldeï (2 mai 1945) abondamment reprises et diffusées.
On le voit, ces photographies ont des usages multiples tels qu’informer, documenter, prouver, convaincre, légitimer, tromper, dénoncer, témoigner, se souvenir, etc. et pas seulement dans le domaine militaire. Le photojournalisme connaît ses heures de gloire durant les années 1945-1975 avec la guerre du Vietnam, durant laquelle les photographes peuvent travailler librement. Deux photographies iconiques ont été prises à cette époque, La Jeune fille à la fleur, de Marc Riboud (21 octobre 1967) et La petite fille au napalm, de Nick Ut (1972).
Plus tard, la première guerre du Golfe consacrera une limitation de la liberté de photographier et plongera le photojournalisme dans une crise de la représentation. Aujourd’hui les photographes de guerre suivent les guerres civiles, le terrorisme, les exodes de réfugiés de guerre ou encore les salons d’armement et la guerre au Donbass. Une exposition richement illustrée avec plus de 300 pièces. R.P. Musée de l’Armée. Jusqu’au 24 juillet 2022. Lien : www.musee-armee.fr.


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