PHARAON DES DEUX TERRES L'épopée africaine des rois de Napata

Article publié dans la Lettre n°549 du 8 juin 2022



 
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PHARAON DES DEUX TERRES. L’épopée africaine des rois de Napata. Après la remarquable exposition « Méroé, un empire sur le Nil » présentée au Louvre en 2010 (voir Lettre n°314), nous remontons dans le temps pour explorer l’époque de la 25e dynastie, fondée au VIIIe siècle avant notre ère dans la chefferie d’El-Kourrou, dans l’actuel Soudan, par les rois Alara et Kachta. Piânkhy, leur successeur, se lance dans la conquête de l’Égypte, alors divisée, et s’empare des différentes capitales, Thèbes, Hermopolis, Héracléopolis et Memphis. Il réunit ainsi, pendant quelques dizaines d’années les « deux terres », à savoir les royaumes d’Égypte et de Kouch.
Parmi ses descendants, le plus célèbre est le roi kouchite Taharqa. Son règne dure plus de vingt-cinq ans et il est cité dans la Bible. Malheureusement, l’expansionnisme de l’Empire assyrien met fin à l’Égypte de Taharqa et de son successeur Tanouétamani. Assourbanipal ordonne le sac de Thèbes (- 663) et Tanouétamani doit se replier dans son fief de Napata.
En 593 av. J.-C., le pharaon saïte Psammétique II, recrutant des mercenaires ioniens et cariens, les « hommes de bronze », lance une expédition punitive contre Napata. La ville est mise à sac et les statues des rois sont brisées. Leurs morceaux sont recueillis et enfouis dans une fosse, sans doute par Aspelta, le cinquième successeur de Taharqa. Cet événement marque l’éloignement définitif des rois kouchites et la renaissance du pouvoir pharaonique avec la 26e dynastie. Le royaume napatéen se maintient jusque vers 300 avant notre ère, époque où son patrimoine est transmis à l’empire de Méroé.
Le parcours de l’exposition adopte un ordre chronologique pour nous relater cette histoire avec force documents et pièces archéologiques de toutes natures provenant des musées du monde entier.
Il commence, avec les « pharaons du Nouvel Empire », par des rappels sur les conquêtes égyptiennes en direction du sud, le pays de Kouch, la remise du tribut (or, bétail) par les vaincus et la situation de l’Égypte, fortement divisée à cette époque. Les panneaux didactiques, très clairs, sont bien sûr indispensables. Mais pour comprendre cette histoire, il a fallu mener de nombreuses missions d’exploration en Égypte et dans l’actuel Soudan. Des cartes, livres, dessins anciens, etc. nous montrent comment on travaillait à l’époque de la campagne d’Égypte de Bonaparte, ou encore de Champollion, dont on célèbre cette année le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, et des autres égyptologues.
Nous arrivons maintenant dans « le royaume de Kouch », qui désigne le territoire et les États qui se sont succédé au sud de la deuxième cataracte. On commence avec Kawa et les temples de Gem-pa-iten illustrés par divers objets dont des sculptures monumentales de bélier et de babouin. On continue avec Sanam, ville du taureau de Ta-Seti et on termine avec Napata, au pied d’un relief tabulaire de 100 mètres de haut, le Djebel Barkal ou Montagne pure.
Après cette description du royaume de Kouch, les commissaires nous emmènent dans l’Égypte de « la 25e dynastie de Manéthon »,  du nom d’un prêtre du 3e siècle avant J.-C., auteur d’une histoire de l’Égypte, dans laquelle il donne des listes royales ordonnées selon les dynasties. Nous avons ainsi des éclairages sur Memphis, capitale de la Basse-Égypte, et de Thèbes, capitale religieuse avec le temple d’Amon et aussi capitale de la Haute-Égypte. Les commentaires sur les divines adoratrices d’Amon sont tout à fait instructifs.
Après d’autres explications abondamment illustrées sur les transformations de Karnak par les pharaons de la 25e dynastie et sur Saïs, la future rivale, nous arrivons au duel « Tanouétamani versus Assourbanipal » dont nous avons vus ci-dessus les conséquences.
Le parcours se termine en beauté avec l’exploration des « nécropoles des rois et des reines », El-Kourrou avec ses tumuli et ses pyramides, pour les anciens rois, et Nouri, pour Taharqa et ses descendants. Mais c’est à Doukki Gel, la ville d’Amon-du-Jujubier, qu’a été faite la découverte la plus spectaculaire des vingt dernières années. On a retrouvé dans une fosse, les débris de sept statues de pharaons. Celles-ci ont été reconstituées et sont conservées dans un musée local. Heureusement, grâce aux techniques modernes, nous pouvons en admirer des copies grandeur nature, restaurées à l’identique, comme elles étaient en sortant des ateliers de l’antiquité. Cela donne une excellente idée de la munificence de l’Égypte pharaonique.
Les commissaires ne s’arrêtent pas là et, en guise d’épilogue, nous évoquent cette époque avec l’opéra Aïda de Verdi et le prochain film de Michel Ocelot, Le pharaon, le sauvage et la princesse. Une exposition riche et passionnante. R.P. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 25 juillet 2022. Lien : www.louvre.fr.


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