MONET COLLECTIONNEUR
Chefs-d’œuvre de sa collection privée

Article publié dans la Lettre n° 441
du 8 novembre 2017


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

MONET COLLECTIONNEUR. Chefs-d’œuvre de sa collection privée. Claude Monet (1840-1926) avait réuni une importante collection de peintures, de dessins et de quelques sculptures, qu’il gardait jalousement. Peu de personnes savaient ce qu’il avait. Lui-même avait dit : « Vous vous étonnez de ne voir chez moi que ma peinture et mes estampes japonaises ? … et pourtant j’ai aussi ma collection. […] Seulement, je suis un égoïste. Ma collection est pour moi seul … et pour quelques amis ». Entrevoir sa collection, qu’il conservait dans sa chambre au premier étage de sa maison de Giverny, était donc un geste d’amitié qui honorait celui qui avait cette chance.
A la mort de Claude Monet, un inventaire exhaustif de ses biens est réalisé. Malheureusement les archives notariales des Andelys sont bombardées en 1940 et cet inventaire disparaît. Les deux commissaires de cette exposition, Marianne Mathieu et Dominique Lobstein, se sont donc livrés à une véritable enquête policière pour reconstituer l’inventaire de cette collection dispersée par le légataire universel de l’artiste, son fils Michel Monet, grand amateur de safaris africains. Ces derniers coûtant cher, il a ainsi vendu au fil des ans les tableaux les plus recherchés ayant appartenu à son père, ne gardant que des estampes japonaises et des nymphéas, considérées avant la guerre comme ayant peu de valeur ! Michel Monet, mort en 1966, légua au Musée Marmottan les tableaux invendus. Celui-ci prenait ainsi possession du premier fonds mondial d’œuvres de Monet et accolait au sien le nom de ce dernier.
S’ils ne sont pas certains d’avoir dressé une liste exhaustive, en revanche, les commissaires ont pu réunir de nouveau la plupart des œuvres ayant appartenu à Claude Monet grâce aux prêts des plus grandes institutions du monde entier et des collectionneurs privés. C’est l’objet de la présente exposition qui a également permis de résoudre quelques mystères et de réattribuer certaines toiles, comme cette Nature morte, pot à lait et fruits, peinte par Cézanne et non par Monet comme on l’avait longtemps cru.
Le parcours chronologique montre comment Monet a constitué sa collection. Lorsqu’il était jeune et sans argent, il recevait en cadeau des portraits, de lui-même et de sa famille, de la part de ses amis peintres, aussi démunis que lui. Parmi ceux-ci on compte tout d’abord Charles Lhullier, Gilbert de Séverac, Carolus Duran puis Manet et Renoir. A la fin des années 1880, les cadeaux sont de plus grande valeur. Parmi les donateurs, on a tout d’abord Caillebotte, qui aida très généreusement ses amis impressionnistes. Il acheta au moins seize tableaux de Monet qu’il comptait léguer à l’État. On voit aussi ceux de Berthe Morisot, de Camille Pissarro, à qui Monet avait accordé un prêt pour l’achat de sa maison, et d’Auguste Rodin.
Après 1890, devenu riche, Monet achète alors des tableaux, y compris de ses amis, la plupart du temps de manière anonyme, en ventes publiques ou dans des galeries, n’hésitant pas à les payer plus cher, sauf pour les toiles des jeunes peintres tel que Bonnard. Une fois chez lui, sauf à de rares exceptions pour des expositions, ils n’en sortent plus ! Les tableaux acquis ainsi comptent parmi les chefs-d’œuvre de leurs auteurs au rang desquels on compte Renoir et surtout Cézanne dont il veut avoir des toiles de toutes les époques. Ce dernier est de loin celui qui lui coûte le plus cher, compte tenu de la rareté de ses toiles et de la politique de prix de son marchand Ambroise Vollard.
Après ces « grandes acquisitions », l’exposition se poursuit avec les portraits des six enfants de sa deuxième femme, Alice Hoschedé, qu’il rachète à leurs propriétaires pour les offrir à sa nouvelle famille. Sont également présentés deux tableaux ayant connu des démêlés divers dont la Nature morte de Cézanne, mentionnée plus haut et l’unique sculpture réalisée par Jean-Louis Forain, La République juive (vers 1901), qu’il offrit au Maître de Giverny. Viennent ensuite les dernières acquisitions de Monet, à savoir des tableaux de Paul Signac, puis sa collection d’estampes japonaises. Le parcours se termine sur des tableaux de Monet et une toile, L’Eucalyptus (1913), que Lucien Pissarro, l’un des fils de Camille Pissarro, peintre lui aussi, lui offrit en gage d’admiration et d’amitié. Une exposition passionnante, tant par les œuvres présentées que par l’histoire de cette collection hors du commun. R.P. Musée Marmottan Monet 16e. Jusqu’au 14 janvier 2018. Lien : www.marmottan.com.


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